Maladie de Lyme: une cartographie intégrée des risques en Estrie

Une tique au stade de nymphe

Une tique au stade de nymphe

Crédit : Catherine Bouchard

En 5 secondes

Une équipe de recherche a mis au point une carte des risques d’infection à la maladie de Lyme intégrant la distribution des tiques, mais aussi les comportements des individus.

Quels sont les résidants de l’Estrie les plus susceptibles de contracter la maladie de Lyme? Et pourquoi sont-ils plus à risque? Quelles interventions sont à privilégier pour prévenir la maladie? Faut-il intervenir sur le plan comportemental ou plutôt environnemental?

Telles sont les questions auxquelles a voulu répondre une équipe de recherche menée par les Dres Catherine Bouchard et Cécile Aenishaenslin, professeures à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.

L’équipe a créé une représentation spatiale des risques d’infection à la maladie de Lyme en Estrie. Fait innovant: cette carte combine des données sur le risque d’infection chez l’humain, sur l’abondance des tiques dans l’environnement et sur l’adoption de trois comportements préventifs (examen du corps pour détecter les tiques après s’être rendu dans un environnement à risque, utilisation de répulsifs, prise d’un bain ou d’une douche).

Une approche centrée sur l’humain

Catherine Bouchard et Cécile Aenishaenslin

Les Dres Catherine Bouchard et Cécile Aenishaenslin, professeures à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal

Crédit : Photo de courtoisie

Basée sur les données d’une enquête populationnelle réalisée en 2018 et des données de surveillance des tiques collectées depuis 2007, cette représentation intégrée du risque fournit un indice de vulnérabilité et de priorisation pour orienter la prévention de la maladie de Lyme.

«Nous espérons que cette carte constituera un outil simple et accessible pour aider les différents intervenants en santé publique à mesurer de façon quantitative le risque et à cibler les municipalités, mais aussi les actions à poser qui y correspondent», indique la Dre Bouchard, également vétérinaire épidémiologiste à l’Agence de la santé publique du Canada.

Les chercheuses ont constaté qu’une forte proportion de tiques ne veut pas nécessairement dire un risque élevé de transmission quand les mesures préventives sont bien ancrées et adoptées.

«Quand les gens savent comment se protéger, grâce à des messages diffusés depuis plusieurs années, les infections sont moindres, note la Dre Aenishaenslin. Mais pour ce qui est des recommandations plus récentes, leur adoption peut prendre davantage de temps. C’est la raison pour laquelle cette carte est pertinente: en combinant les informations sur les tiques et sur les résidants, on peut ensuite déterminer par régions quelle devrait être la nature de l’intervention: faut-il renforcer les communications par rapport aux comportements préventifs? Ou faudrait-il plutôt élaborer des interventions pour diminuer le nombre de tiques infectées dans l’environnement?»

Ainsi, les chercheuses ont voulu réfléchir sur la prévention de la maladie de Lyme dans une perspective Une seule santé (One Health) en réunissant les facteurs de risque comportementaux et environnementaux. «L’approche centrée sur la réduction des risques de la maladie est combinée avec une approche de promotion de la santé visant à concevoir en amont des solutions durables», précise la Dre Bouchard.

Les régions les plus à risque

Indice de vulnérabilité des différentes régions de l'Estrie, basé sur les niveaux de risque sociocomportemental et écologique.

Selon l’étude, les réseaux locaux de services (RLS) de la Pommeraie et de la Haute-Yamaska seraient les plus préoccupants en raison de la densité de population relativement plus élevée, de l’abondance attendue des tiques et du niveau hétérogène d’adoption des trois comportements préventifs.

Les 20 premières municipalités à risque selon la moyenne de l’indice de priorisation sont (en ordre alphabétique): Ange-Gardien, Brigham, Brome, Bromont, Cowansville, Dunham, Granby, East Farnham, Farnham, Frelighsburg, Lac-Brome, Notre-Dame-de-Stanbridge, Saint-Alphonse-de-Granby, Sainte-Brigide-d'Iberville, Saint-Ignace-de-Stanbridge, Sainte-Sabine, Sherbrooke, Sutton, Stanbridge East et Valcourt.

«Ce n’était pas une surprise pour nous, nous savons que ces RLS présentent des conditions climatiques très favorables aux tiques, qu’elles sont ainsi très abondantes, mais surtout que les maisons se trouvent directement dans leur habitat. Cette proximité augmente ainsi la probabilité d’exposition», affirme la Dre Bouchard.