Maryna Khrennikova, de réfugiée à diplômée
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Collations des grades 2025 Article 4 / 11
Printemps 2022. L’Ukraine est aux prises avec les tirs et les bombardements russes. Sa population s’exile, confrontée aux horreurs de la guerre, aux destructions, aux restrictions, à la détresse.
À Kharkiv, sa ville natale visée par l’offensive russe, Maryna Khrennikova fait partie du lot. La jeune femme de 18 ans est résolue à fuir les hostilités, mais, surtout, à poursuivre ses études. Elle prend alors la décision de quitter sa famille pour s’établir seule à Montréal grâce au Fonds d’aide aux communautés universitaires en situation de crise humanitaire de l’Université de Montréal nouvellement créé.
C’est le programme de communication et politique offert conjointement par le Département de science politique et le Département de communication de l’UdeM qui l’accueillera gratuitement pendant ce qui devait être une année. Or, trois ans plus tard, la voilà diplômée et détentrice d’un permis de travail canadien.
«Ces études représentent bien plus qu’un diplôme: elles m’ont offert les outils, les connaissances et la confiance nécessaires pour m’intégrer, me construire. Je n’y serais jamais arrivée seule», confie avec émotion la bachelière dans un français presque parfait.
Les communications politiques comme porte d’entrée
En Ukraine, Maryna Khrennikova étudiait la sociologie, avec un intérêt particulier pour les relations publiques. «Je trouve qu’il est très important d’étudier comment les gens communiquent entre eux, comment est transmise l’information aux échelles internationale et nationale et comment ça influence la vie des populations», estime-t-elle.
Si son baccalauréat en communication et politique constitue une légère bifurcation dans sa trajectoire de formation, l’Ukrainienne se sent excessivement reconnaissante envers l’Université pour ce programme qui lui a permis «d’accéder à un emploi à la hauteur de [s]es aspirations».
Car aujourd’hui la diplômée travaille au Sénat du Canada, à Ottawa, en tant que coordonnatrice des médias sociaux, un poste qui est exactement dans ses cordes.
Selon ses dires, c’est grâce aux savoirs acquis à l’UdeM et aux stages qu’elle y a effectués qu’elle a pu décrocher cet emploi. Pendant huit mois, elle a travaillé aux côtés de la députée fédérale d’Outremont, Rachel Bendayan, puis elle a fait un second stage au consulat général des États-Unis à Montréal.
Le début d’une appartenance
Forte d’une résilience et d’une détermination accrues par les affres de la guerre, Maryna Khrennikova dit ne s’engager que dans des projets qui ont le potentiel d’apporter des changements concrets et positifs dans le monde. Dans ce sens, son arrivée au gouvernement canadien lui permet, certes, de travailler en français et en anglais, mais, surtout, de «redonner aux gens de ce pays qui [l]’ont énormément aidée pendant [s]on installation».
À ce chapitre, la bachelière a consolidé son plan d’immigration en facilitant l’établissement de sa mère à Montréal et de sa grand-mère à Saint-Eustache. Cette dernière avait d’ailleurs vu sa maison détruite par le conflit armé qui, inlassablement, continue de faire rage. Une réalité qui habite Maryna Khrennikova, qui ne peut s’empêcher de penser à son pays d’origine et à ses proches restés derrière.
«C’est encore difficile, peut-être même pire qu’avant, juste parce que ça fait déjà trois ans. Les gens sont, en quelque sorte, habitués. Et c’est terrible, puisque normalement, on ne peut pas être habitué à la guerre parce que, eh bien, c’est la guerre. Les gens essayent de poursuivre leurs activités quotidiennes malgré de constants bombardements et divers problèmes. Ils restent forts», dit l’Ukrainienne, qu’on sent déchirée entre un optimiste désir d’enracinement et un profond attachement à sa patrie écorchée.