Plus que le Zika ou la crise du verglas, la COVID-19 altère la santé mentale des femmes enceintes

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Selon une étude dirigée par la professeure Anick Bérard, 23 % des femmes enceintes ou en post-partum ont souffert de symptômes dépressifs majeurs pendant les trois premières vagues de la pandémie.

La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions sur la santé mentale des femmes durant la grossesse et le post-partum, confirme un volet de l’étude CONCEPTION menée par Anick Bérard, chercheuse au CHU Sainte-Justine et professeure titulaire à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal. Et son influence est plus grande que celle d’autres crises historiques, telles la crise du verglas de 1998 ou la crise du virus Zika.

Les résultats de l’étude, qui se penche sur les trois premières vagues de la pandémie, ont été publiés récemment dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health.

D’après les données recueillies, 23 % des femmes enceintes ou en post-partum souffraient de symptômes dépressifs majeurs et, chez près de 40 % d’entre elles, ces symptômes étaient de modérés à graves, relatifs notamment à l’anxiété et au stress.

«Alors qu’une grande attention est accordée à la santé physique des femmes enceintes, ces résultats prouvent qu’il faut aussi considérer leur santé mentale et mettre en place des programmes de soutien psychologique adaptés pendant la grossesse et après l’accouchement», soutient Anick Bérard.

L’étude CONCEPTION a également démontré que les femmes ayant accouché durant la pandémie présentaient des symptômes de dépression plus graves que les futures mères. La prévalence des symptômes chez les femmes enceintes augmentait à l’approche de l’accouchement.

«La dépression, l’anxiété et le stress chez les femmes enceintes sont associés à des risques de naissance prématurée et de problèmes cognitifs durant l’enfance. Pour bien mesurer la portée de ces symptômes dépressifs et instaurer des stratégies en vue de la réduire, il nous apparaît désormais nécessaire d’assurer un suivi longitudinal des enfants nés au cours de cette période», précise la chercheuse.

D’après l’étude, la deuxième vague de la pandémie, entre décembre 2020 et avril 2021, a été la plus lourde de conséquences sur la santé mentale des femmes enceintes parmi les trois vagues analysées.

Méthodologie

L'équipe de recherche a recruté 3200 Canadiennes par l'intermédiaire des réseaux sociaux et dans certaines cliniques obstétricales entre juin 2020 et août 2021, soit 2574 femmes enceintes et 626 femmes ayant accouché. Réalisée à l’aide de l’échelle de dépression postnatale d’Édimbourg et du test de troubles anxieux GAD-7 (Generalized Anxiety Disorder-7), l’analyse de facteurs sociodémographiques et des mesures de santé mentale comparait les résultats selon le stade de la grossesse, le trimestre gestationnel et la période pandémique (vague de cas). Les participantes enceintes ont rempli un questionnaire en ligne à deux moments: lors du recrutement durant la grossesse et deux mois après l’accouchement; les femmes qui avaient déjà accouché n’ont rempli le questionnaire qu’une seule fois.

Les participantes de l'étude CONCEPTION et leurs enfants font l’objet d’un suivi 18 mois après la naissance et certains enfants sont évalués en personne à 24 mois.

Étant donné que la pandémie de COVID-19 perdure, l’étude CONCEPTION recrute toujours.

À propos de l’étude

L’article «The COVID-19 Pandemic Impacted Maternal Mental Health Differently Depending on Pregnancy Status and Trimester of Gestation», par Anick Bérard et ses collaborateurs, a été publié le 2 mars 2022 dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health.  Le financement de l’étude a été assuré par les Instituts de recherche en santé du Canada et la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal.

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