«Quel virus es-tu?»: un jeu pour lutter contre la désinformation sur les vaccins

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Des étudiantes de l’UdeM conçoivent un jeu-questionnaire pour sensibiliser et informer le public sur l’importance de se faire vacciner.

Inquiet, sceptique, détaché ou superinformé: tels sont les quatre «virus» auxquels les participants du jeu-questionnaire Quel virus es-tu? peuvent être associés après une série de questions. «Ça, c’est l’accroche pour que les gens viennent sur le site», précise Alexia Ostrolenk, candidate au doctorat en sciences psychiatriques à l’Université de Montréal et l’une des instigatrices du projet. Des fiches d’information complètent l’outil de vulgarisation.

Informer sans jugement

C’est un appel de projets des Fonds de recherche du Québec visant les 18-30 ans qui a donné naissance à ce site Internet. Avec d’autres collègues communicatrices scientifiques (Alexandra Gellé, doctorante à l’Université McGill, et Marion Cossin, étudiante au doctorat en génie biomédical à l’UdeM et Polytechnique Montréal), Alexia Ostrolenk a exploré différentes idées pour soumettre un projet. «Nous avons établi dès le départ que nous voulions une communication à double sens et nous souhaitions être ouvertes au ressenti», explique-t-elle. C’est ainsi que l’idée d’un jeu-questionnaire a été évoquée, une forme qui laisse aux gens l’espace pour exprimer comment ils se sentent. «Nous voulons donner de l’information tout en évitant les jugements de valeur», poursuit-elle.

Les étudiantes ont décidé de se pencher sur la vaccination, assurément l’enjeu chaud du printemps, surtout pour les 18-30 ans. «C’est la tranche d’âge la moins vaccinée. Il y a donc un défi de faire circuler de l’information fiable», souligne-t-elle.

L’équipe a fait appel à Émilie Dubois, d’IMPAKT Scientifik, pour mettre le tout en images. Une équipe d’experts chapeautée par la professeure Nathalie Grandvaux, du Département de biochimie et médecine moléculaire de l’UdeM, a également contribué à la rédaction et à la validation des fiches explicatives.

Vulgariser pour le grand public

En plus du jeu-questionnaire, le site Web propose une série de fiches informatives et vulgarisées sur les vaccins. Chaque fiche répond à une question sur les vaccins (fonctionnement des vaccins, sécurité, variants, mythes, etc.). «Mon rôle était de chercher des informations pour répondre à la question de façon claire pour le public ciblé», indique Natalia Zamorano, étudiante au doctorat en biologie moléculaire et membre du laboratoire de la professeure Grandvaux. La jeune femme faisait partie de l’équipe de six personnes, étudiants et étudiantes et scientifiques, du projet.

La création du jeu-questionnaire et des fiches informatives s’est effectuée dans un temps éclair, puisque l’annonce de l’obtention de la subvention a eu lieu en février et que le site a été mis en ligne en juillet. «Ce fut un petit marathon. On était toutes en même temps au doctorat à temps plein», rappelle Alexia Ostrolenk.

Des efforts particuliers ont été déployés pour joindre un public varié. En effet, malgré les bons commentaires reçus après la mise en ligne, l’équipe voulait faire davantage: «On s’est rendu compte qu’on touchait des gens qui étaient d’accord avec nous. Mais ce n’était pas le but!» constate Mme Ostrolenk. Après une révision de la stratégie marketing, les étudiantes ont vu apparaître davantage de commentaires négatifs de la part de personnes antivaccins. «C’était difficile à gérer, mais c’était bon signe: on touchait un autre public», ajoute-t-elle.

Un des grands défis du projet a d’ailleurs été la modération des réseaux sociaux. «Nous n’avions pas anticipé cette partie», déclare Alexia Ostrolenk. Pourtant, ce n’était pas une première pour l’étudiante, dont le sujet de doctorat – l’autisme – fait parfois l’objet de controverses. «Quand on parle d’autisme, on parle souvent de vaccins. J’ai appris à communiquer sur ce sujet», remarque-t-elle.

Poursuivre les efforts

Cette expérience de vulgarisation aura stimulé le goût de poursuivre les efforts de communication de la science. «On aimerait concevoir une suite, mais pour l’instant le budget est limité», nuance Alexia Ostrolenk, qui n’en était pas à sa première expérience de vulgarisation. Notons que le jeu-questionnaire sera bientôt accessible en anglais.

Pour Natalia Zamorano, cette première expérience de vulgarisation aura certainement des suites. «Avant la pandémie, je ne m’étais pas tellement intéressée à la transmission de l’information à la communauté non scientifique», confie-t-elle. Mais en 2020, en tant que membre d’un laboratoire qui travaille sur la réponse immunitaire aux infections virales, et plus spécifiquement aux virus respiratoires, la doctorante est devenue une précieuse ressource pour sa famille et ses amis. Elle dit avoir appris des réunions sur Zoom où elle répondait aux questions et aux inquiétudes de son entourage. «Cette expérience m’a beaucoup plu. J’ai senti que ce qu’on faisait au laboratoire était important», souligne-t-elle. La rédaction des fiches était une suite logique: «Quand j’ai su qu’on cherchait quelqu’un pour aider à la rédaction des fiches, j’ai tout de suite accepté. Savoir qu’on allait pouvoir toucher une plus large communauté, c’est un grand plaisir», assure-t-elle.

Contribuer à sensibiliser

Avec la pandémie, les activités de recherche de plusieurs laboratoires ont diminué. «Comme c’est un domaine que l’on connaissait, on en a profité pour lire tout ce qui se publiait sur le SRAS-CoV-2,», raconte Natalia Zamorano. L’étudiante et sa directrice ont par ailleurs produit une revue de la littérature sur le sujet.

La pandémie a également suscité plusieurs discussions au laboratoire de Nathalie Grandvaux. «De voir à quel point il y avait de la désinformation, ça a créé beaucoup de frustration. C’est pourquoi j’ai voulu participer au projet, qui permet de donner accès à de l’information crédible et de lutter contre la désinformation», conclut Mme Zamorano.

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