Concours d’éloquence «Délie ta langue!»: la victoire à Valérie Bélanger
- UdeMNouvelles
Le 29 mars 2022
- Virginie Soffer
Michel Robitaille, président du jury et président du Centre de la Francophonie des Amériques; Monique Cormier, créatrice du concours d’éloquence «Délie ta langue!» et professeure titulaire au Département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal; Valérie Bélanger, lauréate (1er prix) et étudiante au certificat en rédaction-communications de l’Université du Québec à Chicoutimi; et André d’Orsonnens, président et chef de la direction de Druide informatique.
Crédit : Rémy BoilyLe Grand Prix Antidote du concours d’éloquence «Délie ta langue!» a été remporté par Valérie Bélanger, qui a séduit le jury avec l’expression «Mettre au pied du mur».
La grande finale du quatrième concours Délie ta langue! s’est déroulée le 28 mars à Bibliothèque et archives nationales du Québec et en ligne. Plus de 400 personnes de 18 pays ont assisté à cette épreuve animée par Françoise Guénette où s’affrontaient 10 participants et participantes de cinq universités québécoises.
Parmi le public se trouvaient Simon Jolin-Barrette, ministre de la Justice et responsable de la Langue française, Danielle McCann, ministre de l’Enseignement supérieur, Ginette Galarneau, présidente de l’Office québécois de la langue française, Daniel Jutras, recteur de l’Université de Montréal, et Monique Cormier, vice-rectrice associée à la langue française et à la Francophonie à l'UdeM.
«Mettre au pied du mur»
Avec l’expression Mettre au pied du mur, Valérie Bélanger, étudiante au certificat en rédaction-communications à l’Université du Québec à Chicoutimi, a remporté le grand prix du concours, soit 5000 $, décerné par Druide informatique.
«Mettre au pied du mur, c’est l’expression qu’on emploie lorsqu’une personne en met une autre dans une situation à laquelle il est impossible d’échapper», a dit la jeune femme. Selon le dictionnaire, a-t-elle poursuivi, «l’origine de l’expression réside dans les combats d’escrime. La stratégie étant de s’imposer à l’épée sur son adversaire et le faire reculer pour le priver de toute possibilité d’esquive. Ainsi l’épéiste en situation favorable peut darder sur son compétiteur son estoc et gagner des points».
Valérie Bélanger a fait le parallèle avec la stérilisation forcée de femmes autochtones, mises au pied du mur et contraintes à l’inéluctable: «Ils et elles sont des professionnels de la santé, mais ils et elles sont aussi des athlètes olympiens du sophisme à manier des mots comme on manie l’épée. Et elle, la femme autochtone, ne possède pas la moitié d’une dague émoussée pour tenir tête aux maîtres épéistes du colonialisme médical. Avec leur sabre affûté de lyrisme déshumanisant, ils pourfendent sa culture ancestrale. Perdant, elle est acculée à la stérilisation forcée. […] On l’a mise au pied du mur, acculée aux politiques eugéniques du pouvoir étatique.»
Quatre autres performances brillantes
Guillaume Savard, directeur du Secrétariat à la promotion et à la valorisation de la langue française ; Monique Cormier, créatrice du concours d’éloquence «Délie ta langue!» et professeure titulaire au Département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal; Ema Holgado, lauréate (2e prix) et étudiante au baccalauréat multidisciplinaire de l’Université de Sherbrooke; Denis Hamel, membre du jury et vice-président aux Politiques de développement de la main-d’oeuvre au Conseil du patronat du Québec.
Crédit : Rémy BoilySous les applaudissements du public, les autres candidats et candidates ont livré des performances brillantes. Le deuxième prix – 3000 $ du Secrétariat à la promotion et à la valorisation de la langue française du gouvernement du Québec ‒ a été décerné à Ema Holgado, étudiante au baccalauréat multidisciplinaire en politique, histoire et religions à l’Université de Sherbrooke, qui a défendu l’expression Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es, plus connue sous la forme «Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es».
Marc Charawi, planificateur financier et gestionnaire de portefeuille associé, BMO Nesbitt Burns – Groupe Lortie Charawi Jetté ; Monique Cormier, créatrice du concours d’éloquence «Délie ta langue!» et professeure titulaire au Département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal; Claudel Aylwin, lauréate (3e prix) et étudiante au baccalauréat en sciences infirmières de l’Université de Montréal; Line Beauchamp, membre du jury et consultante stratégique.
Crédit : Rémy BoilyC’est Claudel Aylwin, étudiante en sciences infirmières à l’Université de Montréal, qui a obtenu le troisième prix, d’une valeur de 1000 $, offert par le groupe BMO, avec l’expression Avoir le cœur sur la main et son plaidoyer pour la reconnaissance du travail des infirmières et infirmiers qui a pris la forme d’un cri du cœur.
«À quel avenir est voué le personnel dévoué? a-t-elle demandé. Anges gardiens et gardes-malades font la garde au bord du précipice, précipités de choisir entre la carrière en santé ou la santé. […] À cœur ouvert, les infirmières s’insurgent. Elles crient au manque de sommeil. Elles crient au manque de personnel. Elles crient au surplus de travail. Elles crient.»
Michel Robitaille, président du jury et président du Centre de la Francophonie des Amériques; Monique Cormier, créatrice du concours d’éloquence «Délie ta langue!» et professeure titulaire au Département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal; Kadiathou One, lauréate (prix Coup de coeur du jury) et étudiante au baccalauréat en sciences de la communications de l’Université de Montréal; Noëlle Guilloton, membre du jury et terminologue agréée; Sylvain Lavoie, président-directeur général du Centre de la Francophonie des Amériques.
Crédit : Rémy BoilyLe prix Coup de cœur du jury – 500 $ offerts par le Centre de la Francophonie des Amériques – a été décerné à Kadiathou One, étudiante en sciences de la communication à l’Université de Montréal, pour l’expression Découvrir le pot aux roses. Le jury a été séduit par son charisme, par son authenticité. «Créons un climat de respect, de confiance, de tolérance», a indiqué la lauréate.
Djavan Habel-Thurton, membre du jury et journaliste à Radio Canada; Monique Cormier, créatrice du concours d’éloquence «Délie ta langue!» et professeure titulaire au Département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal; Marine Cailleau, lauréate (prix du public) et étudiante au baccalauréat en biologie de l’Université du Québec à Rimouski; Sophie Montreuil, directrice générale de l’Acfas.
Crédit : Rémy BoilyPour finir, Marine Cailleau, étudiante en biologie à l’Université du Québec à Rimouski, a reçu le Prix du public – 500 $ de l’Acfas – pour avoir parlé du consentement des femmes avec l’expression Ne pas avoir froid aux yeux. «Comment ne pas avoir froid aux yeux quand une force invisible nous force à les fermer? Comment s’exprimer selon son cœur lorsque le poids de l’autre sur nous l’écrase?» a interrogé la gagnante.
Les autres prestations ont été saluées par le jury, qui s’est déclaré «frappé par la qualité exceptionnelle des candidats et candidates».
Une subvention de 450 000 $ pour le concours «Délie ta langue!»
Le ministre de la Justice et responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a annoncé le versement d’une subvention de 450 000 $ sur trois ans à l'Université de Montréal pour que le concours Délie ta langue! puisse être organisé à l'échelle du Québec et invité l'ensemble des universités québécoises à y participer.
«Nous sommes comblés de pouvoir compter sur une relève qui s'illustre et qui rayonne dans toute la francophonie. Notre langue est portée par une jeunesse vive d'esprit, éloquente et fière de sa langue, le français, un constat qui permet d'envisager avec confiance l'avenir du Québec en français», a-t-il mentionné.