Merveille Moungang Djifo: changer le statu quo

Crédit : Amélie Philibert

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Au Québec depuis trois ans, l’étudiante de l’UdeM Merveille Moungang Djifo est présidente de l’aile jeunesse de l’Association médicale des Noir.e.s du Québec. Portrait.

Lorsque le premier ministre du Québec a demandé de l’aide afin de soutenir le personnel de première ligne du réseau de la santé au plus fort de la pandémie, Merveille Moungang Djifo s’est portée volontaire. Elle est devenue, peu de temps après son arrivée à Montréal, préposée aux bénéficiaires dans l’unité de COVID-19 de l’hôpital Notre-Dame, où elle a travaillé pendant 17 mois dans le cadre du projet Je contribue.

«Ce fut une expérience déterminante qui a changé ma perception de la souffrance, de la maladie, de la mort et de l’humanité, confie-t-elle. J’ai tenu la main de personnes qui allaient mourir et emballé des corps sans vie… Ce sont des expériences qui nous forgent et nous amènent à repenser notre manière de voir le monde.»

Alors étudiante en biochimie à l’Université Concordia, elle participe à des projets de recherche et d’engagement bénévole réalisés par différents organismes universitaires et communautaires. Elle siège aussi au conseil du Bureau des perspectives noires de l’établissement.

Redonner espoir aux jeunes des communautés noires

Merveille Moungang Djifo est particulièrement sensibilisée à l’importance d’accroître l’accessibilité à l’éducation chez les enfants du tiers monde. Elle a été membre du Conseil des jeunes du Commonwealth pour l’Afrique et l’Europe, de l’organisme international Communauté–Engagement–Éducation–Développement et de l’organisation Open Dreams, où elle est encore active aujourd’hui.

C’est donc tout naturellement qu’elle sollicite, en 2021, des représentants de l’Association médicale des Noir.e.s du Québec (AMNQ), qui souhaitent pourvoir la présidence de l’aile jeunesse du regroupement.

Sachant que les personnes noires représentaient 1,2 % des étudiantes et étudiants admis dans les facultés de médecine québécoises en 2019, elle décide de contribuer à briser l'isolement des jeunes personnes noires issues de milieux vulnérables, qui ne facilitent pas l’accès à des carrières dans le domaine de la santé.

Sur le terrain, Merveille Moungang Djifo et d’autres membres de l’aile jeunesse de l’AMNQ visitent les écoles secondaires et les cégeps où l’effectif scolaire noir est important, notamment dans les quartiers LaSalle, Saint-Michel et de Montréal-Nord.

Leurs efforts, conjugués à ceux des partenaires communautaires ainsi qu’aux mesures mises en place par l’UdeM, portent leurs fruits: en 2022, l’Université a admis un record de 19 personnes noires au doctorat en médecine, comparativement à 4 ou 5 par cohorte dans le passé.

Croire en soi

À la maîtrise en administration des services de santé à l’École de santé publique de l’UdeM depuis l’automne dernier, Merveille Moungang Djifo répète un seul et unique message – un mantra, dit-elle – aux jeunes qu’elle rencontre dans les écoles.

«Je leur dis qu’il suffit de croire en soi, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Notre association croit en ces jeunes, tout comme l’Université de Montréal, qui a mis sur pied un programme d’accès aux études de médecine et lancé un plan d’action pour attirer et garder les personnes noires en médecine afin de combattre leur sous-représentation», indique-t-elle.

Et c’est l’espoir qui rend possibles l’action individuelle et l'action collective.

«Nous avons tous une responsabilité sociale dans cette lutte, conclut-elle. Il y a toujours un appel à l’action et l’on peut décider d’y répondre plutôt que de ne rien faire. On ne peut pas corriger toutes les failles du système, mais s’engager à changer le statu quo un peu chaque jour peut grandement faire avancer les choses à long terme!»