Le sel de déglaçage n’altère pas l’efficacité des plantes des aires de biorétention
- UdeMNouvelles
Le 22 janvier 2024
- Martin LaSalle
Le sel de déglaçage répandu en hiver n'altère pas l'efficacité des plantes utilisées dans les aires de biorétention. Ces aires permettent de réduire de 80 à 100 % la quantité de métaux qui se trouvent dans les eaux de ruissellement lorsque surviennent de grosses pluies, du printemps à l’automne.
Crédit : Henry BeralLe recours au sel de déglaçage par les municipalités n’altère pas l’efficacité des plantes utilisées dans les aires de biorétention, selon une étude menée par le doctorant Henry Beral, de l’UdeM.
De plus en plus de municipalités au Québec utilisent des systèmes ou des aires de biorétention qui ont une double fonction: l’élimination partielle ou complète des contaminants et des sédiments issus des eaux de ruissellement sous l'action combinée de végétaux et de microorganismes présents dans le sol, ainsi que l’atténuation des pics de ruissellement des eaux pluviales vers les réseaux d’égouts situés en aval.
Or, on ignorait jusqu’à présent si le recours au sel pour déglacer les routes et chaussées pouvait nuire à la capacité de rétention des eaux et d’absorption de polluants des plantes utilisées dans ces aires de biorétention à la fonte de la neige.
C’est ce qu’a exploré le doctorant Henry Beral qui, sous la direction des professeurs Jacques Brisson et Danielle Dagenais de l’Université de Montréal, a récemment vu le résultat de ses travaux être publié dans la revue scientifique Blue-Green Systems.
Simuler la fonte de neige selon différentes concentrations de sel
L’expérience a été menée sur une année (de juin 2018 à juin 2019) dans des serres de l’Institut de recherche en biologie végétale de l’UdeM, dans 20 mésocosmes – c’est-à-dire des dispositifs expérimentaux de taille moyenne dont on contrôle presque tous les paramètres environnementaux afin de reproduire un écosystème naturel.
Au cours de cette période, Henry Beral a simulé l’effet du ruissellement de l’eau de fonte de la neige sur trois plantes indigènes utilisées dans les systèmes de biorétention, soit le cornouiller soyeux (Cornus sericea), le jonc épars (Joncus effusus) et l’iris versicolore (Iris versicolor), ainsi qu’une variété non indigène, soit l’herbe de lande d’automne (Sesleria autumnalis).
Dans les différents mésocosmes, le doctorant a testé trois concentrations de sel sur les plantes durant leurs périodes de dormance. À des fins comparatives, les plantes de certains mésocosmes ont servi de témoins et n’ont été soumises à aucune concentration de sel.
À différentes étapes, on a mesuré la croissance et l’état de santé général des végétaux (photosynthèse, absorption de CO2 et taux de chlorophylle) ainsi que la qualité de l’eau comme la quantité de sel et de contaminants qui se retrouvaient dans ces systèmes fermés.
Des résultats positifs confirmés sur le terrain
Parmi les quatre plantes mises à l’épreuve, seule l’herbe de lande d’automne n’a pas survécu.
En revanche, la croissance des trois plantes indigènes n’a pas été entravée par la présence de sel, aux concentrations représentatives de celles observées au printemps en bordure des routes.
Les données recueillies par Henry Beral montrent également que ces trois plantes ont été en mesure d’absorber plus de 37 % des macronutriments introduits dans les mésocosmes – dont l’azote, le phosphore et le potassium –, ce qui leur a permis de filtrer les contaminants lors des simulations de ruissellement d’eau de fonte de la neige.
À cet égard, la présence de sel entraînant une libération de calcium du sol a même permis une amélioration temporaire de la filtration des métaux présents dans l’eau de ruissellement, tels le chrome, le cuivre, le nickel et le plomb.
Ces résultats obtenus en laboratoire ont ensuite été confirmés par des tests effectués dans des aires de biorétention de Montréal et de Trois-Rivières.
«Nos résultats indiquent que l’utilisation de sel de déglaçage n’altère pas la résilience de ces trois plantes indigènes ni leur capacité globale d’absorption de polluants, vraisemblablement parce que la période de ruissellement des eaux au printemps est très courte et que les plantes sont alors en dormance, dit Henry Beral. À cet égard, nos résultats militent en faveur d’un accroissement du recours à la biorétention par les municipalités.»
Le doctorant rappelle que les systèmes de biorétention permettent de réduire de 80 à 100 % la quantité de métaux qui se trouvent dans les eaux de ruissellement lorsque surviennent de grosses pluies, du printemps à l’automne. «Ce sont des plantes qui travaillent pour nous!» conclut-il.