De Montréal à Madagascar: changer des vies grâce au Programme alimentaire mondial

Christine Trudel dans un lieu de distribution de produits nutritionnels spécialisés dans le nord du Sénégal

Christine Trudel dans un lieu de distribution de produits nutritionnels spécialisés dans le nord du Sénégal

Crédit : Cheikhabdou LOUM (Équipe WFP Sénégal)

En 5 secondes

En 2020, le Nobel de la paix a été décerné au Programme alimentaire mondial, un honneur que partage Christine Trudel, diplômée de l’UdeM, qui est agente de nutrition à Madagascar depuis plus d’un an.

Le parcours de Christine Trudel au Programme alimentaire mondial (PAM) de l’Organisation des Nations unies a commencé en 2018 à Dakar, au Sénégal. Elle avait donc de quoi se sentir fière lorsqu’elle a appris, en octobre 2020, que le prix Nobel de la paix était attribué au PAM: «Ma première réaction a été un gros sentiment de fierté. On se sent vraiment honoré d’avoir reçu ce prix-là, car il donne une voix aux 20 000 employés qui sont sur le terrain tous les jours, qui travaillent sans relâche dans des conditions difficiles. De manière plus importante, le prix donne une voix aux 811 millions de personnes qui se couchent le ventre vide tous les soirs. Il crée un élan pour mobiliser du soutien et les ressources dont on a besoin pour les appuyer et mieux les servir», explique Mme Trudel, jointe à son bureau à Madagascar par vidéoconférence. Elle précise que la devise du PAM est We stay and deliver: «Ça veut dire que, lorsqu’il y a des tsunamis, des tremblements de terre, la guerre, des réfugiés, des inondations, la COVID-19, etc., on reste sur le terrain pour aider la population. C’est la raison pour laquelle on a aussi eu le prix Nobel.»

Nutrition et aide humanitaire

La Montréalaise avait commencé ses études en nutrition à l’Université de Montréal quand elle a assisté à une conférence de Lyne Mongeau, professeure à l’UdeM et sommité en nutrition publique maintenant à la retraite: «Je me suis dit que je venais de trouver ma voie», s’exclame-t-elle. Ainsi, à la fin de son baccalauréat, elle a fait une maîtrise en santé publique et a même effectué son stage avec Mme Mongeau au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. On lui a ensuite offert un poste qu’elle a occupé pendant trois ans.

Quand on lui demande si elle a fait son choix de carrière dans le but éventuel de travailler dans l’humanitaire, elle rétorque que c’était surtout pour aider les populations à améliorer leurs conditions de vie: «Pour moi, c’était comme une étape logique dans mon parcours. C’est sûr que l’échelle est plus grande, car une organisation comme le PAM, c’est un peu rêver. J’ai énormément appris avec Lyne Mongeau, elle a été une super mentore et j’ai transféré toutes mes connaissances dans l’aide humanitaire après.»

Si ses études à l’Université de Montréal l’ont préparée à ses fonctions actuelles, Christine Trudel souligne que le programme par lequel elle a intégré le PAM lui a donné un bon coup de pouce. Le programme des administrateurs auxiliaires (ou JPO pour junior professionnal officer) permet à de jeunes professionnels d’acquérir de l’expérience sur le terrain dans l’aide humanitaire et le développement. Elle en parle parce que le Canada commandite des postes au PAM et qu’elle a été la première JPO canadienne en 10 ou 15 ans: «Des postes se sont ouverts en 2018, alors s’il y a des étudiants qui nous lisent et que cela intéresse, je les encourage à poser leur candidature, surtout qu’il y a énormément de besoins en nutrition qui sont à combler du côté francophone.» À titre d’exemple, les langues officielles à Madagascar sont le français et le malgache, tandis qu’au Sénégal, ce sont le wolof et le français.

Prêter main-forte

En ce qui la concerne, Christine Trudel adore son travail, qui consiste à s’assurer que ce qu’on donne à manger aux bénéficiaires a une bonne qualité nutritionnelle: «Je mets en place des programmes qui sont innovants pour réduire la malnutrition et les carences en micronutriments. Ici à Madagascar, le riz est l’aliment le plus consommé et dans toutes les couches de la population. En ce moment, on mène un projet pilote pour introduire du riz enrichi en vitamines et minéraux dans nos programmes de cantines scolaires. L’objectif avec l'enrichissement des aliments, ce n’est pas de changer les habitudes de consommation de la population, mais de lui offrir des produits qui ont une valeur ajoutée.»

Parmi les autres initiatives mises en place, Christine Trudel mentionne la création de jardins communautaires ou de jardins pour les cantines scolaires, adaptés aux conditions climatiques du pays, qui traverse une période de sécheresse sans précédent: «Une image qui m’a marquée, c’est de voir que la communauté que j’avais aidée quelques mois auparavant faisait pousser, à mon retour, de la salade dans le sable à 45 °C! Les gens sont très fiers d’être capables de produire localement des aliments nutritifs et diversifiés.»  

Un autre élément qui la motive à poursuivre son travail à Madagascar, un pays qu’elle trouve fantastique et qui mérite d’être découvert pour sa culture, ses richesses naturelles et ses gens accueillants, est la résilience des habitants: «Ils travaillent vraiment dur pour survivre et subvenir aux besoins de leurs familles et c’est touchant.»

  • Christine Trudel explique le processus de fortification du riz à Fieferana pour la télévision nationale de Madagascar.

    Crédit : Jimmyeric RABENANTENAINA (Équipe WFP Madagascar)
  • Le Programme alimentaire mondial intervient pour sauver et changer des vies dans les zones arides du Grand Sud de Madagascar.

    Crédit : Christine Trudel
  • Le Programme alimentaire mondial appuie la production de fruits et légumes frais malgré la sécheresse dans la commune d'Itampolo, dans le sud de Madagascar.

    Crédit : Christine Trudel

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