Le recteur répond aux questions des membres de la communauté

Daniel Jutras

Daniel Jutras

Crédit : Amélie Philibert

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Le recteur Daniel Jutras répond aux questions posées par la communauté universitaire à la suite de sa déclaration annuelle.

Dans sa déclaration annuelle le 1er novembre, le recteur de l’Université de Montréal, Daniel Jutras, a fait état d’un établissement qui a su relever les défis de la pandémie et qui, renforcé par les enseignements de la crise sanitaire et inspiré par les membres de sa communauté, se mettait en marche pour réaliser de nouvelles ambitions. «Nous voulons devenir, d’ici 10 ans, l’université de langue française la plus influente dans le monde», a-t-il annoncé. Le recteur dévoilait ainsi la vision qui se trouve inscrite au cœur même du nouveau plan stratégique de l’UdeM.

«Nous avons la mission d’inventer l’Université de l’après-pandémie. Une maison des idées pour un monde en transformation. Un emblème culturel pour la jeunesse. Un vecteur de rayonnement pour le Québec et la langue française. Un phare pour la francophonie et le reste du monde», a résumé Daniel Jutras.

Le recteur a terminé sa déclaration en invitant la communauté à lui poser des questions. Il répond ici à quelques-unes de celles qui lui ont été adressées.

Vous souhaitez que l’UdeM devienne l'université la plus influente du monde francophone. Comment allez-vous vous y prendre? Et surtout, comment ferez-vous pour que tous les secteurs disciplinaires soient valorisés dans cette ambitieuse démarche?

Une précision d’abord: l’UdeM n’aspire pas à devenir l'université la plus influente du monde francophone, mais bien l’université de langue française la plus influente dans le monde. Nous croyons effectivement que son identité francophone assumée peut lui permettre de se démarquer dans d’autres zones culturelles que la francophonie.

Pour réaliser notre plan, nous lancerons au cours des prochains mois des projets fédérateurs qui seront liés aux trois objectifs définis dans notre plan stratégique: agir sur les grands enjeux sociaux, rehausser l’expérience de nos étudiants et étudiantes et devenir une organisation apprenante, capable de s’adapter et de se renouveler.

Ces projets ne sont pas encore officiellement annoncés, mais ils s’adresseront à l’ensemble de la communauté de l’UdeM. Ils seront de nature transversale et ne cibleront pas une seule discipline ou un seul groupe de disciplines. C’est l’Université comme un tout qui sera valorisée par de nouveaux parcours d’études interdisciplinaires, l’aménagement de lieux conviviaux sur nos campus, la valorisation de l’enseignement, la mise en œuvre du plan de développement durable et un soutien accru à nos chercheurs et chercheuses.

L'Université a annoncé son intention d'être carboneutre en 2040. Quelle stratégie sera mise en place pour atteindre cet objectif?

La stratégie comprend cinq étapes: 1. mesurer, 2. repenser, 3. sensibiliser, 4. réduire et 5. compenser. Nous allons donc commencer par recueillir les données de référence qui nous serviront à définir clairement le chemin pour nous rendre à la carboneutralité. Ultimement, nous compenserons nos émissions de plusieurs manières, notamment en augmentant la canopée sur les campus.

Depuis plusieurs années, l’Université multiplie les actions pour s’engager dans la transition écologique. À titre d’exemple, nous venons d’aménager des serres alimentaires au campus MIL, sur le site des Projets éphémères. Nous avons aussi créé un nouveau poste de conseiller à la lutte contre les changements climatiques dont le mandat consiste précisément à nous guider dans une démarche crédible et cohérente selon les conventions internationales en la matière. Nous entendons ainsi poursuivre l’implantation d’une culture du développement durable qui fera de notre établissement, je le souhaite, un modèle à suivre à ce sujet.

Vous dites que la communauté universitaire doit «exploiter les vertus de l’enseignement à distance». L’UdeM envisage-t-elle de donner aux étudiants et étudiantes le choix de la modalité de leurs cours: présentielle, distancielle ou hybride?

La réponse directe est non. Il serait irréaliste, d’un point de vue logistique, d’offrir tous nos cours simultanément dans les trois modes. Et le faire équivaudrait à devenir de facto une université à distance, ce qui ne fait pas partie de nos plans pour l’avenir. La mission universitaire prend tout son sens, et toute sa force, dans l’interaction humaine et dans la spontanéité. En parlant d’«exploiter les vertus de l’enseignement à distance», j’évoquais l’usage des nouveaux outils pédagogiques afin d’améliorer l’expérience d’apprentissage des étudiants et étudiantes – l’un de nos grands objectifs pour les 10 prochaines années. Bien utilisés, ces outils ont le potentiel d’augmenter considérablement la valeur des moments passés en classe.

L’Université se dotera d’une politique de télétravail d’ici un an. Où en sommes-nous au moment où la plupart des facultés et des services fonctionnent en mode hybride?

Cette année universitaire est une année de transition, une année laboratoire. Nous testons la formule hybride, dans chaque unité, pour voir ce qui fonctionne bien et ce qui fonctionne moins bien. Il est essentiel de faire cette expérience collective pour tirer des leçons qui nous seront précieuses au moment de concevoir la politique de télétravail. Le télétravail à cent pour cent est exclu précisément pour cette raison: même si certaines activités se prêtent bien au travail à distance, nous devons les accomplir en mode hybride pour établir comment l’ensemble de la communauté universitaire peut fonctionner de manière optimale et mener à bien, en priorité, la mission institutionnelle. Nos gestionnaires, en particulier, ont besoin de vivre le travail en mode hybride pour documenter la nouvelle expérience de travail. D’ailleurs, les membres du personnel et de la communauté étudiante seront sondés dans les prochains jours pour savoir comment ils vivent le mode hybride. Tout ce travail de documentation, effectué de concert par l’équipe de la professeure Tania Saba et la Direction des ressources humaines, est le préalable indispensable à une politique rigoureuse et équilibrée. La rigueur de cette démarche est d’ailleurs saluée par de nombreux organismes, syndicaux et patronaux. La politique devrait être présentée au printemps prochain.

Vous mentionnez les nombreux chantiers en cours sur nos campus. Pour les personnes à mobilité réduite, ces chantiers peuvent compliquer les déplacements. Que fait-on pour rendre nos installations plus accessibles?

L’Université est soucieuse de pouvoir offrir un environnement accessible et sans obstacle aux membres de sa communauté. L’accessibilité universelle est donc prise en compte dans plusieurs de nos projets actuels et le sera pour tous nos chantiers futurs. Nos travaux à la place de La Laurentienne, par exemple, sauront refléter cet engagement.

Nous travaillons en étroite collaboration avec trois organismes qui ont comme préoccupation l’accessibilité universelle et qui connaissent bien notre réalité. Nous essayons de répondre aux besoins des usagers sur nos différents campus, dont l’un, celui de la montagne, est le théâtre de nombreux chantiers en ce moment, ce qui complique les déplacements pour les personnes à mobilité réduite. Notre directeur des services à la communauté à la Direction des immeubles, qui est responsable de l’accessibilité aux bâtiments, s’est d’ailleurs déplacé cet été en fauteuil roulant dans le pavillon Roger-Gaudry pour déterminer les obstacles qui nuisent à l’accessibilité de nos installations et apporter des correctifs.

L’équité, la diversité et l’inclusion font partie de vos valeurs profondes. Que fait concrètement l’Université pour faire une plus grande place aux membres de sa communauté qui appartiennent aux minorités?

De toutes les universités de la métropole, l’Université de Montréal est probablement celle dont la communauté étudiante reflète le plus la diversité de la population montréalaise. De 20 à 25 % de nos étudiantes et étudiants sont issus de la diversité. Du côté du personnel, nous avons encore des efforts à faire. Nos objectifs en matière d’accès à l’égalité en emploi ne sont pas atteints, comme le relevait le diagnostic établi en 2020: notre personnel compte 6,4 % de membres d’une minorité visible, pour un objectif de 12 %, et 3,6 % de membres d’une minorité ethnique, pour un objectif de 10 %. Depuis, nous nous sommes dotés d’un ambitieux plan d’action qui comprend 174 mesures pour promouvoir l’inclusion sous toutes ses formes dans notre communauté.

La pandémie a créé une certaine détresse dans la population étudiante et les besoins en santé mentale ont augmenté considérablement. Que fait l’UdeM pour soutenir ceux et celles qui éprouvent des difficultés d’ordre psychologique durant leur parcours?

Sans conteste, la pandémie a eu un effet déstabilisant chez plusieurs de nos étudiants et étudiantes et la demande de soins de santé psychologique a beaucoup augmenté. Grâce au soutien du gouvernement du Québec, nous avons pu mieux y répondre. Nous avons embauché deux infirmières praticiennes spécialisées en soins courants et en santé mentale, nous continuons de recruter des psychologues et nous avons noué une entente avec un fournisseur de services de consultations individuelles en psychothérapie, qui réalise plus de 200 consultations par mois. Nous orientons également les étudiants et étudiantes vers des ressources telles que des psychothérapies de groupe ou encore des groupes d’autogestion de l’anxiété, de l’estime de soi et de la dépression. Enfin, nous avons travaillé avec les associations étudiantes pour lancer la campagne de sensibilisation toutlemondeadesbas.ca, qui vient rappeler ce qui devrait être une évidence: tout le monde est, un jour ou l’autre et d’une façon ou d’une autre, touché par des difficultés d’ordre psychologique.