Découvrir les œuvres d’art autour de soi

Une promenade artistique sur le campus de l’UdeM avec Lena Krause

Une promenade artistique sur le campus de l’UdeM avec Lena Krause

Crédit : CC-BY Maison MONA

En 5 secondes

L’application gratuite MONA, conçue à l’UdeM, permet de mieux connaître les œuvres d’art à Montréal.

Chaque jour, quand nous déambulons dans des endroits publics, des œuvres d’art s’immiscent dans notre quotidien sans que nous en prenions conscience. «Nous passons à côté d’œuvres d’art public dans des lieux que nous fréquentons tous les jours, que ce soit à l’Université de Montréal, dans le métro ou encore dans la rue. Les œuvres d’art sont tellement bien intégrées à l’espace public que, bien qu’elles soient sous nos yeux, elles deviennent paradoxalement invisibles», dit Lena Krause, responsable du Laboratoire d’histoire de l’art et de muséologie numérique au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’UdeM. C’est pour cela qu’elle a créé durant un cours de son baccalauréat en histoire de l’art et en informatique pour les sciences humaines une application mobile proposant de partir à la découverte d’œuvres d’art autour de soi. À sa maîtrise en histoire de l’art, elle a poursuivi ce projet d’application mobile au sein du groupe de recherche Art et site, dirigé par Suzanne Paquet, professeure d’histoire de l’art à la Faculté des arts et des sciences.

Collectionner les œuvres d’art comme des Pokémon

Dans un cours d’informatique, Lena Krause devait élaborer avec son coéquipier Daniel Jimenez une application mobile à partir de données préexistantes. En consultant la plateforme de données ouvertes de la Ville de Montréal, elle a découvert le jeu de données sur l’art public.

Lorsqu’elle a souhaité obtenir des informations sur les artistes, elle s’est heurtée à des contraintes relatives au droit d’auteur. Pour les contourner, elle a alors pensé que ces artistes pourraient ajouter dans l’application leurs propres photographies de leurs œuvres.

L’application qui a vu le jour géolocalise les œuvres d’art qui se trouvent autour de soi à Montréal. On part alors à leur recherche à la manière d’une chasse au trésor. «Comme des Pokémon, on peut rechercher les œuvres cataloguées et les collectionner. En les collectionnant, les utilisateurs et utilisatrices obtiennent des macarons.»

Les deux étudiants ont appelé leur application MONA. «C’est pour MON Art, MON Application, MONtréal. C’est aussi un prénom féminin lié à la technologie. Et c’est le prénom de ma tante!» indique Lena Krause.

Redonner ses lettres de noblesse à l’art public

Pour mieux faire découvrir les œuvres d’art, Lena Krause a rendu cette application gratuite et accessible à tous.

Ne souhaitant pas privatiser l’outil, elle s’est battue pour obtenir du financement. Elle a remporté plusieurs bourses, dont le prix Projet par excellence du Concours Forces Avenir, le deuxième prix du HackQC 2020 et un prix au Hackathon social de Dynamo.

La conceptrice a ainsi pu constituer une équipe de 13 personnes: 7 dans le domaine artistique et 6 en informatique.

Aujourd’hui, elle supervise, dans un cours d’informatique, des étudiants et des étudiantes qui souhaitent apprendre à développer une application mobile. «En travaillant sur MONA, ils ont l’occasion de travailler sur un premier projet concret», dit la jeune femme.

Que pensent les gens des œuvres d’art?

Sur l’application, chacun est libre de commenter les œuvres. Les photographies et les commentaires sont ensuite envoyés aux gestionnaires de l’application de façon anonymisée.

Les expériences vécues avec l’application forment ainsi une base de données d’interactions sur des d’œuvres d’art. Des données que Lena Krause va étudier avec la professeure Paquet et son groupe de recherche Art et site.

Du virtuel au réel avec des promenades artistiques

Voyant l’art comme l’occasion d’un rassemblement qui n’est pas seulement virtuel, Lena Krause propose avec son organisme sans but lucratif Maison MONA des promenades artistiques en groupe. Des participants accompagnés par des membres de MONA marchent ensemble à la recherche d’œuvres d’art qu’ils peuvent ensuite photographier et commenter.

Ainsi, aux Journées de la culture 2021, des balades ont eu lieu autour du parc La Fontaine, dans Villeray et sur le mont Royal. Des promenades avec des personnes nouvellement arrivées au Québec ont également été organisées en collaboration avec l’organisme Say ça. «Par exemple, l’œuvre In Blankets, Herds and Ghosts, de Lara Kramer, qui se trouve au-dessus du café Cherrier, a été découverte par les jeunes qui ont pris part à l’activité. C’est une très belle façon pour les nouveaux arrivants de se rencontrer autour d’œuvres d’art», mentionne l'étudiante.

Demain, une perspective autochtone dans MONA

Prochainement, Craig Commanda, un artiste anichinabé, va entreprendre un stage chez MONA. Cet artiste multidisciplinaire va travailler sur la perspective autochtone de l’art public. Il va notamment écrire des notices sur des œuvres d’art autochtones produites ou sur des monuments coloniaux grâce au financement CultivART, du Conseil des arts de Montréal. 

Lena Krause est particulièrement fière de cette embauche, comme elle l’est des différentes personnes qui ont travaillé pour MONA.

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