Une classe de maître pour ancrer l’EDI au cœur de sociétés et d’économies plus durables

Quelque 160 personnes conseillères en équité, diversité et inclusion issues de différentes organisations ont pris part à la classe de maître en EDI, tenue à l’Université de Montréal.

Quelque 160 personnes conseillères en équité, diversité et inclusion issues de différentes organisations ont pris part à la classe de maître en EDI, tenue à l’Université de Montréal.

Crédit : Latrompette Studio

En 5 secondes

Des professionnels en équité, diversité et inclusion ont pris part à une classe de maître qui s’est déroulée dans le cadre du programme Briser l’isolement des conseillères et conseillers en EDI.

Près de 160 personnes jouant un rôle-conseil en équité, diversité et inclusion (EDI) dans leur organisation ont pris part à une classe de maître qui a eu lieu récemment à l’Université de Montréal sur le thème «L’EDI au cœur des sociétés et des économies durables». 

Organisée dans le cadre du programme Briser l’isolement des conseillères et conseillers en EDI, mené par la Chaire BMO en diversité et gouvernance de l’UdeM, en collaboration avec la Ville de Montréal, cette classe de maître était la dernière d’une série de quatre destinées à outiller les conseillers et conseillères en EDI dans leur pratique et à rompre leur isolement. 

«Au cours de la dernière année, nous avons formé des personnes rattachées à 150 entreprises en leur offrant trois modules de formation et en animant six cellules de codéveloppement. Nous avons même mis sur pied des incubateurs visant à permettre aux participants et participantes de tester leurs initiatives et plans d’action en EDI», a indiqué Tania Saba, titulaire de la Chaire et professeure à l’École de relations industrielles de l’UdeM. 

Les quatre classes de maître avaient aussi pour but d’«élever le débat autour de l’EDI, qui ne peut être une recette: il faut y réfléchir et tester de nouvelles façons de faire avant de chercher à atteindre des cibles», a ajouté la professeure. Des conférenciers de renom ont traité de thèmes incontournables en EDI, notamment les relations avec les peuples autochtones, l’immigration et la diversification du leadership dans les conseils d’administration.

L’EDI pour transformer le monde de la finance

La professeure Tania Saba et Geneviève Morin, du Fondaction.

La professeure Tania Saba et Geneviève Morin, du Fondaction.

Crédit : Latrompette Studio

Appelée à prononcer la conférence d’ouverture, la présidente du conseil d’administration de Fondaction, Geneviève Morin, a affirmé que les enjeux environnementaux et climatiques appellent non pas une transition, mais «une grande transformation qui nécessite l’inclusion de tous les talents du monde» pour faire face à la situation. 

En intégrant les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans sa politique d’investissement, Fondaction et ses quelque 218 000 investisseurs «veulent épargner tout en s’assurant d’avoir une influence sur le monde dans lequel ils vivent en finançant des entreprises qui favorisent la santé et le mieux-être des populations», a-t-elle souligné. 

Si elle convient qu’il reste beaucoup à faire pour convaincre le monde de la finance d’emboîter le pas à Fondaction quant aux critères ESG et aux valeurs de l’EDI que l’organisation sous-tend, Geneviève Morin a été témoin d’un geste d’espoir à la COP 26, où les représentants d’un important fonds d’investissement mondial «ont annoncé qu’il allait rendre son portefeuille zéro carbone, et ça, ça sert d’exemple aux autres», a-t-elle déclaré. 

«On ne doit pas laisser les financiers décider seuls de la façon dont il faut investir, il faut inclure les différents acteurs de la société civile» afin qu’ils fassent pression sur les entreprises et les gouvernements, car, «pour changer la finance, il faut aussi adopter des règlementations», a ajouté Geneviève Morin.

Pour des milieux de travail plus inclusifs et diversifiés

Sévrine Labelle, Tania Saba, Ruth Vachon, Anne-Marie Hubert, Isabelle Martin et Florian Roulle.

Sévrine Labelle, Tania Saba, Ruth Vachon, Anne-Marie Hubert, Isabelle Martin et Florian Roulle.

Crédit : Latrompette Studio

La discussion s’est poursuivie dans un panel d’expertes composé d’Anne-Marie Hubert, associée et directrice du groupe EY Canada, de Sévrine Labelle, directrice générale du Lab Excelles chez BDC Capital, de la professeure Isabelle Martin, de l’École de relations industrielles et directrice de l’Institut Michael D. Penner sur les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance, ainsi que de Ruth Vachon, présidente-directrice générale du Réseau des femmes d’affaires du Québec. 

Pour Anne-Marie Hubert, les normes de divulgation financière environnementales pour les entreprises à l’échelle mondiale, établies par l’International Sustainability Standard Board, «viennent uniformiser les critères ESG et ce qu’il importe de savoir en matière de développement durable», lesquels englobent les critères de l’EDI. 

«Les enjeux ESG ne peuvent être séparés les uns des autres, a dit Isabelle Martin. Il y a désormais des critères et des règlementations à respecter parce que le développement durable n’est pas qu’économique, il concerne des gens et des environnements et les innovations mises de l’avant par les organisations doivent répondre aux besoins des milieux.» 

Selon Sévrine Labelle, plus il y a d’entrepreneuses, plus on a d’entreprises axées sur l’équité, la diversité et l’inclusion. «Investir dans des entreprises dirigées par des femmes est bon à la fois pour la diversité et pour des sociétés durables parce qu’elles ont tendance à faire davantage de liens entre leurs activités et leurs conséquences sur les plans environnemental et social», a-t-elle soutenu. 

Pour sa part, Ruth Vachon a rappelé que le degré de maturité des entreprises est déterminant dans les efforts déployés en matière d’EDI.  

«Une femme qui gère des urgences du matin au soir pour sauver son entreprise en démarrage n’a pas les mêmes ressources qu’une organisation plus avancée et qui a les moyens d’allouer des ressources en EDI, a fait valoir la pdg. Dans leur chaîne de valeur et à travers des initiatives d’approvisionnement inclusif, les grandes entreprises devraient d’ailleurs aider les autres à cet égard.»

De lentes avancées

Si elles déplorent la lenteur des avancées en matière d’EDI et de critères ESG dans bon nombre d’organisations, les conférencières gardent espoir que les bonnes pratiques fassent tache d’huile, notamment au Québec où, en plus des incitatifs fiscaux offerts, des organismes s’activent à influencer les acteurs économiques. 

C’est notamment le cas de Finance Montréal, dont la mission vise le développement de l’industrie financière québécoise. Son vice-président de la division Finance durable, Florian Roulle, a soutenu que «l’intégralité des avantages compétitifs est en redéfinition et que, dans une perspective de 15 à 20 ans, les organisations les plus proactives en environnement et sur le plan social auront des occasions de croissance et de rendement». 

Jugeant «inéluctable» que la finance durable deviendra «la finance tout court», il a conclu: «Ce que recherche le secteur financier, ce sont des entreprises performantes et créatives, et c’est ce que sont les organisations diversifiées.»