Soulager la douleur chez les patients atteints de la maladie de Parkinson
- UdeMNouvelles
Le 10 avril 2025
- Paule Des Rivières
Une publication de la neurochirurgienne Marie-Pierre Fournier-Gosselin et son équipe ouvre la porte à l’étude de nouveaux symptômes électrophysiologiques de la maladie de Parkinson.
La stimulation intracérébrale, une thérapie de pointe offerte à un nombre grandissant de personnes atteintes de la maladie de Parkinson, permet d’atténuer leurs tremblements et ainsi de faciliter leurs mouvements. De nouvelles recherches en cours visent maintenant au soulagement de la douleur liée à cette maladie.
«Les symptômes non moteurs, comme la douleur, sont encore peu étudiés dans la maladie de Parkinson. Pourtant, ils sont bien réels, invalidants, et méritent qu’on s’y attarde», signale Marie-Pierre Fournier-Gosselin, professeure agrégée de clinique au Département de chirurgie de l’Université de Montréal, neurochirurgienne au CHUM et chercheuse au Centre de recherche du CHUM, qui signe avec des membres de son équipe un article à ce sujet dans une revue scientifique.
Elle pratique la stimulation intracérébrale depuis plus de 15 ans: il s’agit d’envoyer des impulsions électriques à travers deux électrodes insérées dans une zone précise du cerveau (à huit centimètres de profondeur) et reliées à un neurostimulateur placé sous la peau au-dessous de la clavicule.
«Nous modulons ainsi l’activité du système nerveux, en contrôlant les influx pathologiques associés à la maladie, explique-t-elle. Les patients retrouvent une qualité de vie, par exemple aller au parc sans craindre de ne pouvoir sortir de leur voiture parce que leurs membres sont trop rigides, faire une promenade, cuisiner. C’est la vie presque normale qui reprend.»
Soulager les symptômes non moteurs
En observant les avantages de la stimulation adaptée par son collègue neurologue Nicolas Jodoin sur leurs patients opérés, Marie-Pierre Fournier-Gosselin a voulu explorer d’autres symptômes de la maladie de Parkinson. Ainsi, elle travaille auprès de patients ayant déjà subi l’intervention intracérébrale afin de mieux comprendre «la signature» de la douleur dans le cerveau.
Grâce à une thermode placée sur l’avant-bras, le participant est soumis à différentes sensations de chaleur qui peuvent provoquer de la douleur et c’est ce message nerveux que l’équipe de Marie-Pierre Fournier-Gosselin vise à décoder dans le noyau sous-thalamique du cerveau, où se trouvent les électrodes.
Grâce à l’arrivée récente de nouveaux stimulateurs, il est possible non seulement d’émettre des impulsions vers le cerveau, mais également d’enregistrer le signal des neurones, ce qui ouvre la porte à la recherche à l’intérieur du cerveau en temps réel. Une vraie mine d’or pour les chercheurs en neurosciences, se réjouit-elle.
En ce mois d'avril de sensibilisation à la maladie de Parkinson, rappelons que cette maladie neurodégénérative chronique affecte plus de 100 000 Canadiens. Les symptômes comprennent des tremblements, de la rigidité musculaire et une lenteur à exécuter les mouvements, des changements dans l’élocution et des modifications de l’expression faciale. Fatigue et douleurs, notamment musculosquelettiques, sont souvent présentes. Les premiers symptômes apparaissent le plus souvent dans la soixantaine.
Des signaux qui répondent à la douleur
Une imposante brochette de chercheurs et d’étudiants ont contribué à la publication de Marie-Pierre Fournier-Gosselin, le 25 mars, dans l’European Journal of Neuroscience, tout comme ils contribuent aux recherches. Ils sont rattachés aux départements de chirurgie, de stomatologie et de neurosciences de l’UdeM ainsi qu’au laboratoire de Numa Dancause, du Centre interdisciplinaire de recherche sur le cerveau et l’apprentissage.
Dans ses récents travaux, l’équipe a entre autres observé des variations dans la puissance des ondes alpha, bêta et gamma sous l’effet de la douleur thermique. Des voies que Marie-Pierre Fournier-Gosselin juge très prometteuses.
«Nous avons une niche de chercheuses et chercheurs exceptionnels au Québec, à l’Université de Montréal, et j’ai espoir que nous trouverons de nouvelles avenues pour soulager plus de symptômes liés à la maladie de Parkinson», conclut-elle.