Recenser pour mieux protéger l’architecture ukrainienne

Un des bâtiments du village ukrainien de Potelytch, près de Lviv

Un des bâtiments du village ukrainien de Potelytch, près de Lviv

Crédit : UNESCO

En 5 secondes

Un professeur de l’UdeM s’est rendu en Ukraine pour participer à un projet international visant la conservation du patrimoine bâti du pays.

Miquel Reina Ortiz en pleine action

Miquel Reina Ortiz en pleine action

Crédit : UNESCO

Miquel Reina Ortiz, professeur à l’École d’architecture de l’Université de Montréal, a pris part à une mission internationale visant à préparer aux situations d’urgence certains bâtiments patrimoniaux d’Ukraine.

Financé par le Japon, ce projet s’intitule «Support for Ukraine in Culture and Education through UNESCO. Emergency Response for World Heritage and Cultural Property: Damage Assessment and Protection». Il est le fruit d’une collaboration entre l’UNESCO et le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS), une association qui se consacre à la conservation et à la protection des monuments, des ensembles et des sites du patrimoine culturel.

Expert en documentation numérique, le chercheur s’est rendu sur le sol ukrainien pour mettre à profit ses connaissances sur l’enregistrement des caractéristiques physiques des structures et des paysages concernés afin de faciliter leur entretien préventif.

Une fois ces attributs répertoriés, le but est de pouvoir élaborer des mesures de sécurité pour diverses situations d’urgence, comme les inondations et les incendies, mais aussi les guerres, un enjeu actuel en Ukraine.

«On recueille des données précises sur l’espace architectural, tout comme sur l’environnement naturel et les éléments environnants, pour ensuite évaluer s’il faudrait, par exemple, un système d’alarme ou d’irrigation», indique le professeur.

La technologie au service de la conservation

Les fresques à l'intérieur d'une des églises en bois.

Les fresques à l'intérieur d'une des églises en bois

Crédit : UNESCO

Le projet a commencé l’été dernier à Kyiv par la cathédrale Sainte-Sophie. Ce monument unique de l’architecture et de l’art monumental datant du début du 11e siècle possède la plus grande collection de mosaïques et de fresques de cette période. Le travail de documentation s’est concentré sur la résidence métropolitaine et le clocher.

Plus récemment, Miquel Reina Ortiz a mis le cap sur Lviv pour étudier les églises en bois de cette région située près de la frontière polonaise. Ces constructions religieuses singulières sont marquées par la rencontre des cultures byzantine et latine.

Concrètement, le chercheur a eu recours à différentes techniques pour rendre compte de l’état actuel de ces bâtiments inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ainsi, il a utilisé des systèmes de balayage laser et des outils de photogrammétrie terrestre et aérienne pour produire des images panoramiques et tridimensionnelles.

Et la guerre?

En plus du chercheur de l’UdeM, l’équipe était composée de spécialistes de la Turquie, du Canada et du Portugal en techniques de documentation avancée et en gestion des risques liés aux catastrophes. Les membres de l’équipe ont également travaillé avec des experts locaux et des professionnels du patrimoine ukrainien.

«Ce que je retiens de ces visites, ce sont les rencontres avec des collègues aux expertises variées, confie Miquel Reina Ortiz. J’ai aussi beaucoup appris sur la conservation et la gestion des risques en contexte de guerre, et plusieurs des collègues ukrainiens ont dit être préoccupés par l’avenir de leur pays.»

Car, rappelons-le, la Russie a envahi l’Ukraine il y a maintenant plus de 1000 jours. Pendant son séjour, le professeur a été confronté aux alertes aux missiles et aux drones qui intiment de se mettre à l’abri dans les plus brefs délais. Heureusement, il n’a pas observé de bâtiments détruits ni dans le centre-ville de Kyiv ni à Lviv.

«Je me suis toujours senti en sécurité au cours des déplacements avec l’équipe UNESCO-ICOMOS. Il n’en demeure pas moins qu’en contexte de guerre la conception d’un plan de préparation aux risques reste essentielle pour protéger des bâtiments appartenant au patrimoine mondial», estime le chercheur.