Pédiatrie: un médicament contre le cancer pour prévenir de graves problèmes cardiaques

Le syndrome de Noonan peut entraîner plusieurs complications, en particulier sur le plan cardiaque.

Le syndrome de Noonan peut entraîner plusieurs complications, en particulier sur le plan cardiaque.

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Une nouvelle étude observationnelle internationale suscite l’espoir pour les enfants atteints du syndrome de Noonan, une maladie rare causant un épaississement des parois du cœur.

Gregor Andelfinger

Gregor Andelfinger

Crédit : Congrès canadien sur la santé cardiovasculaire

Pourrait-on recourir à un médicament déjà disponible contre le cancer pour traiter certains enfants atteints du syndrome de Noonan? C’est ce que permet d’envisager une étude rétrospective réalisée par un vaste partenariat international de recherche regroupant 27 établissements.  

Les résultats sont publiés aujourd’hui par un groupe de chercheuses et chercheurs de plusieurs pays, dont la Dre Cordula Wolf, de l’Université de Munich, le Dr Martin Zenker, de l’Université de Magdeburg, le Dr Bruce D. Gelb, de la Mount Sinai School of Medicine, et le Dr Gregor Andelfinger, professeur au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal et clinicien-chercheur au CHU Sainte-Justine. 

Dans cette étude, l’équipe a analysé les dossiers cliniques de 61 patients qui souffraient d’un épaississement du muscle cardiaque, l’une des manifestations du syndrome de Noonan. Ils ont été admis, entre 2000 et 2023, dans l’un des 23 centres hospitaliers participants (10 pays). Environ la moitié des patients ont reçu le traitement habituel, alors que les autres ont aussi reçu un traitement compassionnel de trametinib.  

Ce médicament, mis au point en premier lieu pour le traitement du cancer, permet d’inhiber la protéine MEK, qui est suractivée dans les cellules des enfants atteints du syndrome de Noonan. C'est cette suractivation qui engendre un épaississement pathologique des parois cardiaques. 

Résultat: sur trois ans, les enfants à qui avait été prescrit le traitement habituel seul avaient 80 % de probabilités de subir une chirurgie, une transplantation cardiaque ou de mourir. Ces probabilités tombaient à 20 % pour les enfants dont le traitement habituel était supplémenté avec du trametinib.  

«C’est majeur comme différence, dit le Dr Andelfinger. À l’heure actuelle, aucun traitement ne permet de s’attaquer à la cause du problème, c’est-à-dire l’hyperactivation d’une protéine dans les cellules des muscles cardiaques. Notre étude donne pour la première fois un signal d’efficacité très fort sur un groupe de sujets statistiquement important.»

Vers un essai clinique

Dans une première étude de plus petite envergure publiée en 2019, le Dr Andelfinger et ses collègues avaient observé des effets positifs semblables du trametinib chez deux bébés avec une hypertrophie cardiomyopathique due au syndrome de Noonan.  

L’étude rétrospective publiée aujourd’hui apporte des éléments de preuve supplémentaires, qui permettent de croire au potentiel de ce traitement pour prévenir les complications cardiaques chez les bébés atteints du syndrome de Noonan ou d’autres maladies similaires. C’est pourquoi l’équipe de recherche travaille à la mise sur pied d’un essai clinique international qui pourra permettre d’en démontrer l’efficacité dans plusieurs situations comme dans certains cas particuliers. 

«Certains enfants ne répondaient pas au traitement compassionnel de trametinib, pour des raisons qui restent à valider, précise le Dr Andelfinger. Malgré tout, nos données préliminaires semblent indiquer que ce traitement pourrait nous permettre, à terme, d’améliorer le pronostic pour la grande majorité de nos patients.»

À propos du syndrome de Noonan

Le syndrome de Noonan est une maladie rare due à une mutation génétique, qui se caractérise par un ralentissement du développement de plusieurs parties du corps menant entre autres à une petite taille et à des traits particuliers du visage. Il peut entraîner plusieurs complications, en particulier sur le plan cardiaque. Environ 1 enfant sur 2500 serait porteur de cette mutation et, de ce nombre, 1 sur 5 développerait une cardiomyopathie hypertrophique. Celle-ci provoque le décès de plus de la moitié des bébés atteints avant l’âge d’un an. Les traitements actuellement disponibles visent à atténuer les symptômes de la maladie et à en gérer les complications.

À propos de cette étude

L'étude «Impact of MEK Inhibition on Childhood RASopathy-Associated Hypertrophic Cardiomyopathy», par Gregor Andelfinger et ses collègues, a été publiée dans Science Direct.

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