La solidarité universitaire en temps de guerre

Crédit : Benjamin Seropian

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Au commencement de la guerre en Ukraine, diverses initiatives ont été mises en place pour aider les personnes réfugiées désireuses de venir à l’UdeM.

Le 24 février dernier, la Russie envahissait l’Ukraine. Des membres de la communauté de l’Université de Montréal ont alors lancé des appels à la solidarité pour venir en aide à la population déplacée par la guerre. L’équipe du Vice-rectorat aux partenariats communautaires et internationaux a coordonné les différentes réponses pour les concrétiser. Depuis l’arrivée du recteur Daniel Jutras, la liberté d’expression en contexte universitaire a été un sujet central de conversation à l’UdeM, à l’échelle des campus, puis de la province. L’actualité a donné une dimension internationale à ces réflexions.

La liberté d’expression au cœur de l’engagement de l’UdeM

En juin 2021, l’Université de Montréal s’est dotée d’un énoncé de principes sur la liberté d’expression en contexte universitaire. Quelques mois plus tard, elle adhérait à l’organisation Scholars at Risk, un réseau international de plus de 500 établissements d’enseignement supérieur dont la mission est de protéger les universitaires menacés dans leur pays d'origine et de promouvoir la liberté d’expression. En se joignant à ce réseau, l’UdeM bénéficie d’un accompagnement international et prend position comme une université qui soutient des personnes dont la liberté relative à l’enseignement et à la recherche est mise en danger.

«Comment agir lorsque des conflits ou des crises humanitaires surgissent? questionne Valérie Amiraux, vice-rectrice aux partenariats communautaires et internationaux de l’UdeM. Nous souhaitions que notre établissement se dote d’une capacité d’action et de réaction qui soit institutionnalisée et qu'il permette à des membres de notre communauté désireux d'accueillir un ou une universitaire dans un contexte de crise humanitaire d’être accompagnés dans leur démarche.»

Création d’un fonds d’aide

L’équipe du vice-recteur aux relations avec les diplômés et à la philanthropie, Michael Pecho, a très rapidement créé le Fonds d’aide aux communautés universitaires en situation de crise humanitaire. Il vise à soutenir des étudiantes et étudiants, des chercheurs et chercheuses et des membres du personnel enseignant contraints de fuir leur pays en raison d’un conflit ou d’une catastrophe naturelle.

Quelques jours après son lancement, ce fonds a permis d’accueillir en contexte d’échange neuf étudiantes ukrainiennes de premier cycle à l’UdeM. «C’est une superbe initiative, affirme Valérie Amiraux. Et si l’on veut continuer à recevoir d’autres étudiants et étudiantes, il est nécessaire que le Fonds soit alimenté de manière régulière. Aujourd’hui, il aide de jeunes Ukrainiennes, mais pour l’avenir, il faut pouvoir se préparer à soutenir, dans l’urgence, d’autres personnes dont le contexte de vie est bouleversé.»

Accueil d’étudiantes ukrainiennes aux cycles supérieurs

Dès le mois de mars, l’UdeM a adhéré au réseau Science for Ukraine, une carte publique qui répertorie les postes ou les offres de bourses de recherche accessibles à des personnes qui fuient le conflit.

En parallèle, des membres du corps enseignant ont proposé des bourses constituées par les financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et du Conseil de recherches en sciences humaines pour l’accueil de postdoctorants et visiteurs de recherche. Quatre étudiantes ont pu s’en prévaloir à ce jour. Une stagiaire Mitacs Globalink venue d’Ukraine a aussi pu compter sur l’aide de plusieurs membres du personnel de son institut de recherche pour devancer, en urgence, son arrivée à l'Université.    

Travail de collaboration

Martin Carrier, chargé de cours et conseiller pédagogique au Département de science politique de l'UdeM, et Magdalena Dembinska, professeure au même département, ont été des personnes clés dans la mise en place de l’accueil de ces neuf étudiantes ukrainiennes de premier cycle. Le Département de science politique au complet s’est mobilisé pour les accompagner de Kharkiv à Montréal. Neuf bourses de 1500 $ chacune ont été accordées par le Centre Jean Monnet.

«C’est un travail gigantesque d’accueillir des étudiantes et étudiants déplacés pour des raisons politiques, précise Valérie Amiraux. Il y a tout un encadrement administratif, d’abord des va-et-vient avec l’immigration, puis un travail très serré avec les Services à la vie étudiante ainsi que d’accompagnement psychologique et linguistique.»

La Direction des affaires internationales, le Bureau Europe, le Bureau des étudiants internationaux, les Services à la vie étudiante, les nombreuses facultés ont collaboré de «façon exceptionnelle», souligne Marie-Eve Ouellet, conseillère aux stratégies communautaires au Vice-rectorat aux partenariats communautaires et internationaux de l’UdeM.

«Le doyen de l’École d’optométrie a répondu dans les minutes qui ont suivi l’envoi de notre courriel que la Clinique universitaire de la vision pouvait offrir des soins oculaires si les étudiants et étudiantes en avaient besoin», raconte-t-elle.

«Les collègues des Services à la vie étudiante n’ont ménagé aucun effort sur le terrain pour veiller à l’intégration des étudiantes, ajoute-t-elle. Le Centre de santé et de consultation psychologique les a également accueillies. Il y a eu une très belle réponse de l’ensemble des membres de l’UdeM. La phrase qui revenait le plus souvent était “C’est le moins qu’on puisse faire!” Tous ont été réactifs et très généreux, de leur temps ou de leurs ressources.»

Des cours de français offerts à l’École de langues de la FEP

Dès l’arrivée des neuf étudiantes de premier cycle, des cours de français leur ont été donnés par la Faculté de l’éducation permanente (FEP).

Après un test de classement, elles ont été réparties dans différents groupes en fonction de leur niveau. La grande majorité d’entre elles ne parlaient pas français et elles ont pu suivre cet été un tout nouveau cours adapté à leur réalité.

«Nous avons engagé un professeur spécialement pour cette formation et nous avons établi un horaire qui tient compte de l’emploi du temps de chacune», indique Sana Sabouni, coordonnatrice des cours de français de l’École de langues de la FEP.

Plusieurs manuels d’apprentissage ont aussi été offerts. «Tout s’est déroulé très rapidement: moins de trois semaines après avoir reçu la demande, le programme était en place!» dit Sana Sabouni.