Quand l’IA accélère l’innovation

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L’intelligence artificielle peut sembler appartenir au monde de la science-fiction. Pourtant, elle est omniprésente et peut vraiment servir la société. Les réalisations de Mila en sont la preuve.

Déposer des chèques bancaires en prenant une simple photo, obtenir des pages Web traduites dans la langue de son choix, se faire comprendre en parlant à son téléphone. Autant de gestes quotidiens banals qui sont rendus possibles grâce à des systèmes complexes d’intelligence artificielle (IA).

À plus grande échelle, l’IA et ses branches – l’apprentissage automatique, l’apprentissage profond et l’apprentissage par renforcement – permettent aussi de lutter contre les changements climatiques, de prévenir des cyberattaques et de créer de nouveaux médicaments. Bref, de relever de nombreux défis.

Au Québec, plus particulièrement à Mila – l'Institut québécois d’intelligence artificielle –, les projets structurants basés sur l’IA abondent. L’équipe de recherche appliquée en apprentissage automatique de cet établissement travaille avec des partenaires industriels pour concevoir et implanter des technologies qui profitent aux organisations et à la société.

Domaines variés, solutions concrètes

«Utilisée de manière responsable et éthique, l’IA a un potentiel extraordinaire, affirme Joumana Ghosn, directrice de l’équipe de recherche appliquée de Mila. Encore aujourd’hui, je suis surprise de constater la multitude de domaines auxquels l’intelligence artificielle peut s’appliquer. Par exemple, je n’aurais jamais pensé qu’elle pourrait servir à optimiser la performance du béton!»

Car oui, l’équipe de Joumana Ghosn a aidé Giatec Scientific à élaborer un système d’apprentissage automatique qui améliore les recettes de béton pour le rendre plus robuste et moins dommageable pour l’environnement.

Et cette réalisation est loin d’être la seule. Voici quelques exemples de partenariats qui bâtissent un pont bien réel entre la recherche universitaire en IA et les applications commerciales.

Optimiser la télémédecine

L’équipe de Joumana Ghosn a collaboré avec Dialogue, une entreprise de télémédecine québécoise, pour développer une preuve de concept dans le but de perfectionner l’agent conversationnel qui rapporte les symptômes et les antécédents des patients. Basé sur l’apprentissage par renforcement, le modèle conçu par Mila optimise la collecte d’informations tout en réduisant le nombre de questions, ce qui, ultimement, pourrait faciliter le diagnostic établi par les médecins.

Démocratiser l’univers écrit

Mila s’est associé à T-Base Communications, qui transforme des documents écrits pour les rendre accessibles aux personnes malvoyantes ou aveugles. Mila a aidé la compagnie à intégrer des solutions d'apprentissage profond dans son système de transformation automatisée de documents, qui est utilisé pour convertir du texte en braille ou en contenu audio ou encore l'afficher en gros caractères.

Protéger la biodiversité

Avec la jeune pousse Whale Seeker, les spécialistes en IA de Mila ont mis au point une technologie pour détecter et dénombrer les baleines dans différentes étendues d’eau. Le but? Diminuer les effets néfastes de la navigation sur ces mammifères marins.

Améliorer le réseau électrique

Les scientifiques en recherche appliquée de Mila ont travaillé avec l’Institut de recherche d’Hydro-Québec pour prédire de façon plus précise l’irradiance solaire, soit la quantité d’énergie solaire reçue par une surface, grâce à des images satellitaires. Ce partenariat améliore la compréhension du potentiel de production d’électricité au moyen de panneaux solaires.

Des projets axés sur l’innovation responsable

À titre de directrice de l’équipe de recherche appliquée, Joumana Ghosn est celle qui doit choisir les projets sur lesquels son équipe travaillera. Pour orienter ses décisions, elle s’assure avant tout que les industries visent le bien commun et comptent dans leurs rangs des experts dans leur domaine désireux de trouver ensemble des solutions sensées. Elle considère également la pertinence de l’intelligence artificielle dans la résolution des problèmes et l’existence de données accessibles.

«Nous devons être réalistes, dit Joumana Ghosn. L’IA a énormément de potentiel, mais peut aussi avoir des conséquences dangereuses. À Mila, nous veillons à choisir des projets qui profiteront à toutes les collectivités. Nous effectuons une analyse approfondie des risques et nous nous efforçons de prévoir quelles seront les capacités de nos modèles dans quelques années. C’est autant une question de réputation institutionnelle que de responsabilité sociale.»

Une pionnière

Joumana Ghosn est la première femme à avoir obtenu un doctorat en informatique sous la direction de Yoshua Bengio, professeur au Département d’informatique et de recherche opérationnelle de l’Université de Montréal, fondateur et directeur scientifique de Mila.

Experte en traitement du langage naturel, elle compte aujourd’hui plus de 20 ans d’expérience en apprentissage profond, ce qui fait d’elle l’une des premières personnes dans la communauté scientifique à s’être intéressée à ce sous-domaine de l’intelligence artificielle.