Si je pense que tu voteras, je voterai

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Un doctorant en science politique de l’UdeM s’est intéressé au pouvoir des pressions sociales dans la décision de se rendre aux urnes ou non.

Quel rôle joue l’entourage dans la décision d’aller voter ou de s’abstenir? Est-ce que le fait de penser que ses proches iront aux urnes s’apparente à une pression sociale et conduit à s’y rendre soi-même? La crainte que sa décision d’avoir voté (ou non) soit connue de ses proches et de potentiellement subir leur désapprobation a-t-elle une influence?

Telles sont les questions auxquelles cherche à répondre Maxime Coulombe, étudiant au Département de science politique de l’Université de Montréal, dans son doctorat portant sur les comportements sociaux en contexte électoral.

Selon sa plus récente étude, les personnes qui s’attendent à ce que les autres votent sont plus susceptibles de voter. Toutefois, il n’a trouvé aucune indication selon laquelle la désapprobation et le fait de croire que sa décision sera connue de son entourage (visibilité) auraient un effet positif sur la participation électorale.

Dirigé par les professeurs de l’UdeM André Blais et Ruth Dassonneville, Maxime Coulombe a mené un sondage auprès de plus d’un millier de personnes lors des élections fédérales canadiennes de 2019. Son enquête comportait trois questions, chacune faisant référence à leur partenaire, leur famille, leurs amis et leurs voisins:

  • Pensez-vous que les personnes suivantes iront voter?
  • Imaginez que vous décidiez de ne pas voter. Comment réagiraient ces personnes à votre décision?
  • Pensez-vous que ces personnes vont savoir si vous avez voté ou non?

À la lumière des résultats obtenus, Maxime Coulombe a dégagé plusieurs constats. Ainsi, il note que plus les répondants et répondantes sont proches des individus figurant dans les questions posées (comme le ou la partenaire ou les membres de la famille), plus ils auraient tendance à subir leur influence.

Il n’est toutefois pas parvenu à prouver que les attentes en matière de désapprobation et de visibilité sont associées à la décision d’aller voter. Fort de ce constat, le doctorant a collaboré avec Martial Foucault (professeur à l’Institut d’études politiques de Paris) afin de reproduire son étude en France lors des élections présidentielles de 2022, cette fois auprès d’une cohorte de plus de 10 000 personnes. Dans ce cas, les résultats préliminaires indiquent que la crainte de la désapprobation semble inciter à voter.

«D’après mes recherches, il semblerait qu’une étude sur deux présente ce résultat, il faudrait creuser davantage pour savoir pourquoi existe cette variation», dit-il.

Une question de perception

Maxime Coulombe

Maxime Coulombe, étudiant au Département de science politique de l’Université de Montréal

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L’étude de Maxime Coulombe apporte une lumière sociologique sur la façon de percevoir le vote. Ses données laissent supposer que la décision de participer aux scrutins ne serait pas essentiellement individuelle, mais plutôt modulée par l'environnement immédiat.

Il trouve aussi que les normes descriptives (ce que les autres font) ont plus de poids que les normes injonctives (ce que les autres pensent qu’il faut faire). Il ajoute que «ce n’est pas la norme en soi qui nous influence, mais plutôt la perception de la norme» qui crée une pression sociale à se conformer.

«Par exemple, si je pense que seulement deux membres de ma famille sur huit iront voter parce que je crois qu’ils ne sont pas politisés, peut-être aurai-je moins tendance à voter moi-même. Toutefois, dans les faits, il est possible que je me trompe et qu’ils soient plutôt sept sur huit à voter. Ce sont donc mes perceptions – ici erronées – et non la réalité qui orientent mon choix», illustre-t-il.

Sachant cela, Maxime Coulombe estime qu’il serait possible d’utiliser la pression descriptive pour inciter les populations à s’acquitter de leur devoir civique. «Il s’agirait de mettre de l’avant certaines statistiques qui montrent que c’est la norme de voter et surtout ne pas souligner que peu de personnes se rendent aux urnes», avance-t-il.

Vous aimeriez participer à un projet de recherche sur la démocratie?

Le professeur André Blais souhaite recruter des participantes et participants pour un projet de recherche qui consiste en une assemblée citoyenne sur la démocratie municipale à Longueuil tenue à l’hôtel de ville de Longueuil les 2, 3 et 4 juin.  

Cette assemblée aura pour but de favoriser des réflexions et des discussions sur la démocratie électorale municipale. Une occasion de se réunir afin de délibérer sur des questions comme: 

  • Devrait-on avoir la possibilité de voter par Internet aux élections municipales? 
  • Le vote devrait-il être obligatoire aux élections municipales? 
  • Devrait-on permettre aux résidents permanents de voter lors des élections municipales?

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