Vardit Ravitsky élue présidente-directrice générale du Hastings Center

Vardit Ravitsky, professeure titulaire de bioéthique au Département de médecine sociale et préventive de l’École de santé publique de l’Université de Montréal

Vardit Ravitsky, professeure titulaire de bioéthique au Département de médecine sociale et préventive de l’École de santé publique de l’Université de Montréal

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La professeure de bioéthique de l’ESPUM Vardit Ravitsky vient d’être nommée à la tête de l’un des plus prestigieux centres de recherche fondamentale en bioéthique au monde.

Vardit Ravitsky, professeure titulaire de bioéthique au Département de médecine sociale et préventive de l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM), deviendra la nouvelle présidente-directrice générale du Hastings Center le 1er septembre.

Basé à Garrison, dans l’État de New York, cet institut indépendant de recherche en bioéthique étudie les questions sociales et éthiques liées aux soins de santé, à la science, à l’environnement et à la technologie.

Chercheuse de renommée internationale, Vardit Ravitsky s’intéresse aux implications éthiques, juridiques et sociales des technologies émergentes. Membre de l’Académie canadienne des sciences de la santé et directrice de l’axe Éthique et santé du Centre de recherche en éthique de l’UdeM, elle a également présidé le Comité sur les impacts de la COVID-19 de la Fondation Pierre Elliott Trudeau. Ce rôle de premier plan reflète son engagement résolu en faveur de l’équité et des intérêts des populations vulnérables.

Rencontre avec cette sommité de la bioéthique.

À quoi sert la bioéthique et pourquoi est-elle importante?

La bioéthique est le domaine qui aborde les enjeux éthiques, sociétaux, juridiques et politiques liés à la biomédecine et à la santé humaine. Ce champ d’études est d’une importance capitale, car de nouvelles technologies apparaissent constamment, comme l’édition de gènes ou l’intelligence artificielle, et ont une influence majeure sur notre mode de vie et sur les soins de santé. Nous sommes souvent incertains quant à la manière dont ces technologies devraient être utilisées et nous avons besoin de principes éthiques pour nous guider. Nous avons besoin de la bioéthique en tant que patients, familles et communautés, cliniciens, décideurs politiques et, plus largement, en tant que société mondiale.

Sans contribution bioéthique par exemple, le séquençage génétique pourrait exposer les individus à des risques tels que la violation de la vie privée et la discrimination, les donneurs d’organes pourraient subir des pressions pour donner leurs organes sans consentement approprié, les sujets de la recherche dans les pays à faible revenu pourraient être exploités, les nouvelles technologies pourraient être offertes aux riches et exacerber les inégalités sociales ou encore les mesures de santé publique telles que la quarantaine pourraient porter atteinte aux libertés fondamentales de façon injustifiée.

Les principes bioéthiques sont donc nécessaires pour que nous puissions tous bénéficier des progrès scientifiques tout en étant protégés des dommages qu’ils peuvent occasionner.

Que visez-vous à accomplir au sein du Hastings Center?

Le Hastings Center est un institut qui a joué un rôle déterminant dans la création du domaine de la bioéthique depuis les années 1960.

Présider cet institut demande une perspective systémique qui recoupe les multiples volets de la bioéthique. J’espère contribuer à orienter notre champ d’action vers des questions de pointe qui contribueront à façonner l’avenir de la biomédecine et qui auront une incidence sur le bien-être de l’humanité.

Quels seront les thèmes prioritaires de votre mandat?

Depuis plusieurs décennies, la bioéthique se concentre sur la manière dont les soins de santé sont donnés aux individus et sur la protection des participants à la recherche. J’espère promouvoir une vision plus large de la bioéthique, qui prenne aussi en compte l’échelon collectif. C’est une thématique d’actualité, car nous sortons d’une pandémie qui nous a montré l’importance cruciale de la santé publique et comment nous sommes tous interreliés.

Nous devrions, par exemple, examiner quels cadres éthiques devraient régir nos politiques de santé publique: qu’est-ce qu’une répartition équitable des ressources? Que demande la justice globale aux pays riches? Quelles seront les répercussions de la crise climatique sur la santé humaine? Quels principes de la bioéthique peuvent contribuer à sa gestion? Ou comment devrions-nous intégrer l’intelligence artificielle dans les soins de santé et dans la recherche biomédicale?

Votre nouvelle nomination peut-elle contribuer à la promotion de la bioéthique ici?

J’ai bien l’intention de maintenir des contacts étroits avec les acteurs de la bioéthique canadienne et de continuer ma collaboration avec l’Université de Montréal. L’ESPUM est un chef de file dans la francophonie en matière de bioéthique. C’est l’un des rares établissements à offrir des programmes d’études supérieures au Canada dans la discipline et le seul à proposer des maîtrises et des doctorats spécifiquement dans le domaine de la bioéthique.

Ma nomination à la présidence du Hastings Center est une occasion stratégique pour l’UdeM de se rapprocher de l’un des plus importants centres de recherche en bioéthique au monde, de faciliter les collaborations et les échanges en recherche et de mettre en valeur la contribution unique du Québec à ce champ d’études et de pratique en croissance, novateur et mondial qu’est la bioéthique.

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