Shin Koseki est nommé titulaire de la Chaire UNESCO en paysage urbain

Shin Koseki

Shin Koseki

Crédit : Godefroy Mosry

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Passionné par les questions de politique, de justice sociale et de développement durable, le nouveau titulaire de la CUPUM entend multiplier les actions pour accroître la qualité de vie des gens.

Shin Koseki a passé 15 ans à l’étranger. Un long et prolifique séjour au cours duquel il aura participé à un échange étudiant en Suisse dans le cadre de son baccalauréat en architecture à l’Université de Montréal, obtenu une maîtrise et un doctorat en architecture et urbanisme à l’École polytechnique fédérale de Lausanne et entamé une brillante carrière en recherche et en enseignement dans divers établissements – en Suisse, mais aussi en Angleterre, à Singapour et en Italie.

De retour au pays depuis peu, le chercheur montréalais poursuit ses travaux rattachés aux domaines de l’environnement, des nouvelles technologies, de la démocratie et de l’éducation dans son alma mater: d’abord à titre de professeur adjoint à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de la Faculté de l’aménagement depuis le 1er janvier et maintenant comme titulaire de la Chaire UNESCO en paysage urbain de l’Université de Montréal (CUPUM). Reconnue comme l’une des plus dynamiques des quelque 600 chaires UNESCO en raison de ses activités, son rayonnement et son engagement en matière de préservation, de mise en valeur et de développement des paysages urbains, cette chaire lui laissera toute la latitude souhaitée pour mettre son savoir à contribution.

«Depuis des années, mon travail porte sur les enjeux de justice et de durabilité dans les territoires urbains, l’intégration des nouvelles technologies dans les pratiques en aménagement et le développement d’une démocratie interactive au service de la population. Pour moi, cette nomination est un tremplin qui me permettra de promouvoir ces thématiques qui me sont chères et de les partager avec d’autres partenaires à l’échelle internationale», se réjouit Shin Koseki, rencontré par visioconférence.

Chantier prioritaire: le fleuve Saint-Laurent

L’un des premiers chantiers auxquels il compte s’attaquer avec les autres chercheurs de la CUPUM concerne la revitalisation et la restauration écologique des abords du fleuve Saint-Laurent ainsi que l’amélioration de la qualité de vie des communautés riveraines. «Le fleuve et ses affluents drainent le quart de l’eau potable dans le monde. Sur les plans écologique, social, culturel, économique et politique, il s’agit d’un ensemble géographique extrêmement important qui pose plusieurs défis, mais qui offre aussi énormément de potentiel pour résoudre les problèmes de changements climatiques, d’étalement urbain et d’inégalités sociales», dit-il.

Pour mener ce projet à terme, il envisage de former une assemblée citoyenne sur la gouvernance du fleuve Saint-Laurent et de réorienter les WAT_UNESCO – ces workshops/ateliers sur le terrain organisés chaque année par la Chaire dans différentes régions du monde pour réfléchir sur des problèmes d’aménagement urbain liés à des enjeux sociaux, culturels et environnementaux – autour de l’urbanisation des grands fleuves. «C’est une façon de créer un savoir collectif entre les villes du monde situées le long de cours d’eau importants, comme Montréal, Le Caire ou Rotterdam, et de s’inspirer de ce qui se fait de mieux ailleurs», illustre-t-il.

La force de la démocratie interactive

Cette idée d’assemblée citoyenne, où chacun a la possibilité de proposer des solutions, de prendre en main le processus décisionnel et de mettre en place des solutions, Shin Koseki l’a puisée directement dans ses expériences de «décideur politique» menées avec son groupe de recherche en urbanisme, le Rhizome Chôros, qu’il a cofondé à Paris il y a cinq ans.

Tout récemment, ses collègues et lui ont ainsi agi à titre d’observateurs scientifiques dans deux instances de démocratie interactive en France: la Convention citoyenne pour le climat, où des particuliers sont appelés à définir une série de mesures permettant d’atteindre une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, et le Débat national sur l’agriculture, qui vise à jeter les bases d’une politique agricole commune de l’Union européenne émanant des idées de la population.

«Ces évènements nous l’ont montré clairement: quand on leur en donne la possibilité, les gens proposent des mesures plus innovantes que celles avancées par les élus, affirme le chercheur. Comme ils ne sont pas contraints par des logiques partisanes ou économiques, ils sont libres de leurs décisions et cette liberté permet une grande inventivité dans la définition de mesures politiques.»

Pratiquement inexistant en Amérique du Nord, ce processus interactif est dans la ligne de mire du nouveau titulaire de la CUPUM, qui compte l’importer en l’adaptant à la situation qui prévaut ici sur les plans social, culturel, économique et politique. D’où la future assemblée citoyenne sur la gouvernance du fleuve Saint-Laurent.

«Créer le monde dans lequel on veut vivre»

Architecte, urbaniste, décideur politique, programmeur et photographe de danse à ses heures… Le très proactif Shin Koseki a encore mille autres projets dans ses cartons. Ce qui le motive? «Le bien de l’humanité!» répond-il dans un grand sourire. «Si l’on veut faire avancer les choses dans la société, il faut y consacrer du temps et de l’énergie. On ne peut pas attendre que les choses s’améliorent d’elles-mêmes. J’aime proposer des solutions, des pistes de recherche, de nouvelles idées. C’est en travaillant à créer le monde dans lequel on veut vivre qu’il va exister un jour.» Pas de doute, la Chaire UNESCO en paysage urbain de l’Université de Montréal est entre de bonnes mains!   

La Chaire UNESCO en paysage urbain de l’Université de Montréal bénéficie du soutien du Fonds Sid Lee Architecture, des Fonds de recherche du Québec, de la Direction des affaires internationales et de la Faculté de l’aménagement de l’UdeM.

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