Réduire les émissions de GES en transformant le transport

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Depuis quelques années, cinq professeurs affiliés à l’UdeM et à Polytechnique Montréal joignent leurs expertises pour diminuer l’empreinte environnementale des systèmes de transport québécois.

Le secteur des transports est l’un des principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde. Au Québec, cette part s’élève à 43 %, dont 80 % sont dus au transport routier, selon les données du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

Dans une optique de développement durable et en adéquation avec les objectifs énoncés dans la Politique de mobilité durable 2030 du Québec, il est essentiel de soutenir les actions visant à réduire les émissions de GES de ce secteur.

C’est avec cette volonté qu’a été créée en 2018 la Chaire en transformation du transport: pour élaborer des outils, des méthodes et des stratégies destinés à améliorer la gestion des systèmes de transport afin de diminuer les émissions de GES.

La Chaire a cinq cotitulaires: trois professeurs de l’Université de Montréal – Normand Mousseau, du Département de physique, Emma Frejinger et Bernard Gendron, du Département d’informatique et de recherche opérationnelle ‒ et deux professeurs de Polytechnique Montréal, soit Martin Trépanier et Catherine Morency.

Des solutions tangibles à des enjeux d’envergure

Ces chercheuses et chercheurs sont des experts de la simulation, de l’optimisation et de la modélisation. Ces techniques leur servent à évaluer les façons de réduire les déplacements et les distances à parcourir, améliorer l’efficacité des véhicules et à favoriser l’utilisation des moyens de transport plus durables.

Dans cette visée, ce sont une quarantaine de projets qui sont menés en transport tant de personnes que de marchandises. Par exemple, les divers scénarios prospectifs ont notamment permis de désigner les meilleures combinaisons de véhicules pour la livraison urbaine, de modéliser les comportements des conducteurs au volant, de déterminer les variables significatives pour prédire l’évolution du nombre de livraisons faites par vélo-cargo et de cibler les enjeux de la livraison de colis dans des casiers.

«En soi, la Chaire joue un rôle rassembleur, indique Martin Trépanier. Elle réunit autour d’une même table des expertises de recherche variées – pensons seulement aux cinq cotitulaires qui travaillent en génie, en informatique et en physique –, mais aussi des organismes publics et privés, des entreprises et des ministères. Les enjeux auxquels nous faisons face sont complexes et mobilisent de nombreux acteurs.» 

Un défi de société

Les cotitulaires de la Chaire s’accordent à dire qu’une approche systémique est la seule façon d’appréhender la transformation des transports.

«Ce n’est pas une seule composante magique comme l’électrification des transports qui permettra non seulement de réduire de façon pérenne les émissions de GES, mais aussi de garantir l’équité sociale, favoriser la qualité de l’air, diminuer la congestion et les coûts de transport, affirme Emma Frejinger. Il faut intégrer à l’équation les comportements des usagers, optimiser l’offre et les structures déjà existantes, en plus de mieux outiller les décideurs.»

Les travaux de la Chaire démontrent justement l’importance de revoir l’usage du voiturage en solo et le fonctionnement en silo de nos systèmes logistiques et de laisser plus de place aux transports collectifs, actifs et partagés, ainsi qu’à la mutualisation des activités logistiques.

Et est-ce que le Québec peut y parvenir? Les cotitulaires de la Chaire en sont également persuadés. «La pandémie nous a montré que tout était réalisable, renchérit Martin Trépanier. Avec le télétravail, nous avons vu qu’il était possible d’avoir des scénarios qui transforment la société de façon radicale. Le Québec est outillé pour prendre les bonnes décisions, qui peuvent parfois être perçues comme pénibles, mais qui sont nécessaires.»

Là réside toute l’importance de la Chaire en transformation du transport: assurer le transfert des connaissances vers les structures politiques et citoyennes. Puisque ce sont elles qui, en fin de compte, peuvent réellement transformer durablement le transport.

Un projet partenarial

Créée à l’Université de Montréal grâce à une subvention du ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec, la Chaire en transformation du transport peut compter sur le soutien de plusieurs partenaires: l’Autorité régionale de transport métropolitain, CargoM ‒ la Grappe métropolitaine de logistique et transport de Montréal ‒, le Centre interuniversitaire de recherche sur les réseaux d’entreprise, la logistique et le transport, Coop Carbone, Exo, l’Institut de l’énergie Trottier et IVADO ‒ l’Institut de valorisation des données.

En plus du ministère de l’Économie et de l’Innovation, le ministère des Transports et le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques participent à l’initiative.

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