Pâques: de la résurrection de Jésus aux lapins en chocolat

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Comment la célébration de Pâques a-t-elle évolué? Les symboles pascaux d’aujourd’hui ont-ils encore une signification? Qui est le lapin de Pâques? Alain Gignac nous dit tout.

Historiquement, Pâques est la fête la plus importante du christianisme, elle commémore la résurrection de Jésus et s’accompagne de moult rituels. Aujourd’hui, c’est surtout l’occasion de profiter de quatre jours de congé et d’échanger des chocolats aux formes animalières diverses. Si les célébrations ont évolué, incarnent-elles toujours un symbolisme religieux quelconque?

Alain Gignac, directeur de l’Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal, fait la lumière sur les symboles et les traditions populaires liés à Pâques.

D’abord une célébration liturgique solennelle

Alain Gignac

Notez d’emblée que la fête chrétienne de Pâques se distingue de la Pâque juive. Ensuite, que le christianisme comporte quatre branches – orthodoxe, catholique, protestante et évangélique – et que l’article qui suit concerne surtout la tradition catholique.

La grande commémoration catholique de la résurrection se nomme «veillée pascale», indique Alain Gignac. Elle se tient dans la nuit du Samedi saint au dimanche de Pâques et comprend quatre parties. La première est la célébration de la lumière. Alors que l’église est d’abord plongée dans l’obscurité, le cierge pascal et les cierges des fidèles sont allumés. «Dans la nuit surgit la lumière, pour symboliser la résurrection du Christ», précise le professeur.

Puis, une longue célébration de la parole est observée au cours de laquelle sont lus des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Les baptêmes ont ensuite lieu, où l’eau rappelle à la fois la vie et la mort. «Une des premières interprétations du baptême est qu’il s’agit d’une noyade, qu’on meurt avec Jésus, puis qu’on ressort de l’eau vivifié, ressuscité. C’est encore la victoire de la vie sur la mort», dit Alain Gignac. La cérémonie prend fin avec l’eucharistie, comme toute autre messe dominicale.

Lapin, œufs, chocolat: pourquoi?

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De nos jours, bien que les cérémonies à l’église aient toujours lieu, les traditions liées à Pâques semblent avoir pris une tangente plus séculière.

Un des emblèmes les plus répandus est le fameux «coco» de Pâques. «L’œuf nous vient des orthodoxes, surtout celui qu’on vide et qu’on décore. Il évoque la vie, c’est une autre manière de parler de résurrection. En quelque sorte, quand on pense à Jésus ressuscité, on pourrait dire qu’il brise sa coquille pour faire jaillir la vie», explique Alain Gignac.

Il ajoute que la présence de l’œuf à Pâques a aussi une valeur historique, puisque cette fête coïncide avec la fin du carême, période de pénitence où l’on ne consommait ni œuf ni viande. Ainsi, pendant 40 jours, les poules continuaient leur ponte, mais les œufs n’étaient pas mangés. Pâques devenait donc l’occasion de cuisiner et d’offrir tous ces œufs mis de côté.

La tradition du chocolat découle de celle des œufs. Un jour, un chocolatier a tout simplement eu l’idée de remplir de chocolat les coquilles d’œufs vides. Puis, les moules ont été inventés. «Il n’y a pas réellement de symbole associé, seulement que tout le monde aime ça, le chocolat!» déclare Alain Gignac.

Et d’où provient le lapin? Pour le professeur, l’origine est plus obscure. Selon lui, il s’agit peut-être d’une création marketing comme le père Noël, mais cet animal pourrait également avoir un rapport avec la fécondité, donc la vie. «N’oublions pas que, dans de nombreuses cultures antiques, notamment chez les Grecs, on fêtait au début du printemps la renaissance de la nature après l’hiver, le retour des oiseaux, la floraison, la vie», souligne-t-il.

Finalement, l’image des cloches est parfois aussi liée à Pâques. Avant, les cloches étaient omniprésentes dans la vie quotidienne – elles résonnaient trois fois par jour pour l’angélus, en plus des messes le dimanche, des funérailles et des mariages. Le Vendredi saint, il est coutume d’interrompre tout tintement de cloches en signe de deuil. Ce n’est que lors de la veillée pascale qu’elles peuvent carillonner à nouveau. On dit alors que ce sont les cloches qui amènent Pâques.

En résumé, nous assistons à une déchristianisation de Pâques. «Il existe une déconnexion entre la culture populaire et la religion», affirme Alain Gignac. Mais les symboles généraux, comme le retour à la vie, subsistent malgré tout en filigrane.

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