Encadrement de la recherche en éducation: la recette du professeur Maurice Tardif

Mourad Bacha, étudiant au doctorat de recherche en sciences de l'éducation à l’Université de Montréal

Mourad Bacha, étudiant au doctorat de recherche en sciences de l'éducation à l’Université de Montréal

Crédit : Photo de courtoisie

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Faire un doctorat relève pour plusieurs du parcours du combattant. Le type d’encadrement reçu peut toutefois changer cette perspective.

Maurice Tardif

Maurice Tardif, professeur titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal

Crédit : Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE)

«Lorsqu’on lui écrit un courriel, il répond très rapidement. Il est très doué pour repérer les lacunes dans nos apprentissages et il fait tout pour corriger la situation. Dans mon cas, c’était en sociologie et il m’a acheté trois livres dans le domaine. C’est incroyable et – j’ai demandé! – il fait ça avec tous ses étudiants et étudiantes.»

Cette anecdote sur Maurice Tardif est racontée par Mourad Bacha, étudiant au doctorat de recherche en sciences de l’éducation à l’Université de Montréal sous la direction du professeur du Département d’administration et fondements de l’éducation. C’est pour étudier auprès de M. Tardif qu’il a quitté l’Algérie et s'est installé au Québec. «Je le connaissais de réputation parce qu’il est cité partout dans les écrits scientifiques sur la profession enseignante, dit le doctorant. Je le cite d’ailleurs à plusieurs reprises dans mon mémoire de maîtrise.»

Lorsque Mourad Bacha a voulu s’inscrire au doctorat, il a envoyé un courriel à Maurice Tardif. «Il m’a répondu et ça m’a vraiment étonné! indique-t-il. Puis, je lui ai présenté mon projet de recherche et il a accepté de me diriger. Nous avons eu quelques rencontres par Zoom pour faire connaissance et j’ai entrepris les démarches pour venir au Québec.»

Bien entourer les étudiants de doctorat

Mourad Bacha est arrivé à Montréal en août 2021, en pleine pandémie, lorsque les 14 jours de confinement étaient requis. «M. Tardif m’a réservé un accueil très chaleureux et il m’a fait visiter l’UdeM dès la rentrée, relate-t-il. Puis, il m’a tout de suite intégré dans une équipe de recherche sur la professionnalisation des enseignants dans le cadre d’un projet financé par le CRSH [Conseil de recherches en sciences humaines du Canada]. En étant sous sa direction, je suis devenu membre étudiant du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante. Il a aussi mis à ma disposition une foule de documents et de recherches récentes. J’avais tout ce dont j’avais besoin et j’étais bien entouré pour avancer dans mes recherches.»

Maurice Tardif a également engagé Mourad Bacha comme auxiliaire de recherche en lui offrant un contrat d’une quinzaine d’heures par semaine. «Cela m’a permis d’avoir un revenu dès mon arrivée, de socialiser avec d’autres personnes dans mon domaine et d’acquérir des compétences en recherche sur un sujet en lien avec mon projet», explique l’étudiant.

On sait qu’au Québec environ la moitié des personnes qui s’inscrivent au doctorat abandonneront leur scolarité en cours de route. Il est également établi que l’encadrement joue un rôle décisif auprès de celles et ceux qui persévèrent. «C’est important de ne pas se sentir isolé pour être performant: il faut être en confiance», affirme Mourad Bacha.

L’influence de l’OCDE sur la professionnalisation

Dans son doctorat, Mourad Bacha, qui a enseigné au secondaire en Algérie avant de venir au Québec, se penche, dans une perspective comparative, sur l’influence de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur les politiques éducatives nationales relatives à la profession enseignante.

«D’une part, l’OCDE développe, depuis les années 2000, une nouvelle conception de la professionnalisation des enseignants et promeut de nouvelles politiques de professionnalisation. D’autre part, les systèmes éducatifs nationaux ne cessent de mettre en œuvre des politiques relatives à la professionnalisation des enseignants, observe l’étudiant. J’essaie donc, dans un premier temps, de comprendre et d’examiner la conception et les politiques de professionnalisation de l’enseignement que l’OCDE encourage. Et dans un second temps, de cerner les déclinaisons nationales du mouvement de professionnalisation des enseignants dans les pays membres de l’OCDE.»

Mourad Bacha a encore plusieurs années pour réaliser ces travaux et il avoue qu’il est trop tôt pour savoir ce qu’il fera par la suite. «Mais c’est certain que c’est très inspirant de voir comment M. Tardif travaille, comment il est organisé, gère ses équipes, communique et agit comme leader, souligne-t-il. C’est un modèle en tant que professeur, chercheur et directeur de recherche.»

Qui est Maurice Tardif?

Sociologue, Maurice Tarif est professeur titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal, où il enseigne l’histoire des idées éducatives et la sociologie de l’éducation. Il a cofondé en 1993 le Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante et l’a dirigé pendant près de 15 ans. Il a publié une centaine d’articles scientifiques et une trentaine de livres. Ses travaux ont été publiés dans une trentaine de pays et traduits dans plusieurs langues. Il a obtenu maintes distinctions, dont le prix Whitworth en 2016 de l’Association canadienne d’éducation.

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