Une immersion linguistique et culturelle au cœur de la communauté innue d’Ekuanitshit

L’exposition «Visite aux Innu.e.s d’Ekuanitshit» est présentée au Carrefour des arts et des sciences.

L’exposition «Visite aux Innu.e.s d’Ekuanitshit» est présentée au Carrefour des arts et des sciences.

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

L’exposition «Visite aux Innu.e.s d’Ekuanitshit» est présentée au Carrefour des arts et des sciences jusqu’au 9 décembre.

L’été dernier, 14 étudiantes et étudiants qui ont suivi quatre cours d’innu donnés par Yvette Mollen, professeure au Département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal, ont participé à un séjour d’immersion dans la communauté innue d’Ekuanitshit dans le contexte de leur cinquième cours. Ils ont ainsi eu l’occasion de découvrir des pratiques ancestrales, de tisser des liens avec les membres de la communauté et de plonger dans la richesse culturelle innue. À leur retour, ils ont conçu une exposition collective sous la direction de leur professeure pour raconter ce qu’ils avaient vécu et appris. 

Cette exposition, intitulée Shatshuapamakanuat Ekuanitshiunnuat Innu-aimun mak Innu-aitun: visite aux Innu.e.s d’Ekuanitshit, se déroule au Carrefour des arts et des sciences de l’UdeM jusqu’au 9 décembre. 

Un parcours de découverte et d’apprentissage à Ekuanitshit

Yvette Mollen

Yvette Mollen

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Pendant son séjour à Ekuanitshit, le groupe a vécu une expérience hors du commun, à plus d’un millier de kilomètres des salles de classe de l’Université de Montréal. Accompagné par des membres de la communauté, il a participé durant une semaine à divers ateliers et activités, découvrant les traditions du quotidien de la vie innue. Par exemple, il a appris à préparer la banique, un pain traditionnel cuit dans le sable, guidé par Yvette Mollen. «Chaque nation et même chaque famille a sa propre recette de banique, explique-t-elle. Nous avons chauffé le sable, placé la pâte, puis mis des braises dessus. Une fois cuite, la banique doit être grattée avant d’être dégustée.» 

Les étudiants et étudiantes ont également assisté à un atelier sur les plantes médicinales locales, apprenant comment les Innus utilisent la racine de savoyane et le thé du Labrador pour soigner diverses affections. Cette activité leur a permis de mieux comprendre les savoirs traditionnels transmis de génération en génération. Julien Bureau, l’un des participants, résume l'expérience en la qualifiant de «moment magique» et ajoute que ce cours sur le terrain lui a offert une chance de découvrir des facettes de la culture innue rarement accessibles. 

Une exposition pour rendre hommage à la culture innue

De retour à l’UdeM, les étudiantes et étudiants ont conçu ensemble cette exposition. Ils ont créé des affiches illustrant différents aspects de la culture innue. L’une d’elles est consacrée à l’entraide, au territoire et à la culture dans la guérison des Ekuanitshinnuat, tandis qu'une autre aborde l’importance de la transmission des savoirs. 

Différents mots innus sont expliqués sur d’autres panneaux et des objets emblématiques sont exposés, comme les raquettes et les bottes d’Yvette Mollen, témoins de sa propre expérience de vie dans un contexte nordique, ainsi qu’une collection de livres sur la langue innue: dictionnaires, grammaires, ouvrages de récits et de contes populaires. L'exposition se veut une vitrine de la richesse de la culture innue. 

Découvrir de nouvelles perspectives de carrière

Dans une autre section de l’exposition, on peut voir trois panneaux qui présentent le projet Shipua de Cap campus. Conçu avec des partenaires autochtones pour encourager les jeunes Autochtones à poursuivre leurs études, le projet Shipua a pour but de leur faire connaître des perspectives de carrière à travers des activités ludiques. Des représentantes et représentants étudiants allochtones de Cap campus ont accompagné le groupe des 14 étudiants à Ekuanitshit et animé des jeux de rôles qui ont permis à de jeunes Innus de découvrir des domaines d’études par des mises en situation concrètes. «Pour faire découvrir les différentes professions de la santé, nous avons fait des mises en scène où un étudiant ou une étudiante ou de jeunes Innus jouaient le rôle d'un patient ou d’une patiente. Les jeunes de la communauté posaient des questions pour deviner quel professionnel de la santé pourrait être sollicité», raconte Eliane Santschi, conseillère à Cap campus. 

Préserver les langues autochtones

Dans sa déclaration à l’occasion de l’Année internationale des langues autochtones, en 2019, l’UNESCO soulignait l'importance des langues «comme outils de communication, d'éducation, d'intégration sociale et de développement, mais également comme gardiennes de l'identité et de l'histoire culturelle, des traditions et souvenirs propres à chacun». Pourtant, comme le rappelle Marie Achille, vice-doyenne aux études de premier cycle et à la réussite à la Faculté des arts et des sciences (FAS) de l'UdeM, de nombreuses langues dans le monde, y compris celles des communautés autochtones au Québec, sont en danger de disparition. «On perd alors la transmission de diverses connaissances, dans divers domaines, qu’il s’agisse de pharmacopée traditionnelle, de mythes, de proverbes, de chansons et l’on perd aussi une certaine vision du monde. Ces langues survivent alors souvent grâce aux connaissances d’un petit nombre de personnes, principalement des aînés ou des enseignants dévoués comme Yvette Mollen», fait-elle observer.  

Yvette Mollen, convaincue de l'importance de transmettre sa langue natale, enseigne l’innu non seulement dans des cours crédités du Centre de langues de l’Université de Montréal, mais aussi par l’entremise de PRAXIS, le Centre de développement professionnel de la FAS. Elle y propose des cours adaptés à des personnes qui souhaitent apprendre la langue dans un cadre pratique, souvent dans un contexte de travail avec des communautés autochtones, ou qui sont curieuses de faire les premiers pas dans l’apprentissage de cette langue avant d’entreprendre des cours crédités. Ces initiatives ont permis à de nombreux étudiants et étudiantes de se familiariser avec la culture innue depuis 2017. 

Soucieux de participer à la diffusion des langues autochtones, le Centre de langues propose également depuis cet automne des cours d’abénaquis

  • Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal
  • Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal
  • Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal
  • Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Informations pratiques

L’exposition Shatshuapamakanuat Ekuanitshiunnuat Innu-aimun mak Innu-aitun: visite aux Innu.e.s d’Ekuanitshit se tient au Carrefour des arts et des sciences du pavillon Lionel-Groulx, 3150, rue Jean-Brillant, salles C-2081 et C-2083, jusqu’au 9 décembre. 

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