Comment optimiser ses apprentissages?
- UdeMNouvelles
Le 29 août 2024
- Béatrice St-Cyr-Leroux
C’est la rentrée! Voici quelques trucs et conseils basés sur la science pour améliorer vos capacités de rétention et maximiser vos chances de connaître un semestre couronné de succès.
Vous souhaitez commencer l’année du bon pied et mettre toutes les chances de votre côté pour vous assurer une session marquée par la réussite? Pour y arriver, pourquoi ne pas utiliser des moyens efficaces pour améliorer l’acquisition, la rétention et la récupération des connaissances?
Gyslain Giguère, chargé du cours Processus cognitifs 1 offert au Département de psychologie de l’Université de Montréal, donne un aperçu des processus attentionnels et mnésiques de l’être humain et présente des façons de les exploiter pour favoriser les apprentissages.
Et quel meilleur moment que la rentrée pour adopter dès maintenant de bonnes pratiques? «Organiser ses séances de travail le plus tôt possible est la meilleure manière de réduire le stress et l’anxiété et d’éviter les nuits blanches, qui sont complètement inutiles*», confirme l’enseignant.
Distribuer les apprentissages
Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Voilà le dicton qui décrit le mieux la tactique à prioriser pour maximiser ses chances d’avoir de bons résultats, selon Gyslain Giguère.
En gros, il n’est pas souhaitable d’étudier la matière une seule fois juste avant l'examen, il est plutôt recommandé de commencer tôt et de s’atteler à la tâche souvent. «En répartissant l’étude d’un même contenu sur deux journées séparées, on crée deux traces distinctes dans sa mémoire et l’on a ainsi deux fois plus de chances de parvenir à récupérer le matériel», précise-t-il.
Aussi, cette répartition de l’étude sur plusieurs journées permet d’éviter le «sentiment de familiarité» qui survient lorsqu’on étudie un contenu plusieurs fois dans une même journée. «La seconde séance d’étude devient moins efficace, puisque le cerveau se dit “Je sais déjà ça” et y prête donc moins attention, note Gyslain Giguère. D’ailleurs, il faut respecter la limite d’attention et ne pas dépasser les séances de 90 minutes, idéalement entrecoupées de pauses.»
Interagir avec la matière
Gyslain Giguère propose aussi diverses techniques pour optimiser la rétention des informations lorsqu’on assiste à un cours. D’abord, le fait de poser des questions, de participer aux échanges, de répondre aux questions permet de s’engager dans les apprentissages et de rendre leurs souvenirs plus riches, de recueillir plus d’indices pour aller récupérer la matière.
Ensuite, souligne-t-il, prendre des notes à la main plutôt qu’à l’ordinateur augmente significativement la performance. «Les études sont claires: les gens sont tellement habitués à taper qu’ils le font très vite et peuvent donc retranscrire verbatim ce que les enseignants disent. Ils ne sont alors pas en train de comprendre ce qui est dit, contrairement à la cadence des notes manuscrites, qui oblige à organiser et réduire les informations pour ne garder que l’important», observe l’enseignant.
De manière générale, plus on joue avec la matière de façon complexe, plus on travaille à l’organiser, à faire des liens entre les concepts – mais aussi avec son expérience personnelle –, plus le traitement des informations se fait en profondeur.
Produire du contenu et se tester
Pour Gyslain Giguère, la façon la plus efficace de retenir des informations est de produire un document d’étude en prenant le temps d’organiser soi-même le contenu. «Emprunter les notes de son voisin est la pire méthode, mentionne-t-il en riant. Quand on façonne soi-même la matière, qu’on fait le ménage dans ses notes, qu’on résume dans ses mots, on fait un effort cognitif supplémentaire qui améliore la rétention. C’est “l’effet de génération” qui produit des traces plus profondes.»
L’enseignant ajoute que l’autotest – avec des cartes-éclairs par exemple – permet aussi d’encoder efficacement les informations.
Ces deux tactiques font partie des «pratiques de récupération», des stratégies d’apprentissage qui reposent sur l’action de faire «ressortir» les informations par des efforts de mémoire. Comme ce processus constitue un défi mental accru, les apprentissages se voient renforcés.
«Simplement relire le matériel a pour effet d’augmenter sa confiance quant à la connaissance de la matière, mais cette connaissance n’est pas réelle; on apprend beaucoup mieux quand on considère l’étude comme un test», plaide-t-il.
Bref, il semble plus judicieux d’exprimer la matière plutôt que de l’imprimer.
Au-delà des techniques, une bonne hygiène
Dormir, dormir, dormir…
*Au chapitre des nuits blanches, Roger Godbout, professeur émérite du Département de psychiatrie et d’addictologie de l’UdeM, rappelle que la performance à un test sera meilleure si l’on a connu une bonne nuit de sommeil avant au lieu d’avoir passé la nuit à étudier.
«Les connaissances auxquelles on a été exposé pendant le jour sont d’abord encodées temporairement pendant l’éveil, puis consolidées et stabilisées pendant le sommeil. Ces encodages sont réactivés pendant le sommeil lent profond et déposés dans la mémoire à long terme, ce qui permet d’augmenter la performance cognitive le lendemain. La même nuit, le sommeil paradoxal stabilise la mémoire à long terme en diminuant les interférences par un élagage des informations les moins pertinentes pour une bonne performance», explique le chercheur.
… et bien s’alimenter
«Des études ont démontré qu’un régime alimentaire sain favorise une meilleure mémoire, une plus grande vitesse de raisonnement et améliore les fonctions cérébrales globales», indique Guylaine Ferland, professeure au Département de nutrition de l’UdeM.
Dans le récent Guide alimentaire pour un cerveau en santé – auquel la chercheuse a participé –, on recommande notamment d’incorporer dans son alimentation davantage de petits fruits (sources de polyphénols), de noix de Grenoble et de poissons gras (sources d’oméga-3 végétal), ainsi que de légumes crucifères et verts feuillus (sources de vitamine K).