«À quelques pas d’atteindre nos rêves»: une émouvante cérémonie des réussites autochtones
- UdeMNouvelles
Le 13 novembre 2023
- Réseau des diplômés et des donateurs
Des diplômés autochtones honorés ainsi que les invités de marque de la soirée. Rangée du bas, de gauche à droite: Daniel Jutras (recteur de l’Université de Montréal), Elizabeth Perez (maîtresse de cérémonie), l’aînée Nicole O'Bomsawin (anthropologue et muséologue), Roger Wylde (porteur de savoirs culturels), Joséphine Bacon (poète), Ghislain Picard (chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador). Première vice-rectrice autochtone, Annie Pullen Sansfaçon est tout à droite dans la rangée du haut.
Crédit : CourtoisieLe 1er novembre, dans le Hall d’honneur du pavillon Roger-Gaudry et en direct par visioconférence pour les personnes invitées, a eu lieu la 5e Cérémonie des réussites étudiantes autochtones.
Le 1er novembre s’est tenue la 5e Cérémonie des réussites étudiantes autochtones. Les membres de la communauté étudiante autochtone de l’Université de Montréal et leurs proches ont été invités à revisiter leur parcours à l’UdeM et à célébrer leurs réussites. Organisée par le Centre étudiant des Premiers Peuples (CEPP) des Services à la vie étudiante, la soirée avait pour thème «À quelques pas d’atteindre nos rêves» et tous les intervenants ont illustré cette formule à leur manière.
C’est le porteur de savoirs culturels anichinabé Roger Wylde qui l’a articulée avec le plus de poésie, en une longue métaphore à la fin de la cérémonie: «Je suis content d’être là pour ces étudiants et étudiantes qui ont franchi des obstacles, qui ont suivi un sentier, qui ont fait du portage, qui ont contourné des voies d’eau et atteint un campement. C’est une étape, il y en a plusieurs autres… On est fiers qu’ils soient arrivés à cette étape, à ce campement, qu’ils reprennent le chemin et partagent ce qu’ils ont appris. Parce que le voyage n’est pas fini… On se retrousse les manches, puis on continue.»
Des écharpes pour les diplômés
Pour célébrer ce premier «campement», le CEPP, qui a contribué à l’idéation et à la mise en œuvre de la cérémonie, a eu l’idée de dévoiler une image créée pour l’occasion par Peukushish-Mani Jérôme, artiste, étudiante et chargée de projets culturels au Centre. Il a aussi offert des foins d’odeur tressés aux étudiantes et étudiants ainsi que des écharpes aux jeunes Autochtones ayant terminé leur parcours. Ces écharpes, conçues par la designer Tammy Beauvais, sont ornées d’un côté du logo de l’UdeM et de l’autre du symbole imaginé par l’artiste Terry Awashish dans le cadre du plan d’action Place aux Premiers Peuples de l’Université. Recto verso, verso recto: comme si c’était là les deux faces d’une même pièce, d’une même identité, le symbole d’une continuité et d’un cycle perpétuel.
Invitée à dire quelques mots aux 83 personnes réunies pour cette soirée, la poète Joséphine Bacon a touché la salle avec son inimitable sourire et la beauté d’un de ses poèmes. La diplômée Bréanne Dondo, Métis de la Rivière-Rouge, au Manitoba, a aussi pris la parole pour remercier l’Université et les donateurs: «L’UdeM m’a permis de pratiquer le hockey à un haut niveau et de poursuivre mes études dans ma langue. Ça n’aurait pas été possible sans le soutien de tous. La générosité des donateurs et des donatrices permet de réduire le stress financier pour persévérer dans le domaine qui nous passionne.»
Ouvrir des portes
Tout au long de la soirée est revenue cette même idée: il faut savoir d’où l’on vient, et qui l’on est, pour choisir où l’on va. En même temps qu’ils saluaient les succès scolaires des étudiants et étudiantes, diplômées et diplômés autochtones venus de facultés très diverses (médecine, droit, relations industrielles…), tous les discours les ont encouragés à se retourner pour mieux se projeter.
Ainsi, l’aînée Nicole O'Bomsawin – anthropologue, muséologue et conteuse d'origine abénaquise –, après un chant traditionnellement entonné lors des semences et des récoltes, a ouvert la cérémonie par un souvenir: celui de sa propre expérience à l’Université de Montréal et celle de son grand-oncle. «Vous êtes chanceux de vous retrouver à cette époque-là, ici, maintenant, avec des appuis, un accueil, a-t-elle lancé à l’adresse des étudiantes et étudiants. Aujourd’hui, je peux dire: oui, c’est le moment des rêves. On avait rêvé d’une place meilleure pour les Autochtones. On a fait notre possible pour ouvrir des portes. Vous êtes une réponse à ces rêves-là.»
Au travers de cette anecdote, chacune et chacun ont pu mesurer l’ampleur du chemin parcouru. Et évaluer celui qui reste à franchir. «La route d’où nous venons a été extrêmement sinueuse et la route devant nous est extrêmement longue», a résumé en innu Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. Mais il a appelé chacune des personnes honorées à regarder demain avec optimisme: «La décolonisation est un enjeu important et vous en êtes les acteurs et les actrices. Mais pour réussir, il nous faut des alliés. C’est pour cela que je remercie l’Université de Montréal et son recteur d’avoir accepté cette alliance et cette transformation de nos façons de faire.»
Une promesse de changement
Un instant plus tôt, le recteur de l’UdeM, Daniel Jutras, avait annoncé plusieurs bonnes nouvelles qui vont dans le sens d’une meilleure sécurisation culturelle. Notamment, la nomination de la professeure autochtone Annie Pullen Sansfaçon en tant que première vice-rectrice associée aux relations avec les Premiers Peuples ainsi que l’intégration au Conseil de l’Université de Monika Ille, chef de la direction du Réseau de télévision des peuples autochtones. Des nominations historiques que le recteur a surtout voulu regarder comme allant de soi: en 2023, a-t-il affirmé, n’importe quelle organisation intégrée au tissu social a besoin du regard singulier des Premiers Peuples. «Ce que vous apportez, a-t-il ajouté, c’est de l’innovation humaine. Vous représentez une promesse de changement pour toute la société.»