IVADO: bâtir sur de solides fondations

Luc Vinet

Luc Vinet

Crédit : Caroline Perron

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Directeur général d’IVADO depuis le 1er août, Luc Vinet mise sur une conjoncture exceptionnelle en IA et en recherche opérationnelle pour diversifier et élargir les activités de l’organisme.

Le 1er août dernier, IVADO, l’Institut de valorisation des données, a accueilli au poste de directeur général le physicien et mathématicien Luc Vinet, qui succède à Gilles Savard. Directeur du Centre de recherches mathématiques de 1993 à 1999 et de 2013 à 2021, Luc Vinet a par ailleurs fondé le Réseau de calcul et de modélisation mathématique et cofondé le réseau de centres d’excellence Mitacs.

Il a également été vice-recteur principal de l’Université McGill et recteur de l’Université de Montréal de 2005 à 2010. «IVADO est avant tout une équipe et une communauté remarquablement mobilisées: je suis certain qu’ensemble nous allons amener l’Institut encore plus loin dans un avenir proche», indique M. Vinet.

Celui qui aime toujours apprendre entrevoit des perspectives très intéressantes à travers ce nouveau mandat: «Il est rare qu’on nous donne l’occasion et les moyens de hisser un institut au plus haut niveau international. La présence de scientifiques d’expérience au Québec et au Canada, la reconnaissance de l’importance de valoriser les données et les moyens financiers accordés par le gouvernement constituent une conjoncture exceptionnelle», confie-t-il. M. Vinet, qui a travaillé durant toute sa carrière à faire grandir le milieu universitaire, a donc accepté avec joie l’invitation de se joindre à plusieurs collègues exceptionnels et experts reconnus, comme le professeur Yoshua Bengio.

Innover sur de bonnes bases

Luc Vinet dit vouloir «bâtir sur les épaules de ceux qui [l]’ont précédé. Il faut saluer le travail accompli par Gilles Savard et par tous les artisans d’IVADO. Leur succès est retentissant», déclare-t-il. L’évaluation de mi-mandat de cet immense projet que représente IVADO a d’ailleurs été élogieuse: tous les objectifs pour la période ont été atteints ou même dépassés.

Le nouveau directeur général compte bien poursuivre sur cette lancée tout en faisant évoluer IVADO. «On n’a pas le choix», rappelle M. Vinet. Le financement de l’Institut viendra en effet à terme en 2024 et les acteurs de sa communauté doivent déjà préparer la mise en candidature au concours du Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada: «Nous avons l’obligation de proposer une nouvelle vision.»

L’IA comme un outil universel

Luc Vinet souhaite ainsi diversifier et élargir les activités d’IVADO. Plusieurs domaines se sont développés depuis la naissance de l’Institut: «L’IA [intelligence artificielle] est devenue un outil universel, ce n’est plus une niche», remarque-t-il, ajoutant que l’agriculture comme la santé peuvent bénéficier des avancées en intelligence artificielle. Luc Vinet compte explorer toutes les possibilités qu'offrent les systèmes d’IA. «En s’inspirant du cerveau humain, l’IA continuera de favoriser les découvertes scientifiques dans toutes les sciences», croit-il.

Une piste à étudier serait par exemple la mise au point de nouveaux matériaux. En simulant plutôt qu’en testant chacune des molécules, l’IA permettrait d’accélérer les découvertes et de répondre à de grands enjeux tels que l’urgence climatique (amélioration de l’efficacité des batteries, absorption du carbone, etc.). Le même constat peut s’appliquer à la recherche sur les médicaments et à bien d’autres secteurs.

Élargir les champs d’action

Si les champs d’action d’IVADO sont déjà diversifiés (énergie, transport, santé, finance), ils devraient encore s’élargir dans les années à venir. «Il serait important d’examiner certains secteurs en environnement ou en sciences sociales où l’IA est pertinente. En économie, elle permet de simuler et de comprendre les conséquences de différents choix», illustre M. Vinet. Le recours aux algorithmes dans le monde réel doit aussi être amélioré.

«En élargissant notre champ d’action, nous allons favoriser de nouveaux transferts de connaissances et accroître les retombées des projets de recherche», poursuit-il.

IVADO devra finalement travailler dans les prochaines années à mieux se faire connaître du grand public et à faire progresser l’acceptabilité sociale des systèmes d’intelligence artificielle. «On doit continuer le travail de sensibilisation autour des avantages et des écueils de l’IA», conclut M. Vinet.

IVADO et sa place dans l’écosystème montréalais de l’IA

IVADO, l’Institut de valorisation des données, est né grâce à l’importante subvention de 96,5 M$ du Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada. Porté par l’Université de Montréal, Polytechnique Montréal et HEC Montréal, l’Institut vise à mettre les données au service de la population canadienne. «C’est arrivé au moment de l’explosion des progrès en IA [intelligence artificielle] et en apprentissage profond», raconte M. Vinet. Les actions de l’Institut reposent sur l’utilisation des données; ses foyers principaux d’intérêt sont l’IA, la science des données et la recherche opérationnelle. «IVADO met en lien l’intelligence artificielle, qui s’appuie sur les données, et la recherche opérationnelle pour améliorer la prise de décision», résume Luc Vinet.

L'organisme occupe une place centrale dans les écosystèmes de l’IA québécois, canadien et international. Il rassemble en effet une importante communauté, dont 7 membres et 19 partenaires du milieu de l’enseignement et de la recherche qui rejoignent plusieurs universités à travers la province et le Canada. La stratégie d’IVADO s’articule autour de quatre piliers (talents, connaissances, transfert et communauté). «On a voulu tabler sur les forces de l’UdeM, de HEC Montréal et de Polytechnique Montréal en intelligence artificielle. Il y a aussi une grande concentration de joueurs importants qui fait de Montréal l’un des plus grands centres en recherche opérationnelle», mentionne M. Vinet. IVADO occupe une position de chef de file dans cet écosystème en regroupant divers centres de recherche et en faisant la liaison avec près de 150 partenaires industriels grâce à ses conseillers pour qu’ultimement la société bénéficie de ces avancées. «On agit comme creuset, comme milieu d’interaction», observe M. Vinet. La situation d’IVADO lui permet également de réfléchir aux répercussions sociales de ces technologies et de mettre en œuvre de bonnes pratiques en matière d’éthique, d’équité, de diversité et d’inclusion.