Quels parcours de carrière pour les musiciennes ayant migré vers le Québec?

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Caroline Marcoux-Gendron amorce un projet d’étude visant à documenter les parcours socioprofessionnels de musiciennes migrantes installées à Montréal.

Quelles sont les réalités sociales, culturelles et professionnelles auxquelles ont été confrontées les musiciennes qui ont migré et en quoi le bagage qu’elles portent influence-t-il leur carrière?

C’est ce qu’entend découvrir la chercheuse Caroline Marcoux-Gendron, coordonnatrice générale et scientifique de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM) de l’Université de Montréal.

Mme Marcoux-Gendron a présenté, en collaboration avec la doctorante en sociologie Lysandre Champagne (Université McGill), les bases de réflexion théorique et conceptuelle de l’étude qu’elle vient d’amorcer à l’occasion de la conférence d’ouverture des Rencontres musicales d’automne: femmes musiciennes du monde, organisées récemment par l’OICRM et le Centre des musiciens du monde.

Tenues sur deux jours, ces rencontres visaient à explorer les parcours professionnels de musiciennes migrantes issues de diverses régions du monde à partir des travaux de chercheuses en sociologie, anthropologie, musicologie et ethnomusicologie.

L’importance de comprendre les différentes socialisations professionnelles

Caroline Marcoux-Gendron

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Soutenu par une subvention du volet Exploration du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada accordée à l’UdeM, le projet en démarrage a permis jusqu’à maintenant d’interviewer cinq musiciennes établies à Montréal, notamment issues d’Europe de l’Est, du Moyen-Orient et d’Afrique de l’Ouest, qui sont passées par différents pays où elles ont été formées et où elles sont parvenues – tant bien que mal selon les cas – à exercer leur métier.

Les entretiens se poursuivront au début 2022 pour compléter cette première phase exploratoire visant à modéliser des parcours de musiciennes en migration, encore peu étudiés sous l’angle de leur professionnalisation.

«Dans leur parcours de vie, ces femmes ont connu des modalités de socialisations professionnelles différentes partout où elles ont vécu, dont il importe de comprendre les spécificités et les articulations, indique la chercheuse. À première vue, les inégalités de genre font qu’il est plus difficile d’être une femme en musique que d’être un homme sur les plans de l’accessibilité, des occasions et de l’avancement pour ce qui est de la carrière, à quoi s’ajoutent ici des enjeux liés à la migration.»

Par exemple, les effets du genre et de la migration sont susceptibles d’exacerber des défis du travail artistique liés aux dynamiques de contrats temporaires ou encore de réseaux de pairs, souvent à prédominance masculine, qui permettent la reconnaissance du talent musical et offrent l’essentiel des occasions d’emploi.

En poursuivant sa recherche, Caroline Marcoux-Gendron souhaite aussi connaître «les négociations et les stratégies que ces musiciennes ont menées pour cheminer professionnellement».

Car si la question du genre est centrale dans sa réflexion, elle croise d’autres aspects dont l’origine culturelle et ethnique, l’âge, la classe ou encore la religion, menant ainsi à une lecture multidimensionnelle de la réalité de ces musiciennes.

Les Rencontres musicales d’automne: femmes musiciennes du monde ont ainsi permis de partager les premières pistes de réflexion entourant cette étude et d’engager un dialogue entre conférencières du milieu de l'enseignement et de la recherche et artistes présentes pour une table ronde. «Par la combinaison des savoirs scientifiques et expérientiels des chercheuses et des musiciennes, nous voulions offrir des perspectives complémentaires sur les questions d’accessibilité, d’occasions et d’avancement relatives à la carrière chez les musiciennes migrantes», conclut Caroline Marcoux-Gendron.

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