Quatre séminaires en présence d’experts pour mieux comprendre les enjeux d'EDI et de RPP

Crédit : Amélie Philibert | Université de Montréal

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L’UdeM propose en 2023 une série de quatre séminaires sur les thèmes de l’équité, de la diversité, de l’inclusion et des relations avec les Premiers Peuples.

En novembre dernier, le dossier de l’équité, de la diversité et de l’inclusion (EDI) ainsi que celui des relations avec les Premiers Peuples (RPP) passaient sous le giron du Vice-rectorat à la planification et à la communication stratégiques. Ce transfert a incité l’équipe du vice-recteur, Jean-François Gaudreault-DesBiens, à donner une nouvelle impulsion à ces dossiers en proposant à la communauté de l’Université de Montréal une série de séminaires en ce début d’année 2023. À quatre reprises entre les mois de janvier et de mai, des experts de l’UdeM et d’ailleurs viendront présenter leurs recherches en rapport avec ces questions dans un format qui favorisera l’échange avec l’auditoire.

L’idée derrière l’organisation de ces séminaires? «On cherche à mobiliser l’expertise universitaire scientifique et à créer un lieu de réflexion où l’on peut débattre de manière intelligente, rigoureuse et ouverte», explique le vice-recteur. Si d’autres activités sur les thèmes de l’équité, de la diversité et de l’inclusion ainsi que des relations avec les Premiers Peuples viendront s’ajouter à ces séminaires, ces derniers sont néanmoins importants pour l’Université, puisque basés sur le «noyau dur» de l’établissement, c’est-à-dire la recherche et le travail intellectuel.

Ouverts à tous, les séminaires seront l’occasion pour le public de mettre en question – de manière critique – sa compréhension de sujets comme le vivre-ensemble, les injustices et la discrimination. De plus, l’auditoire sera invité à prendre part à une période de questions-réponses à la fin de chaque présentation. Selon Jean-François Gaudreault-DesBiens, «les questions d’EDI sont très présentes dans les médias, mais les concepts qui y sont liés peuvent être mal compris parce qu’ils sont souvent traités de manière superficielle ou caricaturale. En ce sens, entendre des chercheurs, des universitaires et des experts sur ces enjeux peut nous aider à mieux en comprendre la complexité et à en saisir les nuances».

Appuyer la réalisation des plans d’action EDI et RPP

C’est au cours des prochains mois que l’Université de Montréal déposera ses nouveaux plans en matière d'EDI et de RPP. Toujours selon Jean-François Gaudreault-DesBiens, la manière dont l’UdeM présentera ces plans est l’un des éléments clés de l’adhésion de sa communauté. «Il faut éviter d’arriver avec des idées toutes faites et d'imposer de manière bureaucratique un prêt-à-penser. Surtout dans le milieu universitaire, où l’on enseigne et où l’on valorise la pensée critique!» dit-il. Ainsi, l’établissement mise plutôt sur le dialogue et la réflexivité collective afin de réaliser les objectifs de ses plans d’action. «Lorsque nous nous sommes penchés sur le dernier plan stratégique 2022-2032, nous avons consulté nos gens et fait appel à nos experts à l’interne. Cette approche nous a bien servis et nous souhaitons continuer dans cette veine pour les questions d’EDI et de RPP», poursuit M. Gaudreault-DesBiens.

Autant le vice-recteur que les membres de son équipe sont convaincus du fait que ces enjeux d’équité, de diversité et d’inclusion ainsi que de relations avec les Premiers Peuples sont loin d’être l’apanage de seulement quelques personnes ciblées. «Les questions d’EDI et de RPP sont fondamentalement des questions de justice sociale; il ne s’agit pas de caprices ou de privilèges réservés à certains groupes. D’où le fait que cette série de séminaires s’intitule JEDI: on ajoute la lettre J à EDI parce que c’est essentiel de revenir à cette notion de justice», conclut Jean-François Gaudreault-DesBiens, qui note au passage que cette idée de lettre ajoutée vient de Me Tamara Thermitus, qui coanimera le second séminaire du cycle.

19 janvier: un premier séminaire sur l’injustice épistémique

La professeure et chercheuse en philosophie Ryoa Chung

Crédit : Courtoisie

Un premier séminaire réunira le 19 janvier Ryoa Chung, codirectrice du Centre de recherche en éthique de l’Université de Montréal, et Amandine Catala, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l'injustice et l'agentivité épistémiques de l’UQAM.

Les deux professeures et chercheuses en philosophie présenteront le concept d’injustice épistémique, c’est-à-dire la manière dont les rapports de pouvoir se répercutent dans le domaine du savoir et de la connaissance.

«La notion d’injustice épistémique connaît un essor important depuis 2007, explique Ryoa Chung. Bien sûr, cette réalité existait auparavant, mais c’est la philosophe Miranda Fricker qui a cerné le terme cette année-là et qui a permis de le définir de manière analytique.» Ainsi, depuis une quinzaine d’années, les chercheurs en philosophie politique et en épistémologie sociale parviennent à porter un regard plus «clinique» sur les questions d’injustice épistémique.

«Grâce au cadre théorique de Fricker, on ne tombe pas dans la simple opinion subjective; on décrit des phénomènes objectifs. On peut alors “dépersonnaliser” des enjeux sociaux très délicats et l’on s’élève ainsi au-dessus des débats de type woke ou non-woke!» ajoute la chercheuse avec un sourire.

Durant ce séminaire, Ryoa Chung souhaite apporter un regard historique sur des injustices épistémiques qui ont marqué nos sociétés occidentales tout en faisant ressortir les modalités qui s’appliquent au milieu universitaire. Y seront abordés, notamment, les termes plus particuliers d’injustice structurelle et d’injustice testimoniale ainsi que la notion des critères d’excellence dans le monde universitaire.

Comme point de départ de la réflexion, la chercheuse proposera celui de l’histoire des femmes en raison du large consensus au sujet du bien-fondé des avancements en la matière. «À partir du cas des femmes, je veux faire voyager l’auditoire d’un débat à l’autre dans une perspective historique. L’histoire du progrès des droits des femmes dans toutes les sphères de la société et de leur plus grand accès à l’université a suscité de nombreux débats, notamment au sujet de la discrimination positive et de la méritocratie. Comment se sont articulés ces débats? Quelles leçons peut-on tirer des actions qui ont été posées? Peut-on se servir de ces réflexions pour faire avancer les causes d’autres groupes?» demande la professeure.

Cette perspective historique peut s’avérer fort utile lorsqu’il est question de réfléchir aux enjeux de justice qui sont liés à l’équité, à la diversité et à l’inclusion. «L’un des défis, croit Ryoa Chung, c’est d’arriver à résoudre les tensions entre une position individualiste et une position collective et sociale. Par exemple, en tant que non-Autochtones, certains individus peuvent se sentir lésés par des actions ou des politiques qui favorisent les membres des Premiers Peuples. Mais si l’on adopte un regard global et historique, on a plus de chances d’accepter qu’il s’agit d’un geste collectif accompli pour réparer des injustices historiques fondamentales.»

Informations pratiques

Le premier séminaire JEDI de l’année 2023, intitulé «L’injustice épistémique», sera présentée par les professeures et chercheuses en philosophie Ryoa Chung (Université de Montréal) et Amandine Catala (UQAM).

Date : 19 janvier 2023
Heure : 9 h à 10 h 30, accueil dès 8 h 30 avec café et viennoiseries
Lieu : salle C-3061 du Carrefour des arts et des sciences, pavillon Lionel-Groulx
Inscription

 

Deux autres séminaires seront offerts entre le mois de mars et le mois de mai.