Prévenir les violences à caractère sexuel en contexte de consommation d’alcool

La majorité des violences à caractère sexuel qui concernent la communauté étudiante universitaire se produisent dans un contexte de consommation d’alcool.

La majorité des violences à caractère sexuel qui concernent la communauté étudiante universitaire se produisent dans un contexte de consommation d’alcool.

Crédit : Getty

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Marianne Fréchette mène une recherche-action en milieu universitaire pour mieux comprendre les violences à caractère sexuel en contexte de consommation d’alcool et ainsi mieux les prévenir.

La majorité des violences à caractère sexuel (VACS) qui concernent la communauté étudiante universitaire se produisent dans un contexte de consommation d’alcool, mais les interventions susceptibles de les prévenir sont encore peu connues.  

Désireuse d’améliorer la prévention de ces actes et de permettre des avancées concrètes sur le terrain, Marianne Fréchette a donc entrepris un projet de recherche-action visant à mieux comprendre les liens entre les VACS et l’alcool pour désigner des mesures de prévention prometteuses qui pourraient être appliquées en milieu universitaire.

Une recherche-action

Marianne Fréchette

Marianne Fréchette

Crédit : Courtoisie

Lauréate de la Bourse de commémoration du 6 décembre, Marianne Fréchette a amorcé sa maîtrise en sociologie à l’Université de Montréal sous la direction du professeur Dave Poitras en consultant plusieurs études sur l’efficacité des programmes de prévention existants. 

«Plusieurs études se penchent sur l’efficacité des programmes de prévention des violences à caractère sexuel, mais rares sont celles qui abordent la consommation d’alcool, explique-t-elle. Or, la majorité des VACS commises dans la communauté universitaire se produisent dans un contexte de consommation d’alcool et il s’agit de la substance psychoactive la plus souvent présente dans les cas de VACS.»  

Parmi les effets de la consommation excessive d’alcool, la littérature indique notamment: 

  • le trou noir, c’est-à-dire ne plus se souvenir de ce qui s’est passé; 
  • l’incapacité à réagir sur le moment; 
  • la myopie alcoolique, qui peut notamment diminuer la vigilance des personnes pouvant être témoins d’un acte de violence à caractère sexuel ou susceptibles d’intervenir pour le prévenir. 

Marianne Fréchette, qui déposera son mémoire en 2024, collabore maintenant avec des responsables de l’élaboration et de l’implantation de mesures et d’activités visant à prévenir les VACS en milieu universitaire pour cibler les pratiques préventives les plus prometteuses qui intègrent la problématique de l’alcool.

Les comportements en cause

Selon Marianne Fréchette, les responsables qu’elle a rencontrés jusqu’à maintenant se disent à l’affût du risque de reconduire des normes qui banalisent les violences à caractère sexuel, soit en excusant les auteurs, soit en blâmant les victimes lorsqu’on aborde conjointement la consommation d’alcool et les VACS.  

Selon elle, le défi consiste à aborder la consommation d’alcool sans cette banalisation afin que les intervenantes et les intervenants soient à l’aise d’en parler et de travailler véritablement à contrer cette situation.  

«Les causes menant aux violences à caractère sexuel sont multifactorielles et il serait faux d’affirmer que l’alcool est l’unique responsable. Chez les personnes qui entretiennent des mythes associés à la culture du viol, l’excès d’alcool peut exacerber les comportements entretenus par ces mythes», illustre celle qui est aussi auxiliaire d’enseignement.  

«À l’autre bout du spectre, le désir de plaire peut mener une personne à consommer de l’alcool qui lui fera “accepter” de faire des choses avec lesquelles elle n’est pas à l’aise, ajoute-t-elle. Il y a un important travail d’éducation à la sexualité qui doit être fait en amont.»

Des relents du 6 décembre 1989

Si Marianne Fréchette ne se destinait pas à des études de deuxième cycle en sociologie, son enfance et son parcours l’y ont menée. 

«Ma mère était étudiante à l’UdeM lorsqu’est survenu l’attentat antiféministe de Polytechnique, le 6 décembre 1989, relate-t-elle. Toute ma jeunesse, j’ai grandi avec la crainte d’être agressée, comme plusieurs filles qui ont été socialisées ainsi, et, pendant mes études secondaires, j’ai reçu plusieurs témoignages qui m’ont fait réaliser l’ampleur et les conséquences graves que les VACS peuvent avoir sur les personnes qui en sont victimes.»  

Animée par un fort sentiment de justice, elle a été membre d’associations étudiantes au secondaire et au cégep. Après son baccalauréat en sociologie, elle a entrepris un diplôme d’études supérieures spécialisées en études féministes, des genres et des sexualités, où elle a acquis des connaissances théoriques, mais aussi et surtout où elle a développé une grande empathie orientée vers l’action.  

«Mes cours de sociologie m’ont beaucoup marquée et, si je me suis lancée dans mon projet de maîtrise, c’est parce que Dave Poitras m’a convaincue que l’avenue de la recherche-action allait véritablement me permettre de passer de la théorie à une application pratique, accessible et vulgarisée. C’est là mon ultime objectif», conclut Marianne Fréchette.

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