Des robots pour ranger ses affaires

Glen Berseth

Glen Berseth

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Fraîchement débarqué de Californie, le professeur Glen Berseth se consacre à sa passion: comprendre l'intelligence des machines… et faire en sorte que les robots fassent le ménage à la maison.

Glen Berseth est depuis longtemps fasciné par les machines. Enfant, il aimait les démonter pour voir comment elles fonctionnaient. Aujourd'hui, il aime les faire fonctionner grâce à la robotique.

Engagé l’automne dernier comme professeur adjoint au Département d’informatique et de recherche opérationnelle de l'Université de Montréal après des recherches postdoctorales à l'Université de Californie à Berkeley, l’homme de 33 ans veut aider les gens à avoir les mains libres.

Sa passion est née durant l’enfance, alors qu'il grandissait en Ontario et au Colorado.

«Je démontais les Game Boy, les ordinateurs personnels, les téléviseurs, les aspirateurs. En général, ils ne fonctionnaient déjà plus, donc je n'endommageais pas ce que mes parents avaient acheté! se souvient-il. J'étais fasciné par l'aspect électronique du fonctionnement des objets.»

Encouragé par son père

Alors que son frère était plutôt sportif, Glen Berseth a été encouragé dans son loisir par son père, docteur en biologie devenu ingénieur en logiciels pour une grande compagnie de téléphone.

«Outre les voitures télécommandées, que je recevais presque à chaque anniversaire, il y avait le RadioShack 300-in-1 Electronic Project Lab, dit-il. Ce matériel comportait beaucoup de fils et de résistances pour fabriquer des objets comme des capteurs de lumière et de mouvement.»

Plus tard, dans ses études de premier cycle en informatique à l'Université York et par la suite à la maîtrise, il s'est intéressé à la robotique en participant à la conception d'un prototype d’astromobile martien qui a gagné plusieurs concours internationaux.

Dans le cadre de ses travaux de doctorat à l'Université de la Colombie-Britannique, il s'est tourné vers un nouveau domaine, les systèmes d'apprentissage, en essayant de contrôler des objets tels que des robots simulés et des robots réels. «C'est comme jouer à un jeu vidéo compliqué, mais en utilisant uniquement les mathématiques», explique-t-il.

Ensuite, il a poursuivi sa formation au Berkeley Artificial Intelligence Research Lab et au Robotic AI & Learning Lab, supervisé par Sergey Levine.

«Montréal me convenait parfaitement»

Enfin, l'année dernière, Montréal lui a fait signe.

«Il y a plusieurs raisons pour lesquelles cet endroit me convenait parfaitement, mentionne-t-il. D'abord, le fait de faire partie du programme CIFAR est très utile: je peux recruter des étudiants beaucoup plus rapidement afin de commencer mes recherches.

«L'UdeM, qui souhaite avoir plus de roboticiens parmi ses professeurs, m'a fait une offre intéressante en me proposant de développer la robotique au département; et un nouveau bâtiment sera construit où, dans quelques années, nous aurons encore plus d'espace pour nos projets.

«De plus, le fait de faire équipe avec Mila me permet d’enrichir mon orientation générale, qui consiste à utiliser des algorithmes d'apprentissage sur des robots. Mes étudiants et moi-même pouvons tirer des enseignements des spécialistes de l'apprentissage automatique de Mila.»

Son dernier projet est un robot capable de ranger la maison, «une sorte d'aspirateur avec un bras robotisé sur le dessus qui ramasse et range les jouets de vos enfants ou les objets avec lesquels votre chat joue, comme fait le mien».

Un robot qui plie les vêtements

Il a également travaillé sur un robot qui plie le linge. «En général, l'idée est de concevoir des robots avec plus de capacités en termes de ménage pour permettre aux gens de se concentrer davantage sur les choses qu'ils aiment dans la vie. Les parents pourraient passer plus de temps à s'amuser avec leurs enfants et moins de temps à nettoyer derrière eux. Ce serait génial», indique-t-il.

La robotique comporte également un aspect pratique sur le plan de l’enseignement: rendre les laboratoires plus efficaces. Glen Berseth cherche ainsi à automatiser les expériences de chimie; des robots pourraient s'occuper de la préparation du matériel pendant la nuit et les étudiants consacreraient leurs heures de travail à analyser les résultats des expériences.

À l'avenir, Glen Berseth se voit élaborer des systèmes robotisés qui non seulement exécutent des tâches précises, mais possèdent également des attributs physiques humains réels pour les y aider, soit des «mains» avec une «peau» douce pour mieux saisir les objets par exemple.

Nourrir son chat automatiquement

Dans son appartement du Plateau-Mont-Royal, il a installé un distributeur automatique de croquettes pour son chat, qui ainsi ne le tire plus du lit le matin. Il a aussi installé un serveur de fichiers fait maison et il utilise beaucoup la synthèse vocale.

«Je me sers de la synthèse vocale presque toute la journée pour répondre aux courriels et rédiger de longs commentaires sur des documents de recherche, explique-t-il. J'essaie d'éviter autant que possible la frappe au clavier.»

Son idée du bonheur: s'allonger dans son hamac et dicter tout ce qu'il doit dire au cours d'une journée, les mains libres et sans souci.

À Vancouver, lorsqu'il était à l'université, il travaillait sur des robots dans son appartement d'étudiant. Chez lui, à Montréal, il n'a pas recommencé à le faire – et il n'a pas encore acquis un robot aspirateur.

«Je suis curieux de voir comment mon chat réagirait à cela», conclut-il.