Les interventions de pleine conscience réduisent les symptômes du TDAH chez les adultes

  • Forum
  • Le 13 octobre 2020

  • Martin LaSalle
La méta-analyse a été dirigée par la professeure Hélène Poissant, de l’UQAM, en collaboration avec les professeurs Adriana Mendrek, de l’Université Bishop’s, et Jhon Alexander Moreno et Stéphane Potvin, de l’UdeM.

La méta-analyse a été dirigée par la professeure Hélène Poissant, de l’UQAM, en collaboration avec les professeurs Adriana Mendrek, de l’Université Bishop’s, et Jhon Alexander Moreno et Stéphane Potvin, de l’UdeM.

Crédit : Getty

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Des thérapies axées sur la pleine conscience permettent d’atténuer les symptômes du TDAH chez les adultes, selon une étude à laquelle ont pris part Jhon Alexander Moreno et Stéphane Potvin, de l’UdeM.

Jhon Alexander Moreno

Les interventions thérapeutiques basées sur la pleine conscience, telles que la méditation, le yoga, la respiration profonde et la visualisation du corps, permettent aux adultes atteints d’un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) de réduire leurs symptômes.

C’est ce qui se dégage d’une méta-analyse portant sur 14 études effectuées sur le sujet auprès de 834 adultes ayant un TDAH.

La méta-analyse a été dirigée par la professeure Hélène Poissant, du Département d'éducation et pédagogie de l’Université du Québec à Montréal, en collaboration avec les professeurs Adriana Mendrek, de l’Université Bishop’s, et Jhon Alexander Moreno et Stéphane Potvin, respectivement du Département de psychologie et du Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal.

Peu d’études auprès des adultes

On estime que 4,4 % des adultes vivent avec un TDAH dans la population générale et ce trouble touche davantage les hommes que les femmes. Le traitement le plus courant du TDAH est la prise de médicaments psychostimulants.

Or, la pharmacothérapie a ses limites et n'est pas bien tolérée par certains individus en raison de réactions indésirables.

Qui plus est, le TDAH est souvent associé à des problèmes d’anxiété et de dépression, ainsi qu’à une comorbidité fréquente avec dysfonctionnement exécutif, dont la difficulté de planifier, et dysrégulation émotionnelle, telles l’impulsivité ou l’agressivité.

«C'est pourquoi il importe de s’intéresser à de nouvelles thérapies non pharmacologiques pour traiter les symptômes d’inattention et d’hyperactivité, y compris celles basées sur la pleine conscience», commente Jhon Alexander Moreno.

L’objectif de la méta-analyse était justement de recenser les études existantes dans la littérature scientifique sur les effets des approches de pleine conscience sur les symptômes du TDAH, la dépression et les fonctions exécutives chez les adultes qui ont reçu un diagnostic de TDAH.

En tout, l’équipe s’est penchée sur plus de 700 études après avoir interrogé les différentes bases de données, pour n’en retenir que 14 qui correspondaient aux critères de sélection de la méta-analyse.

«Nous nous sommes aperçus que très peu d’études répondaient à nos critères de sélection, relate le neuropsychologue. Plusieurs constituaient des doublons, d’autres ne concernaient pas la pleine conscience ou n’avaient pas été menées auprès de sujets présentant un TDAH ou, encore, ne portaient que sur des enfants ou mélangeaient les jeunes avec les adultes.»

Réduction des symptômes d’anxiété et de dépression

Sur les 14 études analysées, 11 ont conclu que les approches de pleine conscience réduisaient de façon importante l'inattention et l'hyperactivité ou l’impulsivité, indiquent les chercheurs et chercheuses de la méta-analyse.

De plus, il est apparu que l'âge des personnes participantes influait sur les résultats, ce qui laisse croire que les adultes ‒ comparativement aux enfants ‒ «peuvent avoir une meilleure compréhension de leur état et donc être plus engagés dans leur traitement que les enfants», ajoutent-ils.

La durée des traitements (de 6 à 96 heures) et le degré d'expérience des thérapeutes (psychologues cliniciens, instructeurs de pleine conscience, infirmières, étudiants diplômés en psychologie) variaient aussi considérablement d'une étude à l'autre.

«Ces facteurs peuvent avoir agi comme des variables confondantes et il est prématuré de conclure à l'efficacité d'une intervention par rapport à une autre», précise Jhon Alexander Moreno.

Néanmoins, les études analysées ont montré dans l’ensemble que les interventions basées sur la pleine conscience s’avèrent efficaces pour traiter les symptômes du TDAH chez les adultes ainsi que pour diminuer l’anxiété et l’intensité de la dépression.

«Ces approches ont démontré leur efficacité contre la dépression et, maintenant, nous savons qu’elles peuvent également avoir un effet positif sur les symptômes du TDAH, conclut M. Moreno. Cette nouvelle stratégie thérapeutique devrait être davantage recommandée.»

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