Une pandémie de désespoir
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Le 6 septembre 2024
- UdeMNouvelles
La pandémie de COVID-19 et les pertes d’emploi subséquentes ont entraîné une augmentation des idées suicidaires en particulier chez les jeunes Canadiens, selon une étude dirigée par l’UdeM.
Une étude dirigée par une équipe de recherche de l’Université de Montréal montre que près de trois fois plus de Canadiens et Canadiennes (environ 8 %) ont pensé à se suicider pendant la première année de la pandémie de COVID-19 qu’au cours des années précédentes.
Basée sur une enquête en ligne menée auprès d’approximativement 1800 adultes au Canada, l’étude a également révélé que les idées suicidaires étaient presque deux fois plus nombreuses (environ 11 %) chez les jeunes dans la vingtaine que chez les personnes âgées de 30 ans ou plus (6,6 %).
Les résultats sont publiés ce mois-ci dans la revue Scientific Reports.
«C’est un sujet délicat», reconnaît le premier auteur de l’article, Guillaume Dubé, qui était étudiant de 1er cycle en sociologie à l’UdeM au moment de l’étude et qui est sur le point d’entreprendre un doctorat en épidémiologie.
«Pourquoi la pandémie a-t-elle incité les gens à penser au suicide? Il y a plusieurs raisons; la perte d’emploi à cause de la crise est l’une des principales», souligne le professeur de sociologie Éric Lacourse, qui a supervisé l’étude avec Roxane de la Sablonnière, professeure de psychologie.
«Et ce n’est pas surprenant dans le contexte de changement social considérable provoqué par la COVID-19, qui a influé non seulement sur la société dans son ensemble, mais aussi sur les comportements individuels», ajoute Roxane de la Sablonnière.
Membres du Laboratoire sur les changements sociaux, l’adaptation et le bien-être de l’UdeM, les deux professeurs et Guillaume Dubé ont réalisé l’étude en collaboration avec des collègues de l’Université McGill, du Massachusetts Institute of Technology et de l’Université Bar-Ilan, en Israël.
Une enquête nationale
L’étude s’est appuyée sur les données d’une enquête menée auprès de 3617 Canadiens et Canadiennes et intitulée «COVID-19 Canada: la fin du monde tel qu’on le connaît», effectuée par la firme de sondage Delvinia entre avril et mai 2021. Pour l’étude, les données de 1793 de ces personnes ont été analysées.
Guillaume Dubé et ses collègues ont constaté que les idées suicidaires se sont avérées nombreuses au cours de la première année de la pandémie, avec un taux d’incidence ajusté en fonction de l’âge de 7,6 %, soit près de trois fois le taux annuel de 2,7 % enregistré avant la pandémie.
L’étude indique que le simple fait d’être plus jeune, combiné avec des facteurs économiques comme la perte d’un emploi pendant la pandémie, a rendu les gens plus susceptibles de penser au suicide qu’ils ne l’étaient auparavant.
Le suicide concerne surtout les jeunes. Dans l’ensemble, 21,7 % des personnes dans la vingtaine ont déclaré avoir pensé au suicide à un moment ou à un autre de leur vie, en comparaison de 13,1 % des personnes interrogées âgées de 30 ans ou plus.
Un «indicateur essentiel»
Pour l’étude, les idées suicidaires «ont servi d’indicateur essentiel pour évaluer les niveaux de détresse psychologique chez les individus de la population canadienne pendant la période pandémique», notent Guillaume Dubé et ses coauteurs dans leur article.
«Notre étude s’aligne sur la littérature scientifique existante en soulignant que la pandémie de COVID-19 a eu des répercussions disproportionnées sur les jeunes générations», ajoutent-ils en rapportant son «incidence exceptionnelle […] sur ce groupe démographique».
De plus, «la perte d’emploi pendant la pandémie a effectivement joué un rôle dans l’influence des idées suicidaires chez les Canadiens et Canadiennes», mentionnent-ils. Cependant, même en tenant compte de ce facteur, «l’âge est resté un facteur déterminant dans cette analyse».
Les auteurs concluent: «Compte tenu des défis sociopolitiques actuels posés par la pandémie de COVID-19, nos résultats mettent en lumière la nécessité de donner la priorité au bien-être mental des jeunes adultes dans les futures stratégies de santé publique et l’élaboration des politiques.»
Pour obtenir plus de renseignements sur les intentions suicidaires et les moyens d’y faire face, consultez le site du Projet InterCom.
À propos de cette étude
L’article «Evidence of higher suicidal ideation among young adults in Canada during the COVID-19 pandemic», par Guillaume Dubé et ses collègues, a été publié le 7 août 2024 dans la revue Scientific Reports. L’étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada et le Conseil de recherches en sciences humaines.
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