Prendre soin de ses relations grâce au dialogue

Le chercheur préconise l’ouverture d’esprit pour tenter de comprendre l’autre personne, d’élucider pourquoi tel thème est cher à ses yeux, de prendre en compte sa vision, son parcours et ses expériences.

Le chercheur préconise l’ouverture d’esprit pour tenter de comprendre l’autre personne, d’élucider pourquoi tel thème est cher à ses yeux, de prendre en compte sa vision, son parcours et ses expériences.

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En 5 secondes

Un chercheur en psychologie partage quelques conseils pour mener à bien une discussion polarisante dans le couple comme dans la vie en général. Pour une Saint-Valentin sans accroc!

Les tâches ménagères, l’éducation des enfants, l’argent, la belle-famille: autant de sujets épineux qui peuvent rapidement devenir des sources de conflits au sein du couple.

Entre deux partenaires, il semble inévitable que des désaccords surviennent, surtout lorsqu’on partage avec l'autre son quotidien et ses projets d’avenir. Comment désamorcer ces échanges au potentiel houleux avant qu’ils s’enveniment? Comment faire pour discuter de façon constructive de questions difficiles?

Floris van Vugt, professeur au Département de psychologie de l’Université de Montréal, offre quelques pistes de solution. Bien qu’il ne soit pas un expert du couple, le chercheur se spécialise en communication interpersonnelle. Il s’intéresse aux façons d’avoir un dialogue constructif quand les sujets ne font pas l’unanimité.

Aller à la rencontre de l’autre…

Floris van Vugt

Floris van Vugt

Crédit : Courtoisie

Selon Floris van Vugt, une première chose à faire quand s’entame une discussion qui oppose des idées est de se demander quel est l’objectif de la conversation. «Parfois, on veut convaincre l’autre de son point de vue, mais est-ce vraiment important? questionne-t-il. Il peut être possible de cohabiter avec quelqu’un tout en ayant des opinions différentes.»

Au-delà de ce besoin de persuader son interlocuteur, le chercheur préconise l’ouverture d’esprit pour tenter de comprendre l’autre personne, d’élucider pourquoi tel thème est cher à ses yeux, de prendre en compte sa vision, son parcours et ses expériences.

«Il arrive que les opinions émises ne reflètent pas nécessairement les valeurs profondes et l’on peut finir par être sur la même longueur d’onde pour les convictions sous-jacentes. Il ne faut pas trop se laisser distraire par les idées de surface, il faut creuser pour comprendre les motivations intrinsèques», précise Floris van Vugt.

… par l’écoute active

Dans cette optique, le professeur indique qu’il est important de s’arrêter pour voir le portrait global et constater qu’il y a peut-être davantage de points communs que de divergences. C’est à ce moment qu’une écoute empathique est essentielle.

«Il ne faut pas seulement être en train de penser à sa riposte, à son prochain argument, à “recharger ses armes”. On peut même prendre un temps avant de répondre pour éviter de se perdre dans ses propres schémas et prédispositions», suggère-t-il.

Il ajoute qu’il serait souhaitable, pour assurer une écoute en profondeur, de vérifier ce qu’on a compris, en plus de laisser une porte ouverte pour que l’autre puisse corriger, nuancer et déconstruire les ambigüités.

«Dans notre société, on idéalise les bons orateurs, les personnes qui savent capter l’attention. On valorise moins les gens qui écoutent et qui parviennent à comprendre ceux qui ont des points de vue différents», note le professeur.

La communication comme sujet d’étude

Dans le cadre de ses recherches, Floris van Vugt souhaite trouver de nouvelles façons de converser, particulièrement lorsque les interlocuteurs ne sont pas d’accord. Il s’intéresse particulièrement au dialogue de Bohm, un paradigme de communication visant à examiner ses propres convictions, conceptions mentales et préjugés.

«Cette approche mise sur la compréhension des mécanismes par lesquels nous sommes arrivés aux conclusions que nous tenons pour vraies. C’est un processus qui prend du temps et qui mènerait à une meilleure compréhension de soi et des autres. Ultimement, cela permettrait de surmonter les échanges polarisants», explique-t-il.

Or, cette idée n’a jamais été testée empiriquement depuis son élaboration dans les années 1990 par le physicien David Bohm. Voilà le défi que se lance le chercheur: déterminer la valeur réelle de cette proposition par un essai contrôlé randomisé.

Et qui sait, à terme, peut-être apprendrons-nous comment aborder encore plus sainement les désaccords conjugaux…

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