Une équipe québécoise écourtera le dépistage de la COVID-19
- Salle de presse
Le 19 mars 2020
- UdeMNouvelles , Mathieu-Robert Sauvé
Des spécialistes de la chimie biomédicale du Québec tenteront de mettre au point un test de dépistage de la COVID-19 qui fera gagner beaucoup de temps au personnel médical.
Une équipe de recherche québécoise vient d’obtenir le feu vert des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) pour tester un appareil qui écourtera le délai de réponse au test de dépistage de la COVID-19. «En quelques minutes, l’instrument pourrait indiquer si l’échantillon contient les anticorps du coronavirus, une opération qui prend actuellement plusieurs heures», dit Jean-François Masson, professeur au Département de chimie de l’Université de Montréal.
Spécialiste de l’instrumentation biomédicale, le professeur Masson travaille en collaboration avec sa collègue du département Joelle Pelletier au sein d’une équipe dirigée par Denis Boudreau, professeur de chimie à l’Université Laval. Une collègue chinoise, Qing Huang, qui a travaillé à la détection du virus Ebola, complète l’équipe. Ils ont obtenu des fonds spéciaux que les IRSC ont débloqués récemment pour lutter contre la pandémie appréhendée. Le total de la subvention s’élève à un million de dollars sur deux ans. Une dizaine d’étudiants et de chercheurs postdoctoraux participeront aux travaux de recherche. Les chercheurs ont eu l’autorisation de poursuivre leurs activités liées à la COVID-19 durant la fermeture des laboratoires à l’Université de Montréal, qui seront menées dans le respect des règles de distanciation définies par le gouvernement.
Si les scientifiques ont de bonnes raisons de croire que leur prototype fonctionnera ‒ ils ont travaillé sur un prototype capable de détecter les réactions allergiques à un médicament contre la leucémie et ont obtenu des résultats positifs ‒, ils ne veulent pas donner l’impression que l’appareil pourra être utilisé durant l’offensive actuelle contre la pandémie. «Je crois que, dans le meilleur des cas, on aura un dispositif fiable d’ici un an, pour une prochaine vague de l’épidémie s’il y a lieu», nuance-t-il.
Mais compte tenu de son approche radicalement différente des tests employés actuellement, le prototype pourrait s’avérer utile lors de nouvelles menaces virales.
Il faut également souligner que cette technologie pourrait servir à déterminer l’immunité de certaines personnes quant à la COVID-19. «On peut penser à un membre du personnel de la santé qui veut savoir s’il est immunisé», indique-t-il.
Résonance des plasmons de surface
Jean-François Masson s’intéresse à l’instrumentation biomédicale depuis plus d’une décennie. Au carrefour de la chimie analytique, de la nanotechnologie et de l’intelligence artificielle, son expertise se concentre sur un type de biocapteur de résonance des plasmons de surface. Un peu plus compact qu’un dictionnaire, ce système est muni d’une puce qui analyse presque instantanément les échantillons qu’on lui présente.
Alors que les dispositifs actuels doivent compter sur l’analyse de l’ADN du génome du virus, qu’il faut prélever dans le larynx du patient, ce système tenterait de détecter les anticorps du malade. Une différence de taille.
Le dispositif qu’ont mis au point les professeurs Masson et Pelletier a été testé dans le cadre de travaux de recherche en milieu hospitalier au Canada. Un de ses avantages est qu’il peut être utilisé sur le terrain, les résultats pouvant être enregistrés dans une puce insérée à l'intérieur d'une cartouche jetable. Celle-ci peut être emballée individuellement après chaque analyse. Le tout est relié à un ordinateur portable.
L’instrument qu’on souhaite réaliser exploitera les connaissances existantes sur la COVID-19 en complémentarité avec l’analyse génomique et en collaboration avec plusieurs chercheurs engagés dans les efforts présentement déployés pour enrayer la pandémie. «La clé de notre approche de développement est notre effort collectif international avec des centres hospitaliers et de recherche en Chine», précisent les chercheurs dans leur demande de financement.
En effet, l’équipe collabore avec plusieurs équipes chinoises expertes en maladies infectieuses et un partenaire industriel québécois, Affinité Instruments. D’ailleurs, le professeur Masson était lui-même en Chine lorsque l’épidémie a fait ses premières victimes.
Relations avec les médias
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Julie Gazaille
Université de Montréal
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