Mame Fana Ndiaye, diplômée en santé publique
 
Dans la série
Collations des grades 2025 Article 7 / 11
Originaire du Sénégal, diplômée en médecine dans son pays, Mame Fana Ndiaye décide, après sept années d’études, de se tourner vers la santé publique. «J’ai toujours su que je voulais aller dans cette direction, mentionne-t-elle. J’ai fait des recherches et j’ai vu que l’École de santé publique de l'Université de Montréal [ESPUM] était la seule unité d'enseignement en Amérique du Nord à offrir un programme dans la discipline en français.» Elle arrive seule au Québec, dans un système universitaire à apprivoiser et une ville où elle ne connaît presque personne. Rapidement, elle participe à la vie étudiante de l’ESPUM pendant ses études et devient tutrice, puis représentante et ambassadrice des étudiants étrangers à l’école. Aujourd’hui, la brillante étudiante est chargée de projet pour Médecins du monde.
Apprendre à vivre ailleurs
Les débuts n’ont pas été faciles. Le froid, bien sûr, auquel il faut s’habituer. Mais aussi les cours en ligne après la pandémie. «Heureusement, j’ai eu la chance d’avoir un professeur merveilleux, Bernard Simon-Leclerc, qui a décidé d’organiser des séances en présentiel même si le cours était officiellement à distance, raconte-t-elle. C’est là que j’ai commencé à rencontrer des gens de l’école.»
Elle s’était aussi liée, dès la semaine d’accueil organisée par l’UdeM, à de nombreuses personnes avec qui elle est toujours en contact aujourd’hui. «Je recommande vivement à celles et ceux venus de l’étranger de participer à cette semaine d'accueil pour qu’ils puissent ainsi se faire de nouveaux amis!» indique-t-elle.
Durant ses études, son père, Sounka, la suit de loin, mais avec attention. «On communique très souvent. Je suis son confident, dit-il. C’est ma fille, mais on est amis.» Et il n’est pas surpris de la voir s’en sortir avec brio: «Elle a toujours été très entreprenante, très passionnée, affirme-t-il. Que ce soit dans les études, dans le sport ou dans toute autre activité.»
L’engagement comme fil rouge
Dès ses premières semaines sur le campus, Mame Fana Ndiaye cherche des façons de s’intégrer à son nouvel environnement. «J’ai toujours aimé le bénévolat», déclare-t-elle. C’est ainsi qu’elle découvre la banque alimentaire de l’Université de Montréal. Là, elle est confrontée à une réalité peu visible: l’insécurité alimentaire chez les étudiants et les étudiantes. «On ne doit pas avoir à choisir entre se nourrir et faire ses études. C'était une cause qui me tenait à cœur. Ainsi pour moi, pouvoir distribuer des denrées de première nécessité, c’était une manière concrète d’aider», poursuit-elle. Elle continue son engagement bénévole tout au long de sa maîtrise. Ce bénévolat lui permet non seulement de créer des liens, mais aussi de rester fidèle à ses valeurs de justice et de solidarité.
Rapidement, Mame Fana Ndiaye devient représentante des étudiants étrangers au sein de l’association étudiante de l’ESPUM. Dans ce rôle, elle défend leurs intérêts, répond à leurs questions et fait le lien avec les services administratifs ou le Soutien à la communauté étudiante internationale. Après sa deuxième année d’études, elle agit à titre d’ambassadrice de l’école, accompagnant les nouveaux arrivants, les aidant à mieux comprendre leur nouvel environnement. Elle se souvient: «Je leur expliquais la charge de travail, le climat social, les services disponibles et tout ce qu’on peut faire à l’Université de Montréal.»
Maintenant qu’elle est diplômée, elle coordonne des projets humanitaires pour Médecins du monde mis en œuvre dans des contextes d’urgence tels qu’au Liban, en Colombie ou en République démocratique du Congo. «Ma formation en santé publique m’aide à avoir une vue d’ensemble. Mais ma formation médicale me permet aussi de comprendre ce qui se passe sur le terrain. Les deux se complètent très bien», observe-t-elle.
Et après?
À court terme, Mame Fana Ndiaye souhaite continuer à travailler chez Médecins du monde. Mais elle voit plus loin. Elle entame des démarches d’équivalence pour pratiquer la médecine au Québec tout en souhaitant garder un pied dans la santé publique. «J’ai envie de mêler les deux dans ma pratique future», dit-elle.
Et le retour au Sénégal? Son père laisse la porte grande ouverte: «Je n’ai pas de préférence. Ce qui compte, c’est qu’elle soit épanouie. Si c’est au Canada, tant mieux. Si c’est au Sénégal, tant mieux aussi!» Pour lui, rester au Sénégal est une évidence. Il explique: «J’ai eu l’occasion de m’installer ailleurs, aux États-Unis notamment. Mais je suis profondément attaché à mon pays.» Et il reste convaincu d’avoir transmis à sa fille l’essentiel: «L’éducation, pour moi, c’est fondamental. Et certaines valeurs humaines aussi comme distinguer le bien du mal, travailler fort, aider son prochain. Jusqu’à présent, Fana nous a montré qu’elle incarnait très bien ces valeurs-là. Et c’est ma plus grande fierté», conclut-il.
 
                
        
 
                
        
 
                
        
 
                
        
 
                
        
 
                
        
 
                
        
