Enregistrer l'activité cérébrale de chats chapeautés

L'examen de l'activité électrique du cerveau d'un chat pendant qu'il est éveillé, à l'aide d'électrodes dissimulées sous des bonnets de laine tricotés à cet effet.

L'examen de l'activité électrique du cerveau d'un chat pendant qu'il est éveillé, à l'aide d'électrodes dissimulées sous des bonnets de laine tricotés à cet effet.

Crédit : Alienor Delsart

En 5 secondes

Des scientifiques de l'UdeM ont tricoté de petits bonnets de laine pour contenir des électrodes dont les chats se débarrassent normalement lorsqu'ils sont soumis à des tests de douleur chronique.

Éric Troncy et Aude Castel

Éric Troncy et Aude Castel

Crédit : Éric Troncy (Amélie Philibert, Université de Montréal) et Aude Castel (Centre hospitalier universitaire vétérinaire, Faculté de médecine vétérinaire)

En première mondiale, des scientifiques vétérinaires de l'Université de Montréal ont trouvé un moyen d’enregistrer l'activité électrique du cerveau des chats pendant qu'ils sont éveillés, à l'aide d'électrodes dissimulées sous des bonnets de laine tricotés à cet effet.

Lorsqu'ils sont soumis à des tests de dépistage de la douleur chronique due à des maladies courantes comme l'arthrose, les chats éveillés ont tendance à se secouer et à mâcher les électrodes câblées placées sur leur tête pour produire des électroencéphalogrammes (EEG).

Pour éviter cela, des sédatifs sont normalement administrés aux chats pendant la procédure.

Dans une étude publiée dans le Journal of Neuroscience Methods, une équipe dirigée par Éric Troncy et Aude Castel, du Groupe de recherche en pharmacologie animale du Québec de l'UdeM, a mis au point une nouvelle technique pour maintenir les électrodes en place.

Ils les ont placées dans des bonnets tricotés. Au total, 11 chats adultes atteints d'arthrose ont été ainsi examinés.

Après avoir évalué leur stress et leur douleur grâce aux stimulus transmis par les électrodes, les scientifiques ont soumis les chats à des stimulus apaisants, tels que des lumières colorées et des odeurs réconfortantes, afin de soulager leur mal.

De nouvelles voies

L'étude, qui commence à faire les manchettes dans le monde entier dans des publications telles que le New Scientist, «ouvre de nouvelles voies pour l'étude de la douleur chronique féline et de sa modulation potentielle par des interventions sensorielles», conclut l’équipe de recherche.

Prochaine étape: une campagne nationale et internationale pour mieux faire connaître ces travaux.

La coauteure Aliénor Delsart, étudiante de doctorat, a récemment présenté des résultats préliminaires à propos de plusieurs applications des évaluations d’électroencéphalogrammes – notamment la sensibilité à la douleur – à la Royal Society of Medicine, en Angleterre.

«Nous prévoyons maintenant obtenir un financement du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, en partenariat avec des entreprises privées, pour nous permettre d'établir une véritable signature EEG de la douleur chronique et de proposer de nombreuses autres applications qui nous permettront d'automatiser la détection de la douleur chronique dans l'avenir», a déclaré Éric Troncy.

Un exemple: une collaboration avec le professeur de psychiatrie informatique de l'UdeM et chercheur au CHU Sainte-Justine Guillaume Dumas pour tester la synchronicité des ondes cérébrales entre les chats (et aussi les chiens) et leur propriétaire.

À propos de cette étude

L’article «Non-invasive electroencephalography in awake cats: Feasibility and application to sensory processing in chronic pain», par Aliénor Delsart et ses collaborateurs, est publié dans le numéro de novembre 2024 du Journal of Neuroscience Methods.