Quand des incendies de forêt de l’Ontario et du Manitoba contaminent l’air de Montréal

La combustion de matière organique produit des fumées composées d’un mélange complexe de gaz et de particules comme le monoxyde de carbone, les oxydes d’azote, l’ozone et les hydrocarbures aromatiques polycycliques, tous des contaminants atmosphériques ayant des effets négatifs sur la santé humaine.

La combustion de matière organique produit des fumées composées d’un mélange complexe de gaz et de particules comme le monoxyde de carbone, les oxydes d’azote, l’ozone et les hydrocarbures aromatiques polycycliques, tous des contaminants atmosphériques ayant des effets négatifs sur la santé humaine.

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Une étude révèle que l’air de Montréal a été grandement pollué en 2021 par des incendies de forêt situés à des milliers de kilomètres de la métropole.

En juillet et août 2021, la fumée des incendies de forêt transportée du nord-ouest de l’Ontario et du Manitoba a altéré la qualité de l’air à Montréal, selon une étude menée par Patrick Hayes, professeur au Département de chimie de l’Université de Montréal.

Bien que situés à des milliers de kilomètres de la métropole, ces incendies ont causé des augmentations significatives des concentrations de matière particulaire grossière, de petites particules nocives pour la santé respiratoire et la santé cardiovasculaire. Les concentrations mesurées durant les périodes de fumée étaient environ deux fois plus élevées que celles enregistrées pendant les journées sans incendies.

Rappelons que la combustion de matière organique produit des fumées composées d’un mélange complexe de gaz et de particules comme le monoxyde de carbone, les oxydes d’azote, l’ozone et les hydrocarbures aromatiques polycycliques, tous des contaminants atmosphériques ayant des effets négatifs sur la santé humaine.

Un enjeu grandissant à surveiller

Patrick Hayes

Patrick Hayes

Crédit : Courtoisie

En plus d’étudier la composition chimique des particules en suspension dans l’air de Montréal, Patrick Hayes et son équipe ont évalué leur toxicité grâce à un test réalisé en laboratoire pour estimer le stress oxydatif produit par ces particules dans les poumons. En comparant la dangerosité des particules urbaines seules avec celle des particules issues des incendies de forêt, les scientifiques ont été surpris de constater que les deux types de particules avaient une toxicité similaire.

«Cela veut dire que respirer 1000 particules de fumée d’incendie ou 1000 particules de pollution urbaine aura des effets semblables sur la santé, indique le chercheur. Le risque de conséquences néfastes devient plus accru pendant des épisodes d’incendies, mais seulement parce que les concentrations de particules augmentent, et non pas parce que ces particules sont plus nocives. Ce sont donc les incendies de forêt qui ont une incidence sur la qualité de l’air, plutôt que les sources urbaines de pollution pendant les périodes de fumée.»

Pour Patrick Hayes, cette situation est inquiétante. En raison de la crise climatique, l’intensité et la fréquence des incendies de forêt vont s’accroître et la qualité de l’air dans les milieux urbains – donc densément peuplés – en pâtira.

«Avec les changements climatiques, les incendies se déplaceraient vers le nord, vers les forêts boréales, ajoute-t-il. Et ce sont des régions moins accessibles, donc plus difficiles à défendre. C’est préoccupant, surtout quand on sait que la fumée des incendies qui sévissent dans l’est du Canada a tendance à rester près du sol et donc à dégrader la qualité de l’air au Québec, par comparaison avec celle de l’ouest du pays qui se disperse, dans une certaine mesure, avant d’arriver au Québec.»