Mieux comprendre la douleur pour en améliorer la gestion

La douleur est un phénomène complexe qui est en partie lié à ce qui se passe dans le cerveau.

La douleur est un phénomène complexe qui est en partie lié à ce qui se passe dans le cerveau.

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En comprenant le fonctionnement de la douleur chronique, le patient peut mieux la gérer. C’est ce qu’étudie le doctorant en sciences de la réadaptation et ergothérapeute Maxime Mireault.

La main est l’un des outils les plus utilisés dans la vie de tous les jours et le pouce est particulièrement sollicité. Ainsi, les gens qui souffrent d’arthrose du pouce voient leur qualité de vie grandement altérée. Après des années de douleur chronique, ils finissent souvent par être opérés. On leur retire le trapèze, l’os situé à la base du pouce. Cette chirurgie s’appelle trapézectomie.

«Or, après l’opération, certaines personnes rapportent parfois un niveau de douleur supérieur à celui d’avant l’intervention, dit Maxime Mireault, doctorant en sciences de la réadaptation à l’Université de Montréal. Il peut aussi arriver que la douleur dure longtemps. Or, selon la littérature scientifique, si ces gens avaient eu cette information avant l’opération, ils auraient possiblement mieux toléré leur douleur et amélioré leur structure de fonctionnement.»

La douleur est un phénomène complexe qui est en partie lié à ce qui se passe dans le cerveau. «Les divers changements dans le cerveau ont une influence sur la façon dont la personne vit la douleur», affirme l’étudiant qui mène ses travaux de doctorat sous la direction de Johanne Higgins, professeure à l’École de réadaptation de l’UdeM.

Pour bien comprendre ce qui se passe, il travaille avec la stimulation magnétique transcrânienne. «Je stimule le cortex moteur, une région nerveuse, qui envoie une décharge électrique à un muscle, explique-t-il. Cette mesure me permet de voir comment varie la représentation du muscle dans le cerveau. Je veux prendre cette mesure tout au long du processus entourant la chirurgie.»

Parce que si la douleur ne disparaît pas tout de suite après l’opération, c’est entre autres parce qu’une personne qui souffre depuis plusieurs années est tellement habituée à avoir mal que son cerveau a besoin de temps pour s’adapter à la nouvelle réalité.

Le corps doit aussi s’adapter localement. «Une personne qui a eu de l’arthrose très longtemps dans l’articulation du pouce a aussi plus de sensibilité à cet endroit et il faut le désensibiliser, indique Maxime Mireault. C’est en bougeant qu’on peut y arriver, et ce, même si l’on a mal.»

Ce qui ne va pas de soi. Des patients lui ont souvent dit en entrevue qu’ils ont peur de bouger leur pouce s’il fait mal après l’intervention. «Pour eux, la douleur est synonyme de dommage physique, alors ils ont l’impression de saboter leur chirurgie en bougeant leur pouce douloureux, précise-t-il. Mais c’est le contraire qui se passe. C’est pourquoi on recommande de bouger en thérapie et dans la vie quotidienne.»

Sensibiliser le patient au fonctionnement de la douleur est un moyen de le désensibiliser à la douleur elle-même, estime l’étudiant, qui est aussi ergothérapeute et pour qui cette forme d’éducation au mal facilite la réadaptation.

Ottawa, la Suisse et Montréal

Maxime Mireault

Maxime Mireault a commencé à s’intéresser à la douleur au cours d’un stage aux Pays-Bas, à la fin de sa maîtrise en ergothérapie à l’Université d’Ottawa. «Je n’avais pas pu partir en stage à l’étranger avant en raison de ma carrière de joueur de football universitaire», mentionne-t-il.  

De retour au Canada, il a travaillé en réadaptation musculosquelettique avec beaucoup de gens éprouvant des douleurs. Il est ensuite parti vivre en Suisse quelques années pour parfaire son expérience de travail dans le domaine de la douleur chronique. À son retour au pays en 2018, il a commencé son doctorat à l’UdeM. C’est aussi à ce moment-là qu’il a découvert le Réseau québécois des étudiants-chercheurs sur la douleur.

«J’ai assisté aux PAINtalks, qui sont des miniconférences vulgarisées sur la science de la douleur, raconte Maxime Mireault. J’ai trouvé les présentations vraiment pertinentes et intéressantes, alors j’ai décidé de m’engager bénévolement dans le Réseau. Les personnes qui vivent avec de la douleur sont grandement affectées par leur condition et elles peuvent apprendre énormément en assistant à ces conférences.»

PAINtalks 2020

Les PAINtalks 2020, organisés par le Réseau québécois des étudiants-chercheurs sur la douleur, auront lieu le 13 novembre à 17 h. L’UdeM sera bien représentée à cette activité, qui se déroulera en ligne cette année. Gabrielle Pagé, professeure-chercheuse au Département d’anesthésiologie et de médecine de la douleur, parlera de ce qui se passe lorsque deux grandes sources de stress, soit la pandémie de COVID-19 et la douleur chronique, se combinent. Marina Cayetano Evangelista, étudiante en médecine vétérinaire, présentera pour sa part le nouveau système de notation de la douleur chez les chats basé sur leurs expressions faciales: la Feline Grimace Scale. Il semble d’ailleurs qu’il y ait des similitudes entre les expressions faciales des humains et celles des autres mammifères lorsque vient le temps d’évaluer la douleur. Les PAINtalks sont gratuits et bilingues, mais il faut s’inscrire pour y assister.

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