On ne naît pas végane, on le devient

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Jusqu’à l’âge de 18 ans, l’éthicienne Valéry Giroux a mangé de la viande. Puis elle a adopté une alimentation végétarienne avant de devenir végane une décennie plus tard.

Le véganisme exclut tout produit ou service tiré de l’exploitation animale, ceintures de cuir, laine et visites au zoo comprises. «On ne naît pas végane, mais c’est devenu pour moi une position éthique pour vivre en harmonie avec mes valeurs et tenter de lutter contre ce qui me paraît injuste. Je n’ai jamais remis ce choix en question», dit l’éthicienne Valéry Giroux.

Coauteure d’un livre sur le véganisme publié en 2017 dans la célèbre collection Que sais-je? (Presses universitaires de France), la chercheuse du Centre de recherche en éthique logé à l’Université de Montréal qui détient trois diplômes (baccalauréat et maîtrise en droit en 1997 et 2003; doctorat en philosophie en 2017) estime qu’il est injuste d’abattre des animaux en santé pour servir des fins humaines. «La révolution darwinienne nous a appris que l’espèce humaine fait partie du règne animal, mais nous ne semblons toujours pas en avoir compris les implications morales», explique-t-elle. Les adeptes du véganisme respectent ainsi le droit des êtres sensibles de ne pas être réduits à de simples ressources. On ne mettrait pas à mort des humains dans des abattoirs pour les mange; pourquoi serait-il acceptable de le faire avec des animaux qui ont eux aussi intérêt à rester en vie?

Sans viande et équilibré

Elle concède que, au moment de son passage au véganisme, les tenants de cette alimentation avançaient à tâtons en matière nutritionnelle. «Aujourd’hui, on sait que la grande majorité des éléments nutritifs qu’on trouve dans la chair animale sont présents dans les produits végétaux. Des triathlètes et des enfants peuvent adhérer à cette alimentation sans souffrir de carences.»

Seule exception mise en lumière par des chercheurs au cours des dernières années: la vitamine B12, absente des denrées végétales. Cette vitamine qui assure la production de globules rouges, notamment, est présente dans le tube digestif des animaux – le lait et les œufs en contiennent, ce qui fournit un approvisionnement suffisant aux individus qui consomment de la viande. On peut combler ce besoin en absorbant des suppléments de synthèse.

Plus qu’un régime alimentaire, le véganisme est un mouvement de justice sociale qui tente de faire infléchir les politiques à l’égard du règne animal. «Je crois que les mentalités évoluent, mais les lois ne changent pas vite. Nous souhaitons abolir toute forme d’injustice envers les animaux. Cela inclut le respect du droit de vivre et de ne pas être asservi.»

Les restaurants qui offrent de plus en plus de plats sans viande à leur clientèle démontrent que la tendance a de beaux jours devant elle. «Peut-être que c’est le capitalisme qui fera évoluer les mœurs en raison des lois du marché», lance-t-elle avec un certain scepticisme.

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