Prescri-Nature: une ordonnance verte pour vivre mieux

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Des professionnels de la santé prescrivent du temps en nature pour améliorer le bien-être à travers le programme Prescri-Nature, auquel participe la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers.

Marcher en forêt, jardiner, pratiquer des activités de plein air, contempler les arbres et les oiseaux… Quoi de plus sain pour la tête et le corps? Depuis des millénaires, les populations autochtones conçoivent la nature comme un pilier de leur santé.

Et voilà que ce concept vieux comme le monde se fraie un chemin dans le milieu médical. Pour cause: depuis 10 ans, la science multiplie les données probantes selon lesquelles le fait d’être en contact avec la nature contribue à régler divers problèmes de santé tant chez les adultes que chez les enfants.

Claudel Pétrin-Desrosiers

Claudel Pétrin-Desrosiers

Crédit : Photo de courtoisie

«Passer de 20 à 30 minutes en nature réduit significativement la prévalence de la dépression, abaisse le taux sanguin de cortisol – l’hormone du stress –, la pression artérielle et la fréquence cardiaque, en plus de stimuler la mémoire et la créativité. Le contact avec la nature est l’une des seules interventions cliniques à n’entraîner aucun effet indésirable», affirme d’emblée la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, chargée d’enseignement clinique au Département de médecine de famille et de médecine d’urgence de l’Université de Montréal et médecin de famille au CLSC de Hochelaga-Maisonneuve.

De fait, les bienfaits de la nature sur la santé physique et la santé psychologique sont si nombreux que des «ordonnances de temps en nature» font maintenant partie de l’arsenal des professionnelles et professionnels de la santé d’ici et d’ailleurs. La dose prescrite: au moins deux heures par semaine passées dans des espaces verts, 20 minutes ou plus à la fois.

«Cette recommandation est une mesure de santé globale intéressante dans un contexte d’adaptation aux changements climatiques», observe la Dre Pétrin-Desrosiers, l’une des figures les plus en vue et crédibles au Québec dans le domaine de la santé et de l’environnement.

Une première au Québec

Lancé en grande pompe en mai, Prescri-Nature est le premier programme de prescriptions de nature à voir le jour au Québec, soutenu par des organisations représentant plus de 45 000 membres du personnel de la santé dans la province (l’inscription des prescripteurs se fait sur la plateforme Web).

Adaptation québécoise de l’initiative nationale PaRx de la BC Parks Foundation, Prescri-Nature poursuit un double objectif: sensibiliser la population aux bienfaits de la nature sur la santé et parfaire les connaissances des professionnelles et professionnels de la santé en leur offrant des conseils et des ressources fiables.

«Le programme vise à officialiser l’acte de prescrire la nature au même titre qu’un médicament, en créant une communauté de praticiens. C’est connu: un document écrit, remis au patient et signé par un professionnel de la santé, aura un effet plus grand qu’un conseil verbal», estime la Dre Pétrin-Desrosiers.

À chacun sa dose

Première prescription de temps en nature signé par la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers.

Crédit : Photo de courtoisie

Il ne suffit pas de prescrire une même dose pour tout le monde, loin de là! Aussi la médecin de famille prend-elle le temps de discuter avec chaque patient pour connaître ses activités préférées, le temps passé dehors et sa relation avec la nature afin de personnaliser l’ordonnance.

«Pour celles et ceux qui sortent peu de la maison et sont relativement sédentaires, ça peut paraître impossible de se promener deux heures par semaine en forêt. Ensemble, on détermine ce qu’ils sont capables de faire dans un parc près de chez eux. Chaque personne, incluant celles vivant dans les villes et encore plus particulièrement dans les quartiers défavorisés, doit avoir accès à des espaces naturels de qualité et riches en biodiversité à proximité de sa demeure», indique la Dre Pétrin-Desrosiers.

Minirévolution à l’horizon

D’un point de vue médical, Prescri-Nature s’inscrit dans la lignée des prescriptions sociales en médecine. Après le sommeil, l’activité physique et la cessation tabagique, le contact avec la nature se présente comme le quatrième pilier de la santé. «Elle est là, la révolution, fait remarquer la Dre Pétrin-Desrosiers. Voilà quelque chose à notre portée, positif pour notre santé physique et notre santé psychologique et bon pour la planète. Car c’est prouvé, les gens qui passent plus de temps en nature sont plus enclins à la protéger.»

Prescri-Nature est porté par un grand nombre de partenaires du domaine de la santé, dont la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. La liste complète des collaborateurs est disponible ici.