L’autonomie des étudiants en situation de handicap favorise leur réussite universitaire

  • Forum
  • Le 5 juin 2019

  • Martine Letarte
Les étudiants aux prises avec un trouble d’apprentissage ou un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité sont venus grossir massivement les rangs des diverses communautés universitaires dans les 15 dernières années.

Les étudiants aux prises avec un trouble d’apprentissage ou un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité sont venus grossir massivement les rangs des diverses communautés universitaires dans les 15 dernières années.

Crédit : Getty

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Pour la Semaine des personnes handicapées, «Forum» s’est entretenu avec la professeure Josianne Robert, qui montre que l’autodétermination soutient la réussite des étudiants en situation de handicap.

Les étudiants et étudiantes aux prises avec un trouble d’apprentissage ou un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité sont venus grossir massivement les rangs des diverses communautés universitaires dans les 15 dernières années.

«Je m’intéresse à la façon de rendre autonomes les gens en situation de handicap, avec un trouble d’apprentissage ou un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité. La recherche montre l’importance de l’autodétermination pour leurs perspectives d’avenir en matière tant de réussite scolaire que d’emploi et de qualité de vie», explique Josianne Robert, professeure au Département de psychopédagogie et d’andragogie de l’Université de Montréal.

Le concept d’autodétermination est une combinaison d’habiletés, de connaissances, de croyances qui rendent une personne capable de s’engager dans une perspective d’avenir, de s’autoréguler et d’avoir des comportements autonomes.

Ce concept est de plus en plus en vogue aux États-Unis.

«Mais il l’est un peu moins au Québec, même si les organismes d’aide aux personnes handicapées savent à quel point il est important de favoriser l’autonomie et la participation active des gens à la prise de décision individuelle», constate Josianne Robert, qui a présenté une communication sur l’importance de l’autodétermination dans la réussite universitaire des étudiants en situation de handicap au 87e Congrès de l’Acfas.

Des étudiants peu autodéterminés

Josianne Robert

Crédit : Amélie Philibert

En réfléchissant à la façon de mieux accompagner les étudiants en situation de handicap, Josianne Robert s’est penchée sur le concept d’autodétermination pour favoriser leur réussite. Il comprend cinq grandes dimensions: la connaissance de soi, la valorisation, la planification, l’action, puis l’évaluation et l’apprentissage.

Dans ses travaux de doctorat, Josianne Robert a analysé la situation des étudiants de deux universités québécoises francophones qui doivent composer avec un trouble d’apprentissage ou un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité. Elle a constaté que ces étudiants se connaissent peu et se valorisent peu.

«Or, une personne ne peut démontrer de l’autodétermination que dans un contexte qui le permet», ajoute-t-elle.

Adapter l’accompagnement

Alors que la Semaine québécoise des personnes handicapées bat son plein, Josianne Robert remarque que les universités tentent de faire en sorte que les étudiants et étudiantes en situation de handicap soient autonomes et responsables.

«Mais il reste du travail à faire pour que ce souhait devienne réalité», précise celle qui examinera dans une prochaine étude les modalités d’accompagnement à privilégier auprès de ces étudiants.

Déjà, elle a des pistes de solution en tête.

«En ce moment, le modèle médical est préconisé: on diagnostique le trouble, puis on propose des mesures d’accompagnement en conséquence, dit la professeure. L’étudiant est peu amené à exprimer ses besoins et à verbaliser ce qu’il aimerait avoir comme accompagnement pour être en mesure de réussir. On a tendance à le faire à sa place.»

Dans sa nouvelle recherche, Josianne Robert veut désigner les moments névralgiques où l’étudiant en situation de handicap doit démontrer de l’autodétermination dans le processus d’accompagnement afin de trouver de nouvelles façons de faire.

«Il faut dorénavant adopter une posture de guide, une approche non directive en optant pour le questionnement, affirme Mme Robert. Que puis-je faire pour vous soutenir? Il faut donner des choix aux étudiants.»

Elle est convaincue qu’on doit aller au-delà du diagnostic.

«Ces étudiants ont commencé des études universitaires, mentionne-t-elle. Ils ont des forces, des compétences et il faut voir comment on peut les valoriser pour qu’ils puissent s’épanouir comme n’importe quels autres étudiants. Ils ont le droit de réussir. Il faut être inclusif. Et ces personnes vont contribuer à la société à la même hauteur que les autres.»

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