Prématurité: un effet important mais potentiellement réversible sur la santé cardiovasculaire et musculaire

Les résultats laissent fortement entendre que les personnes nées avant terme ont une atteinte musculaire due à la prématurité, ce qui diminue leur capacité à l’exercice.

Les résultats laissent fortement entendre que les personnes nées avant terme ont une atteinte musculaire due à la prématurité, ce qui diminue leur capacité à l’exercice.

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Une nouvelle étude indique que les adultes nés très prématurément auraient une moins bonne santé cardiovasculaire et musculaire, mais que cet état serait réversible.

Thuy Mai Luu

Thuy Mai Luu

Crédit : CHU Sainte-Justine

Selon une nouvelle étude dirigée par les Dres Thuy Mai Luu et Anne-Monique Nuyt, professeures à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et chercheuses au CHU Sainte-Justine, les adultes nés très prématurément auraient une moins bonne santé cardiorespiratoire que ceux nés à terme.

Les résultats, publiés dans l’European Respiratory Journal, laissent fortement entendre que les personnes nées avant terme ont une atteinte musculaire due à la prématurité, ce qui diminue leur capacité à l’exercice. Heureusement, des résultats préliminaires complémentaires obtenus au sein du même laboratoire permettent de croire que cette situation pourrait en partie être corrigée grâce à de l’exercice physique régulier.

L’étude offre ainsi des perspectives nouvelles de recherche et d’intervention non pharmacologique pour soutenir la santé des gens nés avant terme et souligne l’importance de tenir compte de la prématurité dans les suivis médicaux à tous les âges.

Une capacité réduite à l’exercice

Anne-Monique Nuyt

Anne-Monique Nuyt

Crédit : Université de Montréal

Afin d’évaluer la capacité à l’exercice, l’équipe de recherche a mesuré la consommation d’oxygène au pic de l’effort (ou VO2 max) et analysé la fonction cardiaque chez 71 adultes âgés de 18 à 29 ans nés à moins de 30 semaines d’âge gestationnel, tirés de la cohorte HAPI, ainsi que chez 73 personnes du même groupe d’âge nées à terme.

Résultats: les participantes et participants nés prématurément avaient une consommation d’oxygène significativement plus basse à l’effort que ceux nés à terme, mais aucune différence n’est ressortie sur le plan de la fonction cardiaque. La réduction de la capacité à l’exercice était encore plus importante chez les individus qui avaient été hospitalisés plus longtemps dans une unité de soins intensifs après leur naissance. «Ces résultats permettent de croire que la fonction et le métabolisme musculaires sont affectés par la prématurité, explique la Dre Nuyt, chef du Département de pédiatrie de l’UdeM. Jusqu’à maintenant, les recherches ont surtout porté sur les conséquences de la prématurité sur le cerveau, les poumons et le cœur. L’étude ouvre un tout nouveau champ de recherche.»

Bonne nouvelle: ces répercussions négatives pourraient être renversées grâce à de l’exercice physique régulier. C’est ce qu’indique une autre étude, publiée dans Medicine & Science in Sports & Exercise et réalisée auprès de 21 individus de la cohorte HAPI. Ces derniers, ainsi que 37 jeunes adultes nés à terme, ont en effet vu leur capacité à l’effort physique augmenter à la suite d’un programme supervisé d’exercices sur 14 semaines. «Ce sont des résultats préliminaires très encourageants, se réjouissent la Dre Luu, chercheuse au Centre de recherche Azrieli du CHU Sainte-Justine, et son étudiante Camille Bastien-Tardif, première auteure de l’étude. Cela signifie que, tout comme les personnes nées à terme, celles nées prématurément peuvent améliorer leur santé cardiovasculaire en bougeant plus et en adoptant de saines habitudes de vie. D’autres études avaient démontré les bienfaits de l’activité physique chez les enfants prématurés, mais notre étude laisse supposer que, même à l’âge adulte, les effets positifs sont au rendez-vous.»

La prématurité: un facteur médical à prendre en compte tout au long de la vie

Même chez les personnes qui se sentent en bonne santé, la prématurité serait donc un facteur de risque tout au long de la vie, au même titre par exemple que la sédentarité ou la consommation tabagique. «Les différences observées entre les deux groupes de sujets ne sont pas alarmantes, nuance Camille Girard-Bock, étudiante et première auteure de l’étude publiée dans l’European Respiratory Journal. Cependant, si l’on ajoute d’autres facteurs de risque de déconditionnement physique, comme la consommation tabagique, la sédentarité et l’avancée en âge, cela pourrait exacerber les problèmes. D’où l’importance pour les médecins et le personnel soignant de tenir compte de la prématurité pour prévenir l’apparition de problèmes de santé et pour faire un suivi médical adéquat.»

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