Prédire la douleur chronique en fonction de la qualité de vie des patients

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Une étudiante de maîtrise en psychologie à l’UdeM s’est penchée sur l’association entre la qualité de vie et la douleur chronique.

Selon les résultats d’une étude réalisée par Alexandra Beaudin, étudiante de maîtrise en psychologie à l’Université de Montréal, les patients qui ont une mauvaise qualité de vie avant l’évènement les ayant menés aux urgences sont plus susceptibles de connaître une chronicisation de leur douleur initialement aigüe.

Cette étude a suivi plus de 450 patients hospitalisés, principalement au service des urgences de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, qui avaient reçu un diagnostic de douleur aigüe – causée par exemple par des fractures, des maux de dos, des douleurs abdominales.

Un questionnaire leur a été distribué pour estimer leur qualité de vie avant leur entrée à l’Hôpital, selon huit dimensions associées à la douleur chronique: le fonctionnement du corps, la santé physique, la douleur corporelle, la santé générale, la vitalité, le fonctionnement social, la composante émotionnelle et la santé mentale.

«L’idée était de voir si la qualité de vie permettait de prédire si les patients admis aux urgences pour une douleur d’abord aigüe allaient développer une douleur chronique trois mois plus tard», explique l’étudiante, dirigée par le Dr Raoul Daoust, professeur au Département de médecine de famille et de médecine d’urgence de l’UdeM.

À ses yeux, les résultats sont «significatifs»: les patients n’ayant pas vu leur douleur aigüe se transformer en douleur chronique ont obtenu de meilleurs scores que les sujets souffrant de douleurs chroniques dans les deux principales dimensions de la qualité de vie, soit la santé physique et la santé mentale.

Alexandra Beaudin rappelle que, dans la littérature, plusieurs prédicteurs de la douleur chronique ont déjà été désignés, comme les antécédents de dépression et d’anxiété, l’intensité de la douleur initiale, l’historique de douleur et les substances psychoactives. «La qualité de vie tient compte indirectement de plusieurs de ces prédicteurs, il n’est donc pas si surprenant que les résultats démontrent une association entre la qualité de vie d’un patient et le développement de la douleur chronique», précise-t-elle.

La douleur, un phénomène complexe

Alexandra Beaudin

Au Canada, une personne sur quatre souffre de douleurs chroniques. «Dans notre vie, nous allons tous croiser quelqu’un qui vit de la douleur ou nous allons nous-mêmes la vivre, affirme Alexandra Beaudin. Mais c’est une réalité qui passe un peu inaperçue, puisque c’est un mal invisible et que tous ne le ressentent pas avec la même intensité.»

Par son projet de recherche, l’étudiante cherche donc à trouver des solutions novatrices afin de prévenir la chronicisation de la douleur, en plus de vulgariser le phénomène. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’elle s’est récemment engagée dans l’organisation de la rencontre PAINtalks, une soirée de conférences sur la douleur.

En savoir plus sur le PAINtalks 2021

Le PAINtalks est une activité bilingue, gratuite et ouverte au public qui s’inspire des conférences TED afin d’offrir des conférences vulgarisées sur les controverses et les avancées dans le domaine de la douleur.

Organisée par le Réseau québécois des étudiants-chercheurs sur la douleur, la rencontre 2021 se tiendra le 5 novembre, à l’occasion de la Semaine nationale de la sensibilisation à la douleur, en mode hybride (webdiffusion et sur place à la Salle des promotions à Québec).

L’UdeM sera représentée par l’étudiante de doctorat en neuropsychologie clinique Estefania Loza, qui présentera son étude intitulée «Évaluer la douleur d’autrui: un défi empreint de subjectivité». La doctorante abordera les biais qu’un individu peut avoir lorsqu’il interprète la douleur des autres, notamment l’influence du genre, de l’apparence physique, de la couleur de peau et de la place de la personne qui souffre dans la hiérarchie sociale.

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