Campus MIL: la naissance d’un quartier

Le nouveau campus MIL s’intègre aux quartiers environnants et a été bâti selon des principes de développement durable.

Le nouveau campus MIL s’intègre aux quartiers environnants et a été bâti selon des principes de développement durable.

Crédit : Bonesso-Dumas

En 5 secondes

La gare de triage d’Outremont a longtemps été une longue cicatrice dans le paysage urbain montréalais. Aujourd’hui, un quartier y prend forme autour du campus MIL de l’Université de Montréal.

En faisant l’acquisition d’un terrain au cœur de la métropole pour y construire un nouveau campus, dont la première phase s’achève par l’inauguration du Complexe des sciences, l’UdeM a voulu concevoir un projet phare. La vision était claire: le campus s’intégrerait aux quartiers environnants et serait bâti selon des principes de développement durable. À terme, il sera entouré d’habitations, dont des logements sociaux ou abordables, ainsi que d’espaces verts. Des liens ont aussi été créés pour relier ce nouveau quartier – baptisé MIL Montréal – à ceux situés au nord de la voie ferrée.

Ce sont les consultations publiques de 2007 qui ont amené l’Université à travailler en partenariat avec la Ville de Montréal et les arrondissements concernés, soit Outremont, Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Rosemont–La Petite-Patrie et Le Plateau-Mont-Royal, ainsi qu’avec Mont-Royal.

«Il fallait agir de concert, puisque ce projet majeur demandait des changements de zonage et de règlements, l’ouverture de rues, la construction de logements et l’aménagement d’espaces verts. On y a vu un exemple de collaboration à son meilleur entre la Ville et l’UdeM», indique Lucie Careau, directrice de l’urbanisme à la Ville de Montréal.

L’urbaniste Pierre St-Cyr a agi comme consultant auprès de l’Université pour la conception du campus MIL. «On a dû ouvrir le campus sur les quartiers environnants, dans l’intérêt de tout le monde, ce qui a permis de bonifier grandement le projet», raconte-t-il.

La création de liens

Il a d’abord fallu imaginer des liens pour relier le campus MIL aux quartiers situés au nord, auparavant inaccessibles en raison de la voie ferrée.

«Au départ, on avait envisagé de construire un tunnel pour raccorder le campus MIL à l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, mais finalement, on a réalisé que c’était impossible et l’Université a opté pour une passerelle, beaucoup plus invitante et sécuritaire: ce fut le premier grand succès du projet», affirme Lucie Careau.

Pour Anik Shooner, cofondatrice de la firme Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes, la passerelle extérieure est aussi un élément central du projet dont elle est particulièrement fière. «En permettant de passer au-dessus des trains sans avoir à entrer dans un bâtiment, la passerelle offre une fluidité et est accessible à tous en tout temps», se réjouit celle qui a conçu les plans du Complexe des sciences.

Puis, cette passerelle qui crée un lien entre Outremont et Parc-Extension est significative d’un point de vue social. «Les enfants du quartier Parc-Extension, où s’installent énormément de nouveaux arrivants, pourront côtoyer le campus», dit Anik Shooner.

Pierre St-Cyr se souvient d’ailleurs avec émotion de certains témoignages de résidants de Parc-Extension lors des consultations publiques de 2007. «Un garçon de 10 ans avait pris le micro à la place de sa mère qui ne parlait pas français pour dire qu’il était important de construire une université dans le quartier parce que personne n’avait de diplôme universitaire dans sa famille. Mais que lui, il en aurait un», relate-t-il.

D’autres liens sont aussi prévus: le réaménagement du viaduc Rockland comprendra des pistes cyclables et un passage à niveau sera aménagé dans l’axe de l’avenue De L’Épée pour les piétons et les cyclistes.

Un quartier durable

Crédit : Stéphane Groleau

Les cyclistes auront une place de choix dans le MIL Montréal, qui vise la certification LEED Or pour l’aménagement des quartiers.

«Lorsque l’administration Plante est arrivée, elle a vu dans le campus MIL un projet phare de développement durable et a demandé d’élargir la piste cyclable prévue, mentionne Pierre St-Cyr. Pour y arriver, il fallait enlever des places de stationnement. C’était une décision courageuse et elle a été applaudie par l’UdeM.»

L’avenue Thérèse-Lavoie-Roux, la principale artère du nouveau quartier, comprend donc deux larges pistes cyclables unidirectionnelles protégées par des séparateurs de voies.

Les espaces verts sont également très présents dans le projet. La place centrale, où s’élèvera une œuvre de Patrick Bernatchez, comprend un îlot de végétation et un système de récupération de l’eau pluviale. «La Ville a écouté les besoins des résidants et en a tenu compte pour leur présenter quelques options à discuter avant de prendre les décisions: c’était exemplaire comme processus», déclare Pierre St-Cyr.

Le MIL Montréal comprendra 1300 habitations, dont 30 % de logements abordables ou sociaux. Plusieurs sont déjà en phase de conception.

«La Ville et l’UdeM ont innové dans leurs façons de faire, souligne, ravie, Lucie Careau, et cela a permis au projet d’atteindre de meilleurs objectifs, que ce soit en matière de performance environnementale, de mobilité durable ou de qualité des milieux de vie.»

La suite pour l’UdeM

L’UdeM prévoit une deuxième phase de construction avec un agrandissement du Complexe des sciences pour intégrer les départements de mathématiques et de statistique ainsi que d’informatique et de recherche opérationnelle. Un centre d’innovation pour soutenir l’entrepreneuriat des chercheurs et des étudiants sera aussi bâti.

«Et nous nous gardons des espaces pour continuer à développer notre université dans les prochaines décennies, signale Guy Breton, recteur de l’UdeM. Car nous nous sommes engagés à ne plus construire de nouveaux bâtiments sur notre beau mont Royal pour le préserver.»

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