Redonner espoir à une communauté kenyane victime d’un incendie dévastateur

La professeure d'architecture Georgia Cardosi et Zy St-Pierre Bourdelais, un de ses étudiants, ont été témoins des ravages causés par l'incendie survenu le 11 juin dans le bidonville de Kibera, au Kenya. Le Toi Market, source de subsistance pour la majorité des familles, a été réduit en cendres.

La professeure d'architecture Georgia Cardosi et Zy St-Pierre Bourdelais, un de ses étudiants, ont été témoins des ravages causés par l'incendie survenu le 11 juin dans le bidonville de Kibera, au Kenya. Le Toi Market, source de subsistance pour la majorité des familles, a été réduit en cendres.

Crédit : Courtoisie

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Au cours d’un séjour d’étude à Nairobi, au Kenya, la professeure d’architecture Georgia Cardosi et un étudiant sont venus en aide à une communauté à la suite d’un incendie qui a dévasté un bidonville.

Un séjour d’étude de la professeure de l'École d'architecture de l'Université de Montréal Georgia Cardosi, effectué du 3 au 17 juin, s’est avéré particulièrement éprouvant pour elle et un de ses étudiants... 

Elle a séjourné à Nairobi, au Kenya, pour participer à la deuxième séance de l'assemblée générale d’ONU-Habitat en tant que membre du RÉSAUD-Alioune-Badiane (Réseau d’échanges stratégiques pour une Afrique urbaine durable) pour consolider des années de travail et d'engagement auprès d’une communauté vulnérable vivant dans des quartiers non aménagés. 

Depuis 2004, Georgia Cardosi se consacre à l'étude des problèmes d'urbanisation en Afrique, en particulier les défis auxquels font face les membres du marché informel Toi Market localisé à Kibera, le plus grand bidonville du Kenya.

Ses travaux de recherche l’ont amenée à saisir la complexité des questions de sécurité foncière, de droits d'occupation des terres urbaines et de précarité élevée dans ces zones. C'est ainsi qu'elle a tissé un lien profond avec cette communauté, qu'elle soutient depuis près de deux décennies.

Une démarche scientifique et humanitaire

Vue de l'intérieur du Toi Market, dans le bidonville de Kibera, il y a un an

Crédit : Courtoisie

Au cours des trois dernières années, Georgia Cardosi a entrepris une démarche à la fois scientifique et humanitaire en mettant sur pied un atelier de design multidisciplinaire, participatif et international destiné aux étudiantes et étudiants en architecture de l’UdeM. 

L’objectif de cet atelier offert aux sessions d’automne est d’élaborer des projets de maisons à coût minimal pour les communautés vivant dans les bidonvilles, selon des techniques de construction et des matériaux locaux et des principes d’architecture durable. 

Mené en collaboration avec le département d'architecture de la Jomo Kenyatta University of Agriculture and Technology, l'atelier a permis à des étudiants des deux universités de travailler ensemble malgré les défis imposés par la pandémie. 

Cette collaboration a donné lieu à la création de la Jeune coopérative d'architecture humanitaire Kaza, mise sur pied par cinq étudiants et étudiantes de l’UdeM ayant pris part à l’atelier en 2022. Cette initiative étudiante a été la réponse à l'intérêt croissant des personnes participantes quant à un soutien concret à apporter aux communautés des bidonvilles d’Afrique.

Une tragédie inattendue

L'incendie du 11 juin a dévasté une grande partie du bidonville de Kibera.

Crédit : Courtoisie

Accompagnée de l’étudiant Zy St-Pierre Bourdelais – un membre actif de la coopérative –, la professeure Cardosi est allée à Kibera à la suite de l’assemblée générale afin d’évaluer les terrains sur lesquels devaient être construites des maisons à faible coût. 

Or, leur séjour a été assombri par une tragédie inattendue: un incendie – possiblement d'origine criminelle – a ravagé une grande partie du bidonville, le 11 juin. Le marché informel Toi Market, source de subsistance pour la majorité des familles, a été réduit en cendres.  

Georgia Cardosi et Zy St-Pierre Bourdelais ont rapidement réagi en achetant environ 600 litres d’eau et de la nourriture qu’ils ont distribuées aux victimes. Dans les jours qui ont suivi, des politiciens locaux se sont rendus sur les lieux pour constater les dégâts et écouter les besoins des habitants, mais le terrain est devenu une cible de pillages et d'incursions étrangères, exacerbant la vulnérabilité déjà criante de la communauté. 

Face à cette situation d'urgence, la coopérative a tenu une assemblée extraordinaire pour accélérer la collecte de fonds destinée à la réalisation de prototypes de maisons et à la fourniture de ressources essentielles, dont de l’eau potable et des denrées alimentaires. 

«L’incendie a créé une urgence additionnelle qui s’est greffée à la problématique du logement à Kibera, conclut Georgia Cardosi. Dès l’atelier de cet automne, les étudiantes et étudiants vont revoir le design des maisons à bâtir pour qu’à l’été 2024 nous ayons à présenter à la communauté un prototype de maison à faible coût qui inclura des composantes de construction locale.» 

 

 

  • Au lendemain de l'incendie, Zy St-Pierre Bourdelais (au centre de l'image) et la professeure Georgia Cardosi ont distribué des vivres et de l'eau aux victimes.

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  • Peu après l'incendie, on s'affairait déjà à reconstruire certaines installations à Kibera.

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  • Zy St-Pierre-Bourdelais, de la Jeune coopérative d'architecture humanitaire Kaza (à droite), en présence de membres de la communauté du marché détruit, ainsi que des bénéficiaires du projet de logements à coût minimal.

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