Le temps des fêtes, c’est bon pour votre santé cognitive!

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À tous les grincheux qui détestent Noël: deux spécialistes du vieillissement cognitif expliquent pourquoi les activités liées au temps des fêtes peuvent être bénéfiques pour la santé de notre cerveau.

Êtes-vous de ceux et celles qui pensent à Noël dès le dernier bonbon d’Halloween distribué? Qui trépignent d’impatience à l’idée d’échanger des cadeaux? Qui se réjouissent de décorer des biscuits au pain d’épice? Qui raffolent des films de Noël au scénario aussi ténu que réconfortant?

À moins que vous ne fassiez partie de ces personnes à qui la simple vue d’une guirlande rouge et verte donne la nausée? Qui abhorrent le consumérisme et le stress liés à l’achat des montagnes de présents? Dont les yeux roulent instantanément en pensant aux réunions de famille lourdes et aux interminables déplacements aux quatre coins du Québec?

Quel que soit votre camp, voici un argumentaire tout ce qu’il y a de plus scientifique pour vous faire pencher en faveur du temps des fêtes: c’est une période très favorable au maintien d’une bonne santé cognitive.

Pourquoi? Tout simplement parce que les activités qui y sont généralement associées correspondent presque toutes à de saines habitudes de vie qui engagent les fonctions cognitives. Pensons à l’exercice physique, à la socialisation, aux bonnes nuits de sommeil, à une alimentation saine, à des activités stimulantes intellectuellement.

«Effectivement, cette période unique où l’on est en congé tous en même temps peut être l’occasion de mettre à profit des stratégies favorables au bon fonctionnement du cerveau et de la cognition», croit Sylvie Belleville, professeure au Département de psychologie de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neuroscience cognitive du vieillissement et plasticité cérébrale.

«Le temps des fêtes est rempli de belles occupations dites “significatives”, des activités qui sont porteuses de sens pour nous, sources de bien-être et de satisfaction, ajoute Nathalie Bier, ergothérapeute spécialisée en vieillissement cognitif et professeure à l’École de réadaptation de l’UdeM. Et la recherche montre que s’engager dans des occupations qui sont importantes à nos yeux a des bienfaits sur la santé cognitive, mentale et physique.»

Joindre l’utile à l’agréable

Nathalie Bier

Nathalie Bier

Crédit : Bonesso Dumas

Notons d’abord qu’une méta-analyse publiée en 2020 dans la revue The Lancet a mis en lumière qu’une modification d’un ensemble de facteurs de risque – dépression, consommation excessive d’alcool, tabagisme, inactivité physique, diabète, contacts sociaux peu fréquents, etc. – peut prévenir ou retarder jusqu’à 40 % des démences.

Revenons maintenant au temps des fêtes. Pour les Québécoises et les Québécois qui ont cette chance, cette période est notamment l’occasion de se réunir avec ses proches (socialiser), de cuisiner (avoir une alimentation moins transformée), de sortir jouer dehors (faire de l’exercice), d’être en congé (dormir plus), de faire des jeux en famille (être stimulé intellectuellement).

«Cette période de l’année permet de faire des “activités doubles ou triples” comme j’aime les appeler, c’est-à-dire des activités qui sont positives pour deux ou trois facteurs de protection en même temps, avance Sylvie Belleville. Par exemple, cuisiner un souper de Noël avec ses parents ou ses grands-parents: on socialise, on pratique une activité stimulante pour le cerveau et l’on favorise une alimentation saine. Ou encore, aller faire de la luge avec ses enfants permet de bouger tout en entretenant des liens avec des personnes de son réseau social.»

Nathalie Bier abonde dans le même sens: comme le temps des fêtes regroupe généralement loisirs, vie sociale, détente, réjouissances, alimentation et exercice physique, c’est une période riche en activités profondément signifiantes pour l’humain et donc bénéfique à la santé cognitive.

Évidemment, le temps des fêtes rime aussi souvent avec plaisirs de la table, abondance de sucreries et cascade d’alcool. Dans ce contexte, il faut considérer la modération comme la meilleure alliée de la santé cognitive.

La diversité a bien meilleur goût

Sylvie Belleville

Sylvie Belleville

Crédit : Université de Montréal

Par ailleurs, les deux spécialistes insistent sur l’avantage de varier ses activités pour stimuler différentes régions du cerveau et ainsi développer plusieurs connexions cérébrales.

«C’est tout aussi important de sortir de sa zone de confort, d’être curieux et en constant apprentissage, affirme Sylvie Belleville. Si vous êtes très bon en sudoku, super, mais maintenant augmentez la difficulté ou mettez-vous aux casse-têtes! Et le temps des fêtes est un moment idéal pour faire des activités diverses: une journée, c’est le ski de fond, le lendemain le tricot, puis c’est raquettes et lecture. C’est de plus l’occasion de partager ses propres passions et loisirs avec ses proches et d’essayer les leurs.»

Nathalie Bier croit en outre qu’il faut solliciter d’autres capacités cognitives que celles qui sont fréquemment utilisées dans sa routine de tous les jours. «Il faut se lancer des défis, sortir de son quotidien fait du bien au cerveau, dit-elle. Nous savons qu’entreprendre des activités complexes qui demandent planification, résolution de problèmes et organisation, et qu’on ne fait pas souvent, a cette particularité de faire appel aux régions du cerveau responsables de l’activité intellectuelle de haut niveau. Par exemple, planifier un grand repas de Noël avec plusieurs convives est une excellente façon de solliciter ses fonctions cognitives et de briser sa routine.»

Les deux chercheuses mentionnent aussi le caractère intergénérationnel du temps des fêtes, qui encourage l’échange et le partage. Ainsi, grand-maman montre étape par étape comment réaliser sa fameuse recette de sucre à la crème et fiston explique quelques nouvelles fonctions sur son téléphone intelligent. On sort de sa zone de confort, on apprend et on socialise.

Un moment pour faire le point

Sylvie Belleville et Nathalie Bier considèrent également que le temps des fêtes peut être un bon moment pour s’arrêter et se poser des questions sur sa santé générale. On peut porter attention à la qualité de son sommeil, à la prise en charge de ses maladies cardiovasculaires le cas échéant, à l’état de son audition et aux polluants aériens de son environnement, car ce sont tous des facteurs de risque modifiables qui jouent sur la santé cognitive et, ultimement, sur l’apparition de démences.

«N’oublions pas que la santé physique influe sur la santé cognitive et mentale, et vice versa, rappelle Sylvie Belleville. On peut donc profiter du temps libéré par Noël pour faire une autoévaluation de sa santé physique. Il n’est jamais trop tôt ni trop tard dans la vie pour prévenir le déclin cognitif.»

Joyeux temps des fêtes stimulant!