Jacques Goldstyn, l’homme derrière Beppo

En 5 secondes

Trois questions à Jacques Goldstyn (géologie 1980), qui a écrit «Ça grenouille!».

Vedette de la bande dessinée Ça grenouille!, Beppo est née dans l’une des premières publications du mouvement des Débrouillards. Elle accompagne depuis 1983 les aventures des autres personnages créés par Jacques Goldstyn, ce bachelier en géologie (1980) qui consacre sa carrière à la vulgarisation scientifique et au dessin politique. 

Trente-sept ans pour une grenouille, c’est trois fois l’espérance de vie d’un amphibien dans la nature; comment expliquer cette longévité?

C’est un mystère. D’autant plus que cette espèce est parfois qualifiée de sentinelle. Comme le canari dans la mine, elle est la première à disparaître dans un écosystème altéré par la pollution. Mon hypothèse, c’est que Beppo s’alimente bien en mouches et conserve une attitude désinvolte qui tient à distance les maladies de civilisation liées au stress.

Pourquoi une grenouille plutôt qu’un chien comme Milou ou Idéfix?

Après des esquisses de tortue, de crapaud, d’écureuil et autres petites bêtes, c’est la grenouille anthropomorphe qui s’est imposée quand on m’a demandé d’illustrer le premier livre du professeur Scientifix en 1983. Au départ, elle était un peu plus enrobée et avait le tympan bien visible et les pattes palmées. Sa version 2020 est plus proche de la rainette. Je considère que c’est mon personnage le plus réussi. Il est curieux, farceur, tout sauf politiquement correct, il est un consommateur impulsif. C’est à lui qu’on doit un leitmotiv que connaissent bien les lecteurs des Débrouillards: «Il m’en faut un!» 

Dans un autre registre, vous êtes l’auteur de livres engagés, couronnés d’un Prix du Gouverneur général, et vous signez des caricatures sous le pseudonyme de Boris. Avez-vous une double personnalité?

Totalement! Certains lecteurs me rapportent que quelqu’un plagie mon style. Ils semblent surpris quand je leur dis que c’est moi, Boris! Ça m’amuse beaucoup. Je pratique le dessin politique depuis assez longtemps, mais je tente de bien marquer la différence entre cette activité et ma production des publications du mouvement des Débrouillards. C’est pourquoi je signe ces dessins «Boris», un hommage à Boris Efimov, un caricaturiste russe qui a fait des caricatures mordantes sur Hitler et les nazis, ce qui réjouissait Staline. Il a pris garde de ne pas se moquer de ce dernier, ce qui l’aurait mené au peloton d’exécution. Ce fut d’ailleurs le sort de son frère journaliste.

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Ça grenouille!
Jacques Goldstyn

Éditions Bayard Canada, 2019