Comment votre ado sexte-t-il?

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Les filles hétérosexuelles cisgenres et les garçons de la diversité sexuelle et de genre ont tendance à avoir une plus mauvaise image de leur corps et à sexter davantage.

Quelles sont les associations entre l’appréciation corporelle et les comportements en matière de sextage? Ceux-ci diffèrent-ils selon le genre et l'orientation sexuelle?

Pour le savoir, une étude a été menée auprès de 2904 adolescents et adolescentes de troisième secondaire par Marie-Michèle Paquette et Alice Girouard, doctorantes en psychologie, Beáta Bőthe, postdoctorante en psychologie, Sophie Bergeron, professeure de psychologie, à l'Université de Montréal, et Jacinthe Dion, professeure de psychologie à l’Université du Québec à Chicoutimi.

Étudier la sexualité des jeunes de troisième secondaire

Dans le cadre d’une vaste enquête canadienne sur la santé sexuelle des adolescents, réalisée entre novembre 2018 et février 2020, des données ont été collectées auprès de jeunes de troisième secondaire.

«C’est la force de notre étude: il s’agit d’une population homogène. Il n’y a pas de jeunes adultes entremêlés avec des adolescents. On ne peut pas comparer la sexualité d’une personne de 14 ans avec celle d’une personne de 21 ans, qui ne sont pas du tout au même niveau de développement de la sexualité. Nos travaux ont porté sur des élèves de la troisième année du secondaire, qui avaient 14,5 ans d’âge moyen», explique Sophie Bergeron.

Les jeunes ont ensuite été répartis en différents groupes en fonction de leur genre et de leur orientation sexuelle: garçons hétérosexuels cisgenres, filles hétérosexuelles cisgenres, garçons s'identifiant à une minorité sexuelle ou de genre, filles de genre et d’orientation sexuellement diversifiés et adolescents et adolescentes non binaires.

Les filles hétérosexuelles cisgenres et les garçons de la diversité sexuelle et de genre sextent le plus

L'étude démontre que, lorsque les filles hétérosexuelles cisgenres et les garçons s'identifiant à une minorité sexuelle ou de genre ont des niveaux plus faibles d'appréciation corporelle, ils ont tendance à sexter davantage. Plus préoccupés par leur apparence, ils pourraient utiliser les sextos pour valider leur image corporelle.

«Dans la littérature, nous remarquons que les filles issues de la diversité sexuelle sextent plus et auraient une image corporelle moins positive que les garçons hétérosexuels. Nous avons été étonnées que ces résultats ne se reflètent pas dans notre étude. Peut-être est-ce dû à notre échantillon qui est différent et qui ne prend en considération que les jeunes de 14-15 ans», note Marie-Michèle Paquette.

Plus d’un adolescent sur quatre a envoyé un sexto au cours de la dernière année

Le sextage chez les adolescents et adolescentes est monnaie courante. Selon l’étude, 27 % d’entre eux avaient envoyé un sexto dans l’année précédant leur participation à l’enquête. À noter que seulement 18 % vont envoyer des photos et des vidéos. Si les sextos font généralement référence à l'échange électronique d'images ou de vidéos de leur auteur, il peut également s’agir de messages textes sexuellement explicites.

«Ce sont les courts textes qui sont beaucoup plus présents que les images ou les vidéos chez les jeunes. Ces paroles ont une importance pour eux et vont permettre de les valider dans l’appréciation de leur image corporelle», affirme Marie-Michèle Paquette.

Quand les sextos sont positifs

De nombreuses études précédentes se sont penchées sur les risques des sextos. «S’il ne faut pas minimiser ces risques, il convient de souligner les aspects également positifs des sextos. Les sextos sont une façon pour les adolescents d’explorer leur sexualité, surtout dans le cadre de fréquentations ou de relations amoureuses. Les sextos peuvent être une manière de rester en contact et de vivre sa sexualité, notamment pendant la pandémie», conclut Sophie Bergeron.

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