Érudit, moteur d’innovation sociale

Cette reconnaissance met en lumière l’importance de la collaboration au-delà des aspects commerciaux.

Cette reconnaissance met en lumière l’importance de la collaboration au-delà des aspects commerciaux.

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

Le Réseau québécois en innovation sociale reconnaît le Consortium Érudit et son partenariat pour le libre accès comme un exemple d’innovation sociale.

Chaque année, le Réseau québécois en innovation sociale (RQIS) ajoute un certain nombre d’innovations sociales à sa récolte (la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’intelligence artificielle, issu de l’Université de Montréal, y est par exemple listée). C’est à l’initiative et grâce à l’appui d’Inven_T, le Centre d’innovation technosociale de l’UdeM, que la candidature du Consortium Érudit et de son partenariat pour le libre accès (POA) a été soumise au RQIS.

«Le travail que fait Érudit est une innovation sociale peut-être moins perceptible, mais il reste très important. Érudit touche chaque année cinq millions d’utilisateurs partout au Québec», rappelle Gwendal Henry, conseiller en communication chez Érudit, et qui, avec Geneviève Létourneau-Guillon, d’Inven_T, a travaillé sur le dossier de candidature.

Au-delà du commercial

Tanja Niemann, directrice générale de la plateforme Érudit

Tanja Niemann, directrice générale de la plateforme Érudit

Crédit : Érudit

Cette reconnaissance met en lumière l’importance de la collaboration au-delà des aspects commerciaux, qui sera d’ailleurs au cœur de la Semaine internationale du libre accès 2024, dont le thème est «La communauté avant la commercialisation». «Ça correspond tout à fait à notre mission et à notre travail», constate la directrice générale d’Érudit, Tanja Niemann, qui raconte qu’Érudit a été fondé il y a 25 ans pour préserver les lieux de publication locaux sans but lucratif. «Nous voulions conserver nos voies d’articulation des résultats de recherche, dans notre langue», ajoute-t-elle.

Le RQIS reconnaît plus particulièrement le POA, le bras financier du travail d’Érudit, qui permet de soutenir les revues en libre accès, qui renoncent ainsi aux revenus d’abonnement. Chaque année, le POA redistribue un million de dollars aux revues hébergées sur Érudit, transformant le modèle de diffusion. «Le fait que le RQIS reconnaisse le POA comme un exemple d’innovation sociale, c’est une autre confirmation que le libre accès aux publications scientifiques a des retombées qui dépassent largement le cadre universitaire et profitent directement à l’ensemble de la société», note Gwendal Henry.

Même si les grands monopoles continuent de se tailler la part du lion dans le milieu de l’édition savante, de plus en plus d’acteurs reconnaissent l’importance du libre accès, autant pour les lecteurs que pour les auteurs, pavant la voie au modèle du «libre accès diamant» – ce que prône finalement Érudit depuis 10 ans. La Politique des trois organismes [fédéraux de financement de la recherche] sur le libre accès aux publications est en cours de révision, et l’Unesco s’est prononcée à ce sujet.

Les 10 ans du POA

«Il y a 10 ans, on a transformé ce qui était une entente de licence d’abonnement classique avec les bibliothèques en une entente de partenariat, relate Tanja Niemann, directrice générale d’Érudit. Ça n’avait pas de sens de faire des transactions commerciales avec les revues québécoises et canadiennes.»

Érudit, avec le Réseau canadien de documentation pour la recherche – le consortium national des bibliothèques universitaires canadiennes –, a donc mis sur pied un partenariat en collaboration avec les bibliothèques universitaires. Chaque année, le modèle s’affine, avec le concours des bibliothèques et des revues.

En adhérant au POA, les bibliothèques universitaires contribuent à soutenir les petites revues indépendantes hébergées sur Érudit. Ce sont plus de 240 revues savantes non commerciales qui reçoivent un soutien financier de la part de 54 bibliothèques universitaires canadiennes, mais également un appui à leurs activités éditoriales. «On est un agent qui facilite la transaction. On a une solution de rechange qui fonctionne et qui permet que l’argent circule dans le milieu de la recherche et n’en sorte pas», explique Tanja Niemann. Le POA permet ainsi à de petites revues nichées de poursuivre leurs activités et d’offrir leur contenu gratuitement à tous.