S’initier à la sociocriminologie en décortiquant des cas criminels célèbres

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Une chargée de cours de l’UdeM lance un site Web pour présenter des travaux étudiants abordant la criminalité sous un angle sociologique.

Comment la pauvreté vécue par Bonnie a-t-elle influencé son parcours criminel auprès de Clyde? Les peurs intergénérationnelles ont-elles mené à l’exécution des «sorcières» de Salem? Les frères Kray ont-ils profité des nombreuses tragédies affligeant l’East End londonien pour asseoir leur réputation de «gangsters gentlemans»? Bref, dans quelle mesure les contextes historique et socioculturel jouent-ils un rôle dans la criminalité?

Voilà certaines questions auxquelles tente de répondre la chargée de cours de l’École de criminologie et de la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal Juliette Jarvis dans son cours sur la sociocriminologie. De nature théorique, ce cours cherche à expliquer d’un point de vue sociologique les conduites criminelles.

Pour susciter l’intérêt de ses groupes à l’égard de ces questions, Mme Jarvis a récemment lancé un projet novateur: Récits de crimes. Créée en collaboration avec la Bibliothèque des lettres et sciences humaines de l'UdeM, cette initiative invite les étudiants et étudiantes à se pencher sur un cas criminel célèbre ou sociohistorique et à l’analyser selon les théories vues en classe.

Le projet prend la forme d’une exposition virtuelle présentant les travaux étudiants de manière à constituer une ressource francophone sur les théories sociologiques en criminologie à l’intention de la communauté universitaire et du public. «Cette collection, appelée à grandir au fil des sessions, pourra ainsi former une sorte de wiki étudiant pour découvrir la criminalité sous un angle sociologique», indique Juliette Jarvis.

Ce projet permet également de présenter les différents types de sources utilisées en criminologie – historique, journalistique, voire artistique – et de réfléchir à la représentation et au traitement de la criminalité dans la société.

Une lumière sur les enjeux sociaux

Juliette Jarvis

Comment la sociologie permet-elle d’expliquer certaines conduites criminelles? «En considérant que l’environnement dans lequel nous vivons, les types de relations sociales que nous cultivons et les occasions socioprofessionnelles qui s’offrent à nous influencent les trajectoires de vie», mentionne la chargée de cours.

Cette perspective invite donc à considérer des facteurs extérieurs contraignant les choix individuels pour expliquer certains comportements répréhensibles et la réaction sociale vis-à-vis de ces actes. Pour Juliette Jarvis, cette approche qui fait ressortir les inégalités sociales, notamment les enjeux raciaux, est très importante dans le parcours de tout criminologue.

«Sans faire abstraction des responsabilités individuelles, c’est essentiel de changer les mentalités “eux contre nous” et d’être confronté à l’idée que peut-être nous-mêmes agirions de la même façon dans la situation d’autrui ou que nos actions n’ont pas les mêmes conséquences judiciaires selon notre statut social», conclut-elle.

 

 

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